A la télé, El Otmani est venu, il a parlé, il n’a rien dit

Un déconfinement sarcastique

Najib Amrani

A peine terminée, l’intervention du chef de gouvernement sur les 3 chaînes du pôle public, très attendue par le peuple confiné, a soulevé un tollé sur la toile. Certains en sont sortis déroutés, d’autres sur leur faim. Ce jeudi 7 mai, Saad Eddine El Otmani est venu à la télé, il a parlé, mais il n’a rien dit. Voilà, ce qui est du constat.

Mais, loin de nous cette tentation de surfer sur la vague des ratages de El Otmani, et ils sont nombreux, pour s’adonner au jeu malsain des donneurs de leçons. D’abord, par respect à l’institution constitutionnelle qu’il représente et surtout eu égard aux circonstances nationales et internationales difficiles. Cependant, et en toute bonne foi, on souhaite lui murmurer amicalement ces quelques remarques :

Monsieur le chef de gouvernement,  il faut vous avouer que votre  interview télévisée n’a presque pas eu lieu. Pour un responsable politique, et peut-être un homme d’Etat avec la lourde responsabilité de chef de gouvernement, chaque prise de parole en publique compte. Elle doit par conséquent être hautement réfléchie et soigneusement préparée. Il ne faut surtout pas communiquer quand on n’a rein à dire.

Mobiliser tous les médias du  pôle public en crise, gribouiller des questions bien connues et convenues, enfoncer la psychose et l’attentisme du peuple pour venir et ne rien dire est le comble du sarcasme.

L’art de la communication a toujours été un des socles de l’acte politique. Avec l’évolution des moyens de communication, il s’en est mû en sciences. Tous les responsables politiques dans le monde sont entourés d’experts spécialisés et prennent en considération leurs conseils.

Si aujourd’hui, personne ne peut nier l’énorme travail et les grands sacrifices consentis par les pouvoirs publics, les mésaventures «communicationnelles» du gouvernement et de son chef risquent de tout annihiler.

De même, personne ne demande au gouvernement de présenter un plan de levée de la quarantaine. Aucun gouvernement au monde n’en a aujourd’hui. Ceci, n’empêche pas les responsables de consulter, d’échanger, de débattre avec les experts, les conseillers, les collaborateurs et même avec d’autres politiques aux niveaux central et local pour trouver une solution et préparer le terrain pour un déconfinement correct. Notre chef de gouvernement aurait pu attendre encore un peu, le temps d’y voir un peu plus clair.

Une telle bavure n’enfonce pas seulement le chef du gouvernement. Ce dernier est aussi chef d’un parti et certains guettent ce genre d’erreur pour décréditer les  partis politiques et les politiciens et saper tous les efforts de la construction démocratique au Maroc. De telles bavures sont leurs armes et munitions.

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