Prenant la parole, le président de la Fondation Ali Yata Abdelouahed Souhail, également membre du BP du PPS, a évoqué d’autres facettes de la vie de feu Ali YATA.
Pour lui, dans le cadre de sa responsabilité en tant que Secrétaire Général, feu Ali Yata symbolisait une direction collective du PPS et une expérience inédite dont il était le maitre artisan.
L’orateur a commencé par tracer le parcours militant du défunt «natif de Tanger en 1920 d’une mère marocaine et d’un père Said venu d’Algérie, un homme de connaissances et de savoir».
En 1933, son père qui était un employé de la Régie de Tabacs a déménagé de Tanger à Casablanca. Ce qui a contraint toute la famille à venir s’installer à dans la principale ville marocaine, la ville qui a du le marquer et façonner sa personnalité.
Il avait aussi la chance de suivre un enseignement dans un établissement français (lycée Lyautey), parallèlement à sa formation religieuse et patriotique, solidement inculquée par feu Bouchta Jamaï.
Sa famille résidait à Derb Soltane à Casablanca au quartier des Habous.
De par sa formation, il a très tôt pris conscience de son identité nationale et de la nécessité d’agir pour l’indépendance du pays.
La conjoncture internationale était marquée par le fait que le monde sortait de la deuxième guerre mondiale.
Mais bien avant son adhésion au PCM au début des années 40, le défunt avait milité au sein du mouvement nationaliste sous le parrainage de feu Bouchta Jamai.
Par la suite, il était devenu enseignant dans une école au quartier Maarif à Casablanca, où il avait pris contact avec certains communistes européens, qui lui ont sans doute montré la voie pour adhérer au Parti Communiste au Maroc.
SI ALI, UN HOMME INTEGRATEUR
Depuis lors, il n’a cessé d’enrichir son expérience politique, par une action et une activité collectives. C’était un homme intégrateur, qui encourage et partage l’information et les idées.
Pour Souhail, feu Ali yata intervenait toujours dans le cadre de sa responsabilité en tant que Secrétaire Général, et symbolisait une direction collective du PPS et une expérience inédite dont il était le maitre artisan.
Il était presque toujours le dernier à prendre la parole pour dégager du débat l’opinion collective qui fait l’unanimité ou presque.
LE COMBAT INCESSANT POUR L’INDEPENDANCE
Pour Si Ali, le combat pour l’indépendance du pays était décisif. Il s’y était pleinement investi en y consacrant tout son temps et en présentant tous les genres de sacrifice.
Mais ce qui est paradoxal, c’est qu’en contrepartie de tous les sacrifices qu’il avait consentis pour l’indépendance du pays, le gouvernement lui avait interdit d’entrer, sous prétexte qu’il n’avait pas la nationalité marocaine.
LA RECONNAISSANCE ROYALE
Et il a fallu attendre la reconnaissance par le Sultan, feu SM Mohammed V, que Ali Yata est un Marocain de naissance qui n’a cessé de faire de sacrifices pour l’indépendance du pays, pour qu’il puisse regagner la mère patrie.
Sa lutte pour l’indépendance avait aussi un aspect internationaliste.
L’INTERNATIONALISTE
Son parti appelait à l’émancipation de tous les peuples colonisés et opprimés et à leur indépendance. Ce parti avait même pris part à la guerre de libération en Indochine contre le colonisateur français notamment au Vietnam. Son appui à la lutte de libération en Algérie et en Palestine est connu de tous.
Le défunt, en tant qu’internationaliste, avait réussi à maintenir de bonnes relations avec tous les partis communistes de par le monde, tout en rejetant le suivisme et la dépendance d’un courant ou d’un autre (le parti communiste soviétique, chinois ou yougoslave, etc.). En témoigne la position prise, en 1969, à Moscou sur la question palestinienne et la fameuse résolution onusienne 242, rejetée par les seuls partis communistes marocain et soudanais…
La lutte démocratique
Dans son rapport de 1946, le Comité central du PCM appelait à la démocratisation du pays et à la mise sur pied d’institutions démocratiquement élues à définir dans une Constitution à adopter.
Le rapport faisait ressortir le lien étroit entre la libération du pays et sa démocratisation, à travers l’adoption d’une Constitution de consensus comme celle de 2011.
Pour le parti, la démocratie c’est d’abord des institutions mais également et surtout les libertés démocratiques et la reconnaissance des droits civiques et politiques (droits d’association, de création de partis politiques, de syndicats, de manifestations, d’expressions, d’opinions, ). En un mot les droits fondamentaux, tels qu’ils sont reconnus dans les grandes démocraties.
LA DEMOCRATIE, TRIBUTAIRE DE LA LUTTE DES MASSES
Selon le parti, la démocratie est liée à la lutte des masses pour l’élargissement des libertés et des marges de participation. Et en dépit de tous les obstacles et des années de plomb, feu Ali Yata n’a jamais cru à l’efficacité des actions aventuristes et extrémistes, qu’il a toujours rejetées et combattues (recours aux armes ou création d’un foyer révolutionnaire).
Il avait aussi le mérite d’avoir contribué en compagnie d’autres militants du parti aux préparatifs du congrès national du parti de 1966, alors que le parti militait dans la clandestinité.
LE DEBAT AUTOUR DE L’APPORT PROGRESSISTE ARABO-MUSULMAN
C’est à cette époque que le parti a entamé le débat sur la valorisation de l’apport progressiste arabo-musulman pour pouvoir ouvrir la voie à la création d’un parti de masses, qui poursuit aujourd’hui sa mission, en tant que parti mieux écouté et profondément ancré dans le paysage politique marocain.
La formation de feu Ali Yata en tant qu’homme de vaste culture et à l’esprit très ouvert lui a permis d’encadre ce débat.
LES ENSEIGNEMENTS: LE MAROC DONT IL FAUT ETRE FIER
Les leçons et les enseignements à tirer de l’expérience de feu Ali YATA portent d’abord sur la défense de la patrie, non seulement en tant que pays à l’intérieur de ses frontières terrestres, mais également et surtout en tant qu’entité mouvante qui œuvre pour son développement et qui aspire à la liberté et à la dignité. C’est un pays pour tous : peuple, forces marginalisées, travailleurs, paysans pauvres, intellectuels engagés et illuminés, artistes et créateurs. C’est un pays inclusif, qui ne laisse personne à la marge.
C’est cette pensée profondément socialiste que feu Ali Yata a léguée, celle d’un pays dont il faut être fier, un pays d’inclusion, de justice sociale, de liberté, de démocratie et un pays qui respecte la voix sacrée du peuple et de ses expressions à travers le scrutin et la revendication des couches populaires, a-t-il dit.
C’est un pays qui accueille toutes les expressions artistiques et culturelles dont l’Amazighité, qui a vu ses revendications se réaliser à travers les prises précoces du PPS en sa faveur comme on le constate dans la Constitution de 2011, a-t-il ajouté.
M’Barek Tafsi