Achraf Ghani et Abdullah Abdullah se partagent le pouvoir…

Nabil El Bousaadi

Malgré la signature le 29 février dernier d’un accord «historique» entre Washington et les Talibans prévoyant le départ de toutes les troupes étrangères d’Afghanistan au plus tard au milieu de l’année 2021, la tenue des élections présidentielles en Septembre dernier et la pandémie du nouveau coronavirus, le pays n’a pas connu la paix escomptée et la situation sur le terrain est toujours aussi explosive. Aussi, l’odieuse attaque perpétrée la semaine dernière contre la maternité de Kaboul qui s’était soldée par la mort de 24 personnes avait poussé le président Ashraf Ghani à ordonner la reprise des opérations offensives contre les Talibans.

Or, ces derniers ont nié toute responsabilité dans ce massacre et Washington a incriminé le groupe jihadiste Etat islamique.

Mais alors que tous les observateurs espéraient que les résultats de l’élection présidentielle, qui n’ont été annoncés qu’en Février après l’examen des 16.500 plaintes déposées pour irrégularités, allaient mettre un terme aux querelles intestines, ce ne fut pas le cas puisque ceux-ci furent rejetés par l’ancien chef de l’exécutif Abdullah Abdullah.

Soucieuse donc de résoudre cette crise afin de pouvoir démarrer, dans les meilleurs délais possibles, les négociations entre Kaboul et les insurgés Talibans, Washington a menacé de réduire d’un milliard de dollars l’aide qu’elle octroie à l’Afghanistan ; une menace qui, si elle venait à être mise à exécution, fragiliserait davantage le pays en l’enfonçant dans la pauvreté alors que son PIB est d’à peine 20 milliards de dollars.

Face à une telle menace, le président sortant et son ancien chef de l’exécutif n’avaient aucune autre alternative que celle de s’asseoir autour d’une table et de signer un accord de partage du pouvoir.

En plaçant, ainsi, Abdullah Abdullah à la tête du conseil de paix inter-afghan, l’accord conclu ce dimanche entre les deux hommes va permettre à l’ancien chef de l’exécutif afghan de conduire des pourparlers avec les Talibans visant le retrait des forces étrangères d’Afghanistan et la sortie du pays de l’état de guerre et de la crise dans lesquels il se débat depuis bientôt vingt ans.

Ainsi, «le docteur Abdullah conduira la commission de réconciliation nationale et des membres de son équipe seront inclus dans le cabinet» a annoncé, sur Twitter, Sediq Sediqqi, le porte-parole du président Ashraf Ghani. Voulant donner plus de précisions et rappeler que l’objectif de cet accord est d’atteindre la paix, Fraidoon Khawzoon, le porte-parole du président de la république annoncera, de son côté, qu’il est prévu que Abdullah Abdullah obtienne la moitié du cabinet et des postes de gouverneurs provinciaux.

Rappelant avec une grande fierté, que cet accord a été signé sans qu’il soit fait appel à une quelconque médiation internationale, le président Ashraf Ghani, a déclaré à l’issue de la cérémonie de signature qu’il espère qu’avec «l’unité et la coopération» il sera possible d’obtenir un cessez-le feu avec les Talibans puis d’aboutir à «une paix durable». Il a tenu à préciser, par ailleurs, que cet accord dont la signature est intervenue «à un moment difficile» prévoit la formation «d’une administration plus inclusive, plus fiable et plus compétente».

L’Afghanistan aurait-il enfin emprunté le chemin de la paix après près de deux décennies de guerre ? Rien, pour l’heure, ne permettant d’en douter et tous les espoirs étant permis,  attendons pour voir…

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