Afghanistan : Retrait des troupes US et retour à la case départ

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Le 31 Août prochain et après une « occupation militaire » qui aura duré 20 ans, il n’y aura plus aucun soldat américain en Afghanistan.

Cette occupation du pays par les troupes US était venue en riposte aux attentats qui, le 11 septembre 2001, avaient visé les tours jumelles du World Trade Center à New York à l’initiative d’Al Qaïda elle-même soutenue par les Talibans, alors au pouvoir à Kaboul.

Aussi, l’entrée des troupes américaines en Afghanistan avait-elle pour objectif de renverser le gouvernement des Talibans, de déraciner « Al Qaïda » et, enfin, de mettre en place, dans un pays ravagé par la guerre, des institutions et une structure démocratique « à large assise ». Vœu pieu car depuis lors, le pays n’a rien connu d’autre que les affres de la guerre et les chiffres parlent d’eux-mêmes…

Si, donc d’après des groupes de défense des droits humains, locaux et internationaux, près de 47.600 civils afghans auraient été tués et plus du double auraient été blessés, le Pentagone a évoqué, de son côté, la mort de 2442 soldats américains et celle de 1.144 soldats de l’OTAN et signalé que 20.666 auraient été blessés.

Mais, si, pour mettre un terme à cette hécatombe, l’administration Trump et les insurgés talibans avaient signé, en Février 2020, à Doha, au Qatar, un « accord pour ramener la paix en Afghanistan », force est de reconnaître, aujourd’hui, que ce texte est loin d’être un « accord de paix » mais, tout au plus, un engagement souscrit au titre du retrait des forces étrangères ; à savoir, les troupes américaines et les soldats de l’OTAN.

Aussi, en accusant Washington d’avoir violé cet accord qui stipule expressément que les troupes « d’occupation » devaient quitter l’Afghanistan au mois d’Avril, les Talibans ont entrepris une très rapide progression en s’emparant des postes-frontières stratégiques et en multipliant leurs offensives dans tout le pays depuis qu’a débuté, en mai, dernier le retrait final des forces étrangères d’Afghanistan.

Les insurgés Talibans ont alors pris le contrôle de dizaines de districts ruraux pendant que les forces de sécurité afghanes consolidaient leur présence dans les grandes villes ; une situation qui accroit l’inquiétude de voir le pays redevenir un sanctuaire du jihadisme international.

Conscients des risques liés à leur départ d’Afghanistan, les Etats-Unis avaient, désespérément, tenté de relancer les négociations inter-afghanes mais rien n’y fit et, en profitant de la « démoralisation » des forces gouvernementales, les Talibans ont fini par s’emparer de larges pans du territoire.

Or même si en parvenant à conserver le contrôle de la base aérienne de Bagram, située à une cinquantaine de kilomètres de Kaboul et qui, au fil des années, avait fini par ressembler à une petite ville occidentale avec ses piscines, ses cinémas, ses spas et même une promenade où sont ouvertes des chaînes de restauration comme « Burger King » et « Pizza Hut », l’armée régulière afghane pourra préserver la sécurité aux abords de la capitale et maintenir la pression sur les talibans, la population craint fort une dégradation de la situation sécuritaire.

S’il n’est pas dit qu’avec le retrait des forces américaines et des soldats de l’OTAN, l’Afghanistan va pouvoir retrouver la paix, rien n’indique, en revanche, que le pays ne va pas redevenir un sanctuaire du jihadisme international ; alors, attendons pour voir…

Étiquettes ,

Related posts

Top