Après moi, le déluge!

Notre pays traverse l’une des phases cruciales de son histoire, ces temps-ci. Mis à l’écart pour des fins d’hégémonie, les acteurs de médiation ont été dépecés, à petits feux, sans en mesurer les vilaines conséquences.

Le Pouvoir despotique dont le gourdin répressif croit convenir aux rébellions des masses, s’est alors fourré le doigt dans l’œil et finit par tergiverser face à des épreuves fort compromettantes. Après moi, le déluge, se plaisait-il à clamer sur les selles de ses montures hennissantes. Mais, finalement, se met sur les sellettes de ses bavures cinglantes. Le déluge qu’on croyait emporter les autres est en passe de tout charrier dans son cours !

Instaurer le vide politique dans l’enceinte de la vie active, animée par les grandes foules, juste pour les beaux yeux de ses «proches», était une erreur fatale dont on paie aujourd’hui les pots cassés. On se refusait obstinément de combler ce vide par le respect du sort des urnes, le renforcement de la démocratie et de la justice sociale, la préservation de la dignité, le rétrécissement des disparités, l’engagement des croissances… Pendant longtemps, on faisait la sourde oreille, dans nombre de régions du royaume, notamment à Al Hoceima, jusqu’au moment où le déluge ne pouvait même plus épargner «après moi !». Tout le monde, maintenant est dans le même pétrin, sans exception !

«Après moi, le déluge !», qu’on pouvait chantonner sur les créneaux des remparts, ne sert plus à rien, car l’arche de Noé prend l’eau de toutes parts. La stabilité de la Nation est en jeu et nul ne saurait détenir, à lui seul, les clés de la délivrance. L’édifice pluriel du Maroc d’aujourd’hui n’a jamais été l’apanage d’une seule composante, encore moins de la horde du monopole et de la démolition. La synergie de toutes les constituantes nationales, en particulier les sincères et les sérieuses d’entre elles, a constitué, de tout temps, le secret de l’exception marocaine.

C’est à ce prix et rien qu’à ce prix qu’on pourrait surmonter l’exercice cruel que le pays traverse actuellement, en ménageant les partis de toute tentative d’aliénation et d’oppression, en vivifiant les institutions diverses de la société, en insufflant du sang nouveau dans le processus des réformes, sur le principe de l’égalité des chances sociales et territoriales, en retrouvant l’esprit de confiance et de l’espoir parmi toutes franges sociétales…En attendant de mettre toutes ces pendules à l’heure, il importe, dans l’immédiat, de favoriser l’apaisement en ce moment de tension, d’éviter tout dérapage menant à la dérive, de couper court aux casseurs «commandités» de tout acabit pour ébranler la sécurité nationale au profit des ennemis de l’intégrité territoriale et freiner la cadence démocratique et développementale dans laquelle se déploie notre pays, depuis plus deux décennies, sans relâche…

Top