«Art United» à Agadir : Un bel élan de solidarité artistique

Ils sont six artistes-plasticiens à donner l’exemple d’une symbiose hors pair. De styles divers et de visions plurielles, mais que de synergie et de cohésion, chez ce parterre de férus des arts plastiques dont le renom dépasse toutes les frontières! Le nouveau concept «Art United» qui anime cette flopée d’artistes de nombre d’horizons culturels et géographiques, fait sensation, de par son originalité, son expression et surtout son principe. Il s’appuie sur des vocables clés : solidarité, cohérence et ambition. Pour illustrer cette conception aussi bien artistique qu’idéelle, les six créateurs ont décidé de tenir une exposition collective dont le vernissage s’est entamé le 15 juin dernier jusqu’au 12 juillet prochain, à l’espace du Sofitel, en présence d’une pléiade d’intellectuels et d’artistes de la ville.

Un peu moins d’une centaine de toiles agrémentait les lieux, sous les regards admiratifs des visiteurs. Sans nullement avoir besoin de commentaires des auteurs de ces chefs-d’œuvre, on se suffisait de leur talent qui facilitait l’assimilation, car la splendeur des ébauches ne laissait aucunement le temps de savoir et comprendre. La diversité du traitement et la force de l’interprétation faisaient jaillir, non seulement la sonorité des couleurs et des mouvements, mais également le bien-être de l’âme et des sens. Deux axes fondateurs, traditionnellement, convenus, marquent cette sublimité ardente qui ravit et ravive la perception : l’abstrait et le figuratif. Cependant, dans le même volet, osé par tel ou tel artiste, la conception diffère et prospère pour enfanter l’harmonie dans la disparité, de tel point qu’on a l’impression qu’il y a eu, au préalable, convenance des travaux suggérés. C’est ce qu’on peut appeler, complicité et complémentarité. Normal, puisqu’on s’appelle «Art United», on ne peut qu’être ainsi, c’est à dire, l’union de l’objet et de l’objectif.

Dans cet étalage saisissant, on appréciera ces coups de traits suaves et raffinés de l’éminent artiste qu’on ne présente plus, Mustapha Belkadi. Toujours fidèle à l’art des portraits, Belka excelle depuis longtemps d’ailleurs, dans cette recherche portraitiste dont le moindre détail est minutieusement valorisé pour dégager, enfin, la sobriété de la souche humaine, dans son univers le plus mondain. L’artiste, originaire du Nord du pays, garde constamment ce patrimoine d’origine et en fait une connotation universelle.

Dans le même sillage, mais foncièrement singulier, l’illustre artiste-plasticien Abderrazak Benyakhlef, assemble à la perfection, les deux formes d’expression pour en ressortir un maillage de figures émergentes, au cœur d’une osmose d’imaginations ingénieuses. Le médecin de profession imprime à ses trouvailles artistiques une nuée d’interpellations sur l’Homme et la nature, tout en assurant une plénitude exquise, face au tableau, tout feu, toute flamme.

Potentiellement épris de l’abstrait dans ses larges métaphores, L’artiste talentueux Abdelaziz Loughraz, à cette limpidité laborieuse de faire scintiller les couleurs vermeilles à merveille, sans pour autant perdre de son intensité ni de sa profondeur. Ce n’est pas du tout facile de sombrer dans l’abstraction de l’image et du sens, sans se perdre dans les méandres de l’absurde. Ce jeune enseignant de l’éducation plastique s’en sort parfaitement, d’autant plus qu’il s’y attache et en crée des génies. Ne dit-on pas, en fait, que nombre de plasticiens se cachent derrière l’abstrait ? Bien au contraire, Loughraz y va le visage découvert pour affronter ces écueils!

Dans un concept bien particulier, L’artiste chercheur Jimmi El Imam, se lance, quant à lui, dans les arts rupestres. Cela fait plus de dix ans qu’il s’y attelle avec cœur et métier. Au fil du temps, il en devient un réel instigateur, avec ce désir farouche de garantir la protection de ce patrimoine ancestral. D’origine sahraouie, Jimmi embellit cette exposition par ses tableaux où la recherche est reine dans la matière, le matériau et surtout le mariage de cette mission militante de la préservation du patrimoine et le souci esthétique de la toile.

Par ailleurs, L’artiste académicienne Samira Ait Lamaalem suggère des esquisses géantes qui, d’emblée, accrochent le récepteur, de par la finesse du mouvement et l’éclat de la couleur, avec une profonde invitation à la méditation et à la rêverie. Cette galaxie de frémissements ondulatoires et de fluctuations qui s’adressent aussi bien à la raison que le cœur, donne à cette proposition une particularité notoire et renforce également cette notoriété de l’art pur.

Enfin, on termine sur une note rafraîchissante d’un artiste en herbe qui, par son talent ardemment mis à l’épreuve, s’en va se frayer une place de choix aux côtés des ténors de l’art plastique régional et national. Abdelaziz Ousalah, puisque c’est de lui qu’il s’agit, constitue bel et bien un sérieux outsider de cette nouvelle vague qui émerge. Et c’est une bonne chose qu’il réintègre le groupe de «Art United» au sein duquel il apprendra les valeurs et les idéaux nobles de l’entraide et de l’entente.

Saoudi El Amalki

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