Assilah à l’heure du «déconfinement artistique»

ES : Anouar Afajdar (MAP)

Ville qui respire l’art à l’état pur, Assilah semble bien renouer avec une «vieille recette» pour peindre son confinement des plus belles couleurs et absorber les répercussions du Covid-19 sur les Zaïlachis et les quelques estivants venus d’ailleurs: les fresques murales !

Ainsi, la Fondation du Forum d’Assilah a décidé d’organiser une série d’activités destinées à réanimer auprès de la communauté un esprit de liesse et d’espoir et les artistes de la ville ont bien voulu contribuer à une action thérapeutique par le biais des arts.

Des petits garçons et filles au sourire angélique, leur encadrante accompagnant leurs premiers pas vers un voyage artistique de mille lieues, et des artistes, les mains tachées de peinture tenant des pinceaux, l’esprit plongeant au milieu des couleurs.

Ils ont grandi et passé leur enfance au milieu de ces ruelles. Ils ont ouvert les yeux sur leurs ancêtres peindre ces gigantesques fresques et ont perpétué la tradition.

Chacun a son style et sa philosophie, mais tous pour «renouveler la peau de leur ville» et insuffler de l’espoir et de la joie en ces moments difficiles!

A cette occasion, le secrétaire général de la Fondation du Forum d’Assilah, Mohamed Benaïssa, a indiqué dans une déclaration à la MAP qu’après le report de la 42è édition du Moussem Culturel International de la ville à cause de la pandémie du nouveau coronavirus, «nous avons pensé à organiser un salon pour sortir de ce climat de tristesse, dans une cité qui a l’habitude de briller de mille feux, surtout pendant l’été».

Ainsi, a-t-il, les artistes zaïlachis ont convenu à garder les fresques murales, cette partie du Moussem, ne rassemblant pas forcément le grand public et qui a marqué la genèse de toutes les manifestations cultuelles dans la ville, depuis 1978.  «Cependant, ceci ne nous a pas empêché d’accueillir des visiteurs, pas si nombreux que d’habitude, mais contemplateurs, notamment de Tanger, de Tétouan, de Larache, ce qui a créé une certaine dynamique commerciale», a-t-il souligné.

M. Benaïssa a, en outre, affirmé que cette activité s’assigne pour objectif de donner une bouffée d’air et d’espoir à la population zaïlachie, après une certaine «dépression», en offrant aux gens l’opportunité de passer devant de belles fresques murales peintes avec des couleurs vives.

De son côté, la scénographe et peintre Badria El Hassani a affirmé que cette activité constitue pour elle l’occasion de faire un retour vers sa ville natale, tout en se réjouissant de l’initiative de la Fondation du Forum de la ville d’avoir organisé «la version locale» du Moussem Culturel International d’Assilah.

«Pour ce qui est de ma thématique, j’ai choisi d’être optimiste à travers le choix de couleurs gaies», a-t-elle expliqué, ajoutant que bien que l’on dise, le confinement a permis à la nature de respirer et aux gens de (re) valoriser la simplicité inspirante des paysages… un papillon, la verdure, des arbres.  Anas Bouanani, artiste peintre, a, quant à lui, opté pour une fresque sous forme de lettre, qu’il a baptisée «Message à mon Pays». Le mot Pays est utilisé ici dans l’acception la plus large du terme, a précisé M. Bouanani, également professeur d’arts plastiques, notant qu’il peut renvoyer aussi bien à «notre pays qu’est le Maroc» comme il peut référer à «Assilah», ou plus généralement au «monde».

«Il s’agit aussi d’un message de reconnaissance envers notre pays le Maroc pour le soutien qu’il n’a cessé de nous apporter, en l’occurrence en ces moments difficiles de la Covid-19», a-t-il poursuivi.

Pour l’artiste-peintre et professeur d’arts plastiques, Mouad Yebari, il s’agit d’une expérience «un peu différente», notamment avec l’introduction d’un nouvel accessoire qu’est le masque.  «J’ai choisi de reproduire à ma manière La Joconde du peintre italien Léonard de Vinci, tout en lui mettant une bavette», a-t-il expliqué, notant que ceci reflète à bien des égards l’état actuel que vit le monde et à quel point l’Italie a été touchée par cette pandémie. Le programme de cette initiative comprend l’atelier de la peinture murale, animé par 14 artistes à travers les ruelles de la ville, une exposition de leurs œuvres à la Galerie du Centre Hassan II des Rencontres Internationales et une exposition des Jeunes Peintres d’Assilah au Palais de la Culture.

A l’affiche aussi un atelier de la Peinture murale par les Enfants d’Assilah, une exposition des travaux de «l’Atelier des Enfants du 41ème Moussem, 2019», l’installation d’une grande sculpture métallique réalisée par l’artiste marocaine Ikram Kabbaj au rond-point du Boulevard Mohammed VI, ainsi que l’accompagnement des membres de l’Atelier d’Écriture qui vont réaliser le portrait des artistes participants à cette manifestation.

L’inauguration officielle de ces œuvres artistiques, y compris l’installation de la sculpture de l’artiste marocaine Ikram Kabbaj, aura lieu le 21 juillet. A rappeler qu’en raison de la Covid-19, la Fondation du Forum d’Assilah avait décidé de reporter le 42è Moussem Culturel International d’Assilah à l’été 2021.

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