Le 22 septembre dernier et dans le cadre des célébrations de la Journée nationale des Forces armées iraniennes commémorant le déclenchement, par Baghdad, de la guerre Iran-Irak (1980-1988), la République Islamique d’Iran avait organisé des défilés militaires à travers tout le pays.
Or, le convoi militaire déployé pour la circonstance dans la ville d’Ahvaz, la capitale de la province du Khouzestan, peuplée majoritairement d’arabes, avait été attaqué par quatre assaillants. Aussitôt revendiqué par l’organisation Etat islamique, cet attentat avait fait vingt-quatre morts – autant civiles que militaires – et plus d’une cinquantaine de blessés dont certains dans un état très grave.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, avait immédiatement imputé cet attentat à «des terroristes recrutés, entrainés et payés par un régime étranger» alors que le Guide Suprême iranien l’Ayatollah Ali Khamenei avait accusé les assaillants d’avoir été «financés par les Saoudiens et les Emirats Arabes Unis; ce que Ryadh et Abou Dhabi ont formellement démenti.
Le quotidien « Javan » proche des Gardiens de la Révolution – l’armée idéologique de la République islamique – avait déclaré, pour sa part, que les assaillants étaient liés à un groupe séparatiste arabe soutenu par Riyad, leur avait promis une «vengeance inoubliable» avant de rapporter les propos du chef de l’Etat, Hassan Rohani qui, informé de l’attaque durant son discours, s’était écrié : «Aujourd’hui nous apprécions encore plus nos missiles» et «nous apporterons une réponse terrible».
La réponse dont il avait parlé ce jour-là ne s’est pas fait attendre trop longtemps puisqu’elle est arrivé dans la nuit de ce dimanche à lundi lorsque, dans le cadre de l’opération «Frappes de Moharram», «la branche aérospatiale des Gardiens de la révolution» a tiré, à partir de la province de Kermanshah, frontalière avec l’Irak, «six missiles balistiques de moyenne portée» en direction des positions jihadistes à Boukamal au sud-ouest de la Syrie. Sans préciser d’où exactement les fusées avaient été lancées, les Gardiens de la Révolution ont écrit sur leur site internet que «le quartier général des responsables du crime terroriste d’Ahvaz a été attaqué par plusieurs missiles balistiques».
Accusant les Etats Unis, Israël et les «régimes réactionnaires» du Moyen-Orient de soutenir les «terroristes» responsables de l’attaque d’Ahvaz, le communiqué qui annonce que «selon les premières informations, de nombreux terroristes takfiri et les chefs responsables du crime terroriste d’Ahvaz ont été tués ou blessés» précise qu’il ne s’agit-là que d’un «petit coup» avant « le châtiment véritable» car l’Iran se tient prêt à «répondre de manière décisive» à l’aventurisme des «ennemis de la République islamique». Et le communiqué d’ajouter que la frappe de missiles a été suivie du bombardement des installations des «terroristes» par «sept drones militaires»; ce qui a été confirmé par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) qui a signalé que «de fortes explosions ont eu lieu à l’aube dans la dernière poche sous le contrôle de l’EI près de la ville de Boukamal».
Lors d’une conférence de presse donnée en marge de cette riposte, Bahram Ghassemi, le porte-parole du Ministère iranien des Affaires étrangères n’a pas répondu à la question de savoir si le raid sur Boukamal avait fait l’objet d’une coordination avec Moscou et Damas. Alors, de quoi donc demain sera-t-il fait dans cet imbroglio qui perdure depuis près de huit ans et qui a fait plus de 350.000 morts et des millions de déplacés ? Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi