«Notre réponse à toute négociation tant qu’il y aura des sanctions est négative» a déclaré ce mercredi le président iranien Hassan Rohani à la tribune de l’Assemblée générale des Nations-Unies rejetant ainsi, et malgré d’intenses tractations diplomatiques, toute rencontre avec Donald Trump avant la levée des sanctions.
Faisant porter la responsabilité de ce blocage à son homologue américain qui, après s’être unilatéralement retiré de la Convention signée à Vienne en Juillet 2015 au titre de «l’encadrement» des programmes balistique et nucléaire de Téhéran, a délibérément réintroduit de lourdes sanctions contre la république islamique, Hassan Rohani a rappelé que «pour que des pourparlers puissent être engagés, il faut respecter les accords».
Or, pour la partie américaine, ces sanctions doivent être maintenues et voire même durcies tant que persistera «l’attitude menaçante de l’Iran».
C’est à ce titre, d’ailleurs, que le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo a immédiatement annoncé l’imposition de nouvelles restrictions contre des sociétés chinoises accusées d’avoir violé l’embargo américain en transportant «sciemment du pétrole depuis l’Iran».
C’est dire que la médiation entre Washington et Téhéran menée, sans relâche, par le président français depuis qu’au sommet du G7 à Biarritz, en Août dernier, il avait lancée l’idée d’une rencontre entre les chefs d’Etat des deux pays, est demeurée sans suite et que les attaques du 14 septembre dernier contre des installations pétrolières saoudienne – imputées à Téhéran par Paris, Londres, Berlin et Washington entre autres – n’ont pas contribué à désamorcer la crise américano-iranienne.
Aussi, dans son intervention devant l’Assemblée générale des Nations-Unies, le président français Emmanuel Macron, qui a déployé de grands efforts pour amener les présidents américain et iranien à la table des négociations, a tenu à mettre en garde contre «le déclin du courage» si tant est que le courage peut aussi être assimilé à «une prise de risque, celui de ne pas défendre les intérêts qui ont conduit aux tensions».
Soulignant, par ailleurs, qu’en ne débouchant pas nécessairement «sur une solution diplomatique (…) la stratégie de la pression ne peut conduire qu’à un accroissement des tensions», le président français a tenu à rappeler que le Moyen-Orient et le Golfe, qui risquent aujourd’hui un «embrasement sur la base d’une erreur de calcul ou d’une réponse non proportionnée», ont besoin de « dialogue», de «compromis» et d’une «reconstruction de la confiance».
Autant de raisons qui poussent Emmanuel Macron à vouloir continuer à œuvrer «pour que les conditions de discussions (entre Washington et Téhéran) se créent, à la fois pour qu’il n’y ait aucune escalade» et pour aider à la construction d’une «solution utile et durable pour la sécurité dans la région».
Y parviendra-t-il ? Espérons-le, pour le bien de la région et du monde, sachant que le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a laissé entrevoir une petite lueur d’espoir en affirmant à la chaîne CNN que son pays ne fermera «pas la porte à des discussions» avec les Etats-Unis si ces derniers consentent à relâcher la pression des sanctions et attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi