Trous !

Telle la planète Terre qui souffre de son trou d’ozone; l’économie marocaine, et plus encore, la société marocaine souffre de l’emploi. Autant l’un que l’autre, Ils sont structurels.

Priorité majeure déclarée des gouvernements depuis fort longtemps, préoccupation sociale attitrée des majorités et des oppositions au cours du temps parlementaire national, la promotion de l’emploi reste déficitaire malgré les programmes qui lui sont assignés tels «Idmaj», «Auto-emploi», «Taehil», ou «Tahfiz». La nomenclature de ces programmes a certainement le mérite de rappeler les insuffisances de l’offre de l’emploi: insertion, entreprenariat, mise à niveau et motivation.

A défaut, la valorisation du capital humain intéressé par l’offre de l’emploi s’est confrontée à d’autres problématiques sociétales. Ainsi l’adéquation formation-emploi a été avancée pour lui faire assumer la responsabilité du non emploi. Le nombre des jeunes diplômés au chômage ne faisant qu’augmenter, l’éducation et la formation apparaissent alors comme «un facteur aggravant sinon proprement créateur de chômage». Le marché ne recrutant que celles et ceux dont il a besoin, le système éducatif dans son ensemble, et dans une moindre mesure, la formation professionnelle dispensée par un office qui lui est attribué, se trouvent défaillants dans le développement des ressources humaines.

Au fait, qu’il soit direct ou indirect, la génération de l’emploi est un défi permanent et malgré ses opportunités, quand elles existent, son marché reste tendu. Aux stigmates provoqués par la période de l’ajustement structurel s’est ajoutée la perte de l’emploi suite à une croissance basée essentiellement sur la demande intérieure.

Inégalitaire selon les territoires, selon le genre et selon l’âge, l’insertion dans le marché du travail ne signifie pas toujours une activité décente qui éloigne la précarité et la vulnérabilité. Quoiqu’il en soit, elle reste une angoisse pour les familles. L’intermédiation reste faible et sélective. La sollicitation est de mise et la rumeur est telle que les variations statistiques de l’emploi, comme celles du chômage, ne semblent pas susciter l’engouement. La stabilisation du chômage est devenue en elle-même une finalité alors que le «plein emploi» est mis aux oubliettes comme si l’activité économique ne peut, par les temps qui courent, produire plus et mieux et créer du travail. Cette dernière action ne semble pas constituer un objectif dans le développement des secteurs économiques et dans leur performance. Le constat est que «la conception des plans sectoriels n’intègre pas suffisamment la dimension emploi». Reste l’informel où tout se fait et se défait sans réglementation ni bonne gouvernance. Le code de travail est une pomme de discorde entre ceux qui profitent de la croissance et ceux qui la créent: manque de cohérence et frein à l’évolution du marché du travail ou incapacité à respecter le code tel qu’il est. Débat de sourds ou dialogue intermittent. Les négociations sociales ne se limitent pas à la compétitivité des uns et des autres mais débordent à juste titre sur les questions de la vie en général. C’est ainsi que le climat social est soit au beau fixe soit que sa dégradation est porteuse de perturbations autres que pluvieuses.

Il reste que le lien entre l’emploi et le trou d’ozone planétaire ne se limite pas à leur existence propre, ils interagissent entre eux. Le facteur climatique étant déterminant dans la valeur du taux de croissance, les chômeurs de notre pays marchent la tête vers le ciel, pour garder leur fierté souvent mise à mal et surtout pour suivre l’évolution des cirrus et des altocumulus. Dans ce cadre et sans risque d’être affirmé, les travaux de la COP 21 ont été suivis intensément jusqu’à leur aboutissement à l’accord de Paris. Les préparatifs pour la COP 22 sont déjà entamés à l’instar de la préparation d’une nouvelle stratégie nationale de l’emploi à l’horizon 2025. Il reste à assurer le succès de l’une et de l’autre afin de combler les trous en question, celui de l’ozone par «une action mondiale solidaire et forte en faveur de notre planète», et celui de l’emploi par une «stratégie de l’Emploi au Maroc (qui) ne devrait pas se focaliser uniquement sur la lutte contre le chômage, mais devra traiter un ensemble de défis liés au développement économique, social et culturel plus vastes et plus complexes».

par Mustapha Labraimi

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