Lutte contre la violence faite aux femmes
La lutte contre la violence faite aux femmes est tributaire d’une approche qui tient compte des dimensions socio-culturelles, parallèlement à la démarche juridique, a souligné, mardi à Rabat, la présidente du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH), Amina Bouayach.
« La lutte contre ce phénomène dépasse et de loin le simple aspect juridique, et requiert la prise en compte des dimensions sociales et culturelles », a expliqué Mme Bouayach, lors d’un colloque organisé par la Chambre des conseillers sur le bilan et les perspectives des politiques publiques en matière de lutte contre toutes les formes de discrimination et de violence à l’encontre des femmes.
La dernière décennie a été ponctuée par l’adoption de stratégies nationales et de lois spécifiques destinées à lutter contre les violences faites aux femmes, comportant une batterie de mesures destinées à préserver la sécurité physique et psychologique des femmes, a-t-elle indiqué, soutenant toutefois que ces mesures, en dépit de leur importance, n’ont pas été en mesure d’enrayer ce phénomène.
Elle a estimé que les données relatives à la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles sont loin de refléter toute l’ampleur du phénomène, en raison, entre autres, de la crainte des rescapées des violences de porter plainte, de la peur de la vengeance des auteurs de ces violences, de la lenteur des traitements judiciaires, de la complexité liée aux preuves, outre les barrières socioculturelles favorables à la non-dénonciation et à l’abandon des poursuites à l’encontre des auteurs des violences.
Revenant sur les étapes franchies par le Maroc en matière de sensibilisation collective au phénomène de la violence faite aux femmes, notamment à travers la mise en place de mécanismes législatifs et institutionnels de suivi, d’adaptation, de protection, de prévention et de sanction, Mme Bouayach a évoqué les amendements apportés au Code pénal, la loi de lutte contre la violence faite aux femmes, la loi sur la traite des êtres humains, et la promulgation du Code de la famille (Moudawana) qui fut une révolution en son temps.
Cette conférence est organisée dans le cadre de la campagne des Nations Unies pour la lutte contre la violence basée sur le genre social (25 novembre-10 décembre) et en réponse à l’appel lancé dans ce sens aux parlements nationaux par l’Union interparlementaire (UIP).
En marge de cette rencontre, il a été procédé à l’inauguration d’une exposition de photographies et documents, réalisée par l’UIP autour du phénomène de la violence contre les femmes, en plus de la distribution d’écharpes oranges aux parlementaires et invités, cette couleur étant le symbole d’un avenir meilleur, libéré de la violence à l’égard des femmes et des filles.
Cet événement, qui a connu la participation d’acteurs de la société civile et des droits de l’Homme, entend mettre la lumière sur l’adhésion permanente et renouvelée de l’institution parlementaire à la défense des causes des femmes et aux efforts de consolidation des acquis du Royaume dans ce domaine, concrétisés par la Haute sollicitude Royale, la consécration constitutionnelle des droits des femmes et de leur promotion et par le renforcement du cadre juridique et institutionnel, à même d’assurer l’effectivité de ces droits.