Cameroun, microcosme de l’art africain

Le Cameroun est un berceau des arts. Il n’y existe pas d’art monolithique, mais une multitude de styles. Grâce à la confluence des grands groupes humains d’Afrique, entre autres les Bantous, les Peuls…l’art camerounais se veut un microcosme de l’art africain, nourri également par sa géographie diverse.

Si ce pays d’Afrique Centrale est célèbre pour ses sculptures, notamment en bois, son art ne se résume pas aux seules statuettes. De la musique à la danse, en passant par la peinture, la littérature, le cinéma … l’art camerounais est varié. Il est l’œuvre des différentes ethnies du pays et est incarné par leurs différentes traditions …Bien plus, il a été influencé par les différentes migrations. Si l’art des populations Bamiléké et Bamoun de l’Ouest du pays s’apparente «étrangement» à celui du Bénin, celui des Fang-Betis, très connu par ses statuettes et ses reliquaires, se rattache à celui du Bassin du Congo. Les jeux de Fantasia animés par les populations du Nord du pays rappellent quant à eux l’Afrique du Nord.

Dans ce pays comptant plus de 200 ethnies, l’art n’est pas fait ex-nihilo. Danses, chansons, masques…sont fortement liés à des croyances ou encore des cérémonies : agraires, funèbres, festives, d’initiation…Certains objets artistiques, notamment en provenance de l’Ouest du pays symbolisent les faits sociaux…D’autres manifestations artistiques s’astreignent aux principes religieux. A ce titre, l’art peul du nord Cameroun se manifeste par la richesse des vêtements, des bijoux, le travail du cuir, les décors peints…toute figuration humaine y étant proscrite.

Sans grande surprise, l’art camerounais s’inspire et se nourrit également des réalités contemporaines. Les techniques, les supports, les modes varient et foisonnent : peinture, installations avec projection vidéo, sculptures à base de matériaux de récupération…

S’il est un pan de la culture et de l’art camerounais très dynamique, c’est bel et bien la musique. Le pays compte une multitude de genres musicaux : bikutsi (chez les betis), makossa (au littoral), l’assiko, le mangambeu (chez les Bamiléké), …Entre autres facteurs du dynamisme de cette musique, l’urbanisation. Celle-ci a exercé au cours du temps un pouvoir sur l’art musical du pays et a marqué son évolution et sa popularisation. Si les différents genres musicaux sont omniprésents, certaines villes sont devenues le fief de certains types de musique.  Douala, capitale économique du pays, est devenu artistiquement célèbre comme fief indéniable du makossa, un genre musical apparu dans les années 60 et qui a vu briller de célèbres flambeaux comme le saxophoniste Manu Dibango. La capitale du pays, Yaoundé, est devenue quant à elle le temple et sanctuaire du bikutsi, une musique des populations betis du Cameroun. Elle a connu de nombreux gourous et aficionados tels que le groupe «Zangualewa» dont la célèbre chanson «Zamina mina Zangualewa» a été reprise  par la chanteuse Shakira, ou encore Anne-Marie Nzié, Zélé le bombardier.

Aujourd’hui, l’ouverture du pays et les nouvelles technologies ont influencé l’univers musical du Cameroun. D’une musique, à l’origine essentiellement traditionnelle, le pays est passé à une musique mixant tradition et modernité.

Danielle Engolo

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