Par Hicham Louraoui (MAP)
Plutôt prudente que frénétique, la ville de Casablanca n’a pas pour autant tourné le dos à la vie pour le premier jour du déconfinement (25 juin 2020), le sentiment de peur attisé par la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19) tétanisant encore les esprits.
Il est plausible qu’on ne peut pas effacer d’un trait de longues semaines d’assignation à résidence. Comme il est certain qu’un retour à la normalité prendra un peu de temps, ce qui pourrait aider à juguler une nouvelle vague de contamination.
Si les rues et les cafés ont récupéré une partie de leur clientèle, c’est au niveau des commerces que l’on peut constater une certaine hésitation et la lenteur du dégel, même si l’espoir est toujours grand de renouer, aussitôt que possible, avec la dynamique d’avant.
Les commerçants de la capitale économique ont, en effet, regagné leurs locaux pour essayer de réussir le redémarrage tant espéré et ce, dans les meilleures conditions d’hygiène et de sécurité.
« Nous nous réjouissons de cette reprise qui ne peut que nous apporter du bien après plus de trois mois d’arrêt », a lancé Hassan, gérant d’une boutique de prêt-à-porter au quartier marchand de Derb Omar.
Malgré les lourdes répercussions du confinement, notamment la chute libre des recettes, des charges fixes toujours impayées (loyers, factures d’électricité et d’eau, dette dues aux fournisseurs), ce quarantenaire semble loin de baisser les bras face à cette crise asphyxiante. Bien au contraire, ces yeux brillent d’optimisme et de détermination à se relever le plus vite possible, comptant sur l’appui de ses proches pour atteint cet objectif.
« Nous avons mis en place toutes les mesures préconisées en termes d’hygiène et de sécurité. La boutique a été entièrement désinfectée hier par des spécialistes en la matière », a indiqué Hassan, faisant aussi état de l’installation d’un système de prise de température à l’aide d’une caméra thermique à l’entrée du local, ainsi que d’un distributeur de gel hydroalcoolique.
Non loin de ce quartier mythique de Casablanca, Abdelhadi S., un commercial au sein d’un magasin d’électroménager estime qu’il « était temps de reprendre l’activité, particulièrement en cette période considérée comme une haute saison pour la majorité des secteurs ».
« Nous sommes très contents de rouvrir nos magasins aux clients. Certes, l’affluence est un peu faible pour ce premier jour d’allègement du confinement, mais cette période est très importante pour nous, puisqu’elle coïncide avec la saison estivale et surtout parce que c’est la veille de l’Aid Al-Adha, occasion où nombre de Marocains décident d’acquérir de nouveaux équipements électroménagers », a-t-il soutenu.
« Dans le souci de préserver la santé des visiteurs et des employés, un agent a été mobilisé pour prendre la température de tout individu souhaitant entrer au magasin. Le visiteur est par la suite invité à se diriger vers le distributeur du gel hydroalcoolique pour désinfecter ses mains », a expliqué Abdelhadi, précisant que l’agent veille également à ce que le nombre de visiteurs ne dépasse pas les 50% de la capacité d’accueil normale.
Des mesures appliquées à la lettre également par un salon de coiffure situé à l’autre bout de Casablanca, au quartier El Oulfa. Réaménagé entièrement durant la période de confinement, ce salon s’est offert un distributeur de gel hydroalcoolique moderne, un tapis de décontamination de semelles, des affiches de sensibilisation sur les gestes barrières à respecter, etc.
« Cette reprise est une nouvelle naissance pour notre métier. Le Covid-19 a complètement bouleversé nos vies et ses effets, en particulier sur les plans économique et social, vont nous pourchasser pour longtemps », a déclaré Mohamed, gérant du salon.
Pour se protéger de ce virus, Mohamed procède à une désinfection totale du matériel après le passage de chaque client et n’accueille que trois personnes à la fois dans son local. « C’est contraignant d’interdire les gens d’accéder au salon, mais la situation l’exige. Je recommande même à mes clients d’acheter leur propre matériel de coiffure pour plus de sécurité ».
Globalement, ce retour graduel à la vie normale après ces mois de confinement est marqué par le souci de la prévention de part et d’autre. Port de masques et/ou de visières, désinfection des mains en continu à l’aide des gels hydroalcooliques, le respect de la distanciation à bord du transport en commun, sur les terrasses des cafés et restaurants, sont autant de gestes qui sont devenus une évidence pour une bonne partie de Marocains.
Cette tendance a été surtout constatée dans les cafés et les restaurants qui ont repris leur service « sur place ». La distanciation d’un mètre, voire plus, entre les tables se remarque de loin et les clients semblent faire preuve d’un sens de responsabilité accru pour combattre le pernicieux virus.
Les autorités publiques avaient annoncé, la semaine dernière, la décision de passer, à partir du 24 juin à minuit, à la deuxième phase du plan d’allègement en tenant compte du développement de la situation épidémiologique dans le Royaume.
Ainsi, un ensemble de mesures et de procédures ont été adoptées pour encadrer cette étape, dont la reprise les activités commerciales dans chacun des centres commerciaux, grands complexes commerciaux et galeries, selon des conditions prédéfinies.