Quand la Chine annonce son réveil…

Ce fut l’un des bestsellers du début des années 1970 : «Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera». L’essai d’Alain Peyrefitte a frôlé en effet le million d’exemplaires vendus. Sans citer le succès planétaire et médiatique de la belle trouvaille du titre. Près d’un demi-siècle plus tard, l’académicien français n’est plus là, mais la Chine est bien réveillée et le monde ne cesse de trembler. Beaucoup d’observateurs s’accordent pour dire que nous sommes entrés dans le siècle de la Chine. Ce ne sont pas les habitués du célèbre quartier commerçant de Casablanca, le fameux Derb Omar qui les démentiront, devenu à l’orée de ce siècle, une véritable Chinatown.

Alain Peyrefitte avait grosso modo vu juste. Il avait très tôt relevé les énormes potentialités de ce pays continent. La thèse de son livre est suffisamment explicite, à savoir que compte-tenu de la taille et de la croissance de la population chinoise, elle finira inexorablement par s’imposer au reste du monde dès qu’elle maîtrisera une technologie suffisante. Il explique aussi que «La Chine d’aujourd’hui ne prend son sens que si on la met en perspective avec la Chine d’hier».

Symbole de ce réveil chinois, la fille du président américain s’est mise à apprendre le mandarin. Plusieurs indices montrent que la dynamique de puissance mondiale est en passe de revenir en Asie avec ce que l’on pourrait appeler le déclin de l’empire américain. Au célèbre American dream, le rêve chinois prendra le relais.

Dans ce sens, on peut dire que le congrès du parti communiste chinois qui s’est tenue la semaine dernière constitue une étape de confirmation et de consolidation de ce nouveau statut de puissance internationale. Un congrès qui consacre également l’actuel dirigeant chinois comme un véritable leader ayant forgé une conception politique globale pour le pays. Conception qui une fois validée par le parti, élèvera Xii Jinping aux rangs des théoriciens du parti  à l’instar de Mao Tsé Tong (le fondateur) et Deng Xiaoping (le père des réformes). XI ou celui que l’on qualifie déjà de l‘empereur rouge a affiché son ambition : lancer la nouvelle Chine sur la voie des super puissances, renouant en quelque sorte avec son passé. Le congrès et ses milliers de délégués étaient mobilisés dans cette perspective.

Quelle est sa marque sur la conduite des affaires de cet immense pays ? Sa référence majeure restes les deux «trente glorieuses» ou ce qu’il appelle «les deux irréfutables» : la période Mao Tés Tong et celle de Xiaoping. Beaucoup de spécialistes de la Chine notent en effet un retour aux fondamentaux avec, notamment le renforcement du rôle dirigeant du parti, un certain autoritarisme au niveau des valeurs sociétales. Pour le sinologue Sebastian Weg, ce retour en force du parti est illustré par la résurgence des pratiques militantes d’antan du genre : les autocritiques, «la   ligne de masse», le discours idéologique et la valorisation de la discipline. Le chercheur rapporte des faits saillants sur le plan culturel où l’espace d’autonomie des intellectuels est réduit.

A l’université, on traque l’influence des idées occidentales et Internet est étroitement surveillé pour des impératifs de sécurité culturelle. Ce coût exorbitant ne semble pas cependant inquiéter les élites chinoises outre mesure face au sentiment de dignité retrouvée. Beaucoup d’anciens de la place Tiananmen soulignent les avantages de la stabilité et de la cohésion qui ont permis à la Chine de prendre sa revanche sur les humiliations que lui ont fait subir les puissances coloniales dans le passé. «Nous chérissons cette vie et c’est mon devoir de la protéger», dit en substance Hu Xijin, le fondateur du journal Global times, un ancien dissident, devenu fervent défenseur du nouveau régime.

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