Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi
Pour n’accorder aucun répit au nouveau président taïwanais qui a été investi le 20 mai, prévenir toute velléité de proclamation formelle de la « République de Taïwan » et intimider la nouvelle administration de l’île-rebelle et ses 23 millions d’habitants, Pékin a lancé des manoeuvres militaires communes, avec Moscou, dans le détroit de Taïwan.
Ces exercices militaires conjoints entrent dans le cadre de ce qui pourrait être appelé un « retour d’ascenseur » par la Russie à la Chine pour l’aide militaire qu’elle a bien voulu lui fournir sur le front ukrainien et aider l’Empire du milieu à « récupérer », au nom de la « réunification patriotique », cette île-rebelle qu’est Taïwan qui est située à quelques 160 kilomètres de ses côtes mais qu’il avait « perdu » à l’issue de la guerre civile de 1949.
Il va de soi qu’à travers ces « opérations », le président chinois, Xi Jinping, entend couronner son troisième mandat en mettant au pas Taïwan dès lors que le scénario qui portait sur un rapprochement « progressif et paisible » entre Pékin et Taïpeh n’est plus de mise du fait notamment des tensions entre la Chine et les Etats-Unis dans le Pacifique oriental qui est, désormais, l’une des zones les plus militarisées au monde – donc des plus inflammables – et ce, au moment-même où, pour limiter la capacité de la Russie et de la Corée du Nord à moderniser leur base industrielle de défense et ralentir le programme nucléaire iranien, Washington et ses alliés se sont attelés à leur imposer tout un chapelet de sanctions économiques.
C’est donc, comme l’avait confirmé, à la BBC, le 6 Avril dernier, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, au nom du rejet de la domination américaine, que Moscou, Pékin, Pyongyang et Téhéran se sont trouvés au-devant de la nécessité de tisser des liens très étroits.
Et si, la Chine a augmenté la fréquence de ses manœuvres militaires dans le détroit de Taïwan et qu’elle mène de multiples actions de surveillance dans cette zone, force est de reconnaître, qu’il y avait eu, en 2023, de nombreuses rencontres au sommet entre les dirigeants russes et chinois qui, après avoir été couronnées, le 11 novembre dernier, par « un partenariat stratégique complet pour une nouvelle ère » avaient poussé Washington à rendre publics des documents secrets attestant que Pékin livre à Moscou des moteurs pour les drones et les missiles de croisière ainsi que des composants électroniques militaires et de surveillance par satellites.
En outre, la République islamique iranienne qui, depuis le retrait des Etats-Unis de l’accord de Vienne encadrant son programme nucléaire, avait commencé à renforcer sa production d’uranium, soutient ouvertement le Hamas et les rebelles yéménites « houtis » et c’est à ce titre qu’elle a lancé, le 13 Avril dernier, des drones et des missiles balistiques en direction de cibles militaires en Israël alors que la Corée du Nord n’a pas cessé, de son côté, de multiplier ses provocations par le biais du lancement de missiles balistiques à très longue portée et de proférer des menaces d’attaques nucléaires contre le Sud.
Au vu de tout cela, quelle serait donc l’ampleur de la menace économique et/ou militaire posée par cet axe anti-occidental qui est, désormais, un instrument au service de la Chine alors que, pendant une longue période de leur Histoire, la Russie, l’Iran et la Chine, n’étaient pas des pays amis et qu’ils s’étaient même très souvent immiscés dans leurs pré-carrés respectifs et disputés le contrôle des routes commerciales de l’Asie ?