Les rues de Bogota, Cali et Meddelin sont prises d’assaut, depuis plusieurs semaines, par des colombiens outrés par la politique menée par le président Ivan Duque depuis son arrivée au pouvoir en 2018 et notamment par la dégradation de la situation sécuritaire en Colombie.
La diffusion d’images montrant l’arrestation musclée de Javiez Ordonnez, par la police qui lui administrait des chocs électriques et, plus tard, sa mort, dans la nuit de mardi à mercredi, dans un commissariat de Villaluz, dans le quartier d’Enbativa, a vraiment mis le feu aux poudres. Le décès de cet ingénieur de 46 ans qui poursuivait des études de droit pour devenir avocat a poussé Carlos Holmes Trujillo, le ministre colombien de la défense qui déplore cette «bavure», à demander «pardon» à la population au nom de la police nationale.
D’après sa famille, Javiez Ordonez aurait été accosté, ce soir-là, par deux motards de la police qui lui ont demandé de leur montrer ses papiers alors qu’il se trouvait en compagnie de certains amis avec lesquels il était sorti pour acheter de l’alcool.
Or la version donnée par la police est tout autre puisqu’elle révèle que l’intéressé avait essayé de «frapper» les deux agents qui, pour l’immobiliser, furent contraints d’utiliser une «arme non létale» pour pouvoir l’emmener au commissariat. Arrivé sur les lieux, ce dernier aurait présenté des «complications médicales» qui obligèrent les policiers à le conduire à l’hôpital. Il y a rendu l’âme quelques temps après.
Mais si l’on en croit les premiers résultats de l’enquête médico-légale tels que révélés par les médias locaux, ce sont sept policiers qui se seraient acharnés sur Javier Ordonez au moment de son arrivée au poste de police. Présentant neuf fractures crâniennes, ce dernier serait donc mort des suites d’un violent coup à la tête. Le ministre de la Défense a indiqué que les deux policiers ayant procédé à l’interpellation de Javier Ordonez font, actuellement, «l’objet d’une enquête disciplinaire et pénale».
Mais cette décision n’a point calmé la population car, dès le lendemain, ce sont des centaines de personnes qui se sont rassemblées devant le commissariat où Javiez Ordonez a été conduit par les deux policiers incriminés, ont aspergé, de peinture rouge, les murs du bâtiment de la police et jeté des pierres en direction des policiers obligeant ceux-ci à faire usage de grenades assourdissantes et de bombes lacrymogènes pour les obliger à quitter les lieux.
Dans leur fuite désordonnée, les protestataires ne s’empêchèrent pas de saccager et d’incendier aussi bien les postes de police que les voitures et autres autobus qui se trouvaient sur leur chemin; ce qui poussa les forces de l’ordre à réagir de manière violente en tirant, à balles réelles en direction des manifestants. Ainsi, si l’on en croit les autorités, dix manifestants seraient tombés sous les balles des forces de l’ordre; à savoir, sept à Bogota et trois à Sacha et 175 auraient été blessés alors que du côté du média d’investigation «Cuestion Publica», douze personnes seraient mortes au cours de ces manifestations. Claudia Lopez, la maire de Bogota, a déclaré, de son côté, que plus d’une centaine de policiers auraient été blessés.
Le bilan provisoire de ces manifestations dénonçant la politique du président Duque et la répression policière qui sévit à Bogota a fait état d’une douzaine de mort et de près de 250 blessés dont 58 par armes à feu. Est-ce à dire que çà ne «rigole» pas au pays d’Ivan Duque et que les colombiens n’ont qu’à bien se tenir face à une répression policière qui redouble d’intensité au fil du temps ? Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi