Corona, quel cauchemar!

Par Assia Bouayad

Coronavirus est arrivé brusquement tel un envahisseur. Il est entré par la grande porte et a fait irruption dans les foyers, les villes et les pays du monde entier sans autorisation aucune et sans préavis.

Il est minuscule, pourtant il a fait entendre sa voix. Il constitue, désormais le sujet d’actualité de pratiquement toutes les chaines de télévision du monde. Il est capable de ce que les flottes maritimes, terrestres et aériennes ne peuvent accomplir. Il combat sans armes, sans missiles et sans chars ; il déclare la guerre aux hommes de la terre entière comme nul autre ennemi n’a pu faire, auparavant!

IL est plus atroce que les catastrophes naturelles et plus dévastateur que les pires des maladies par son caractère contagieux et pandémique. C’est un tremblement de la terre entière, mais au ralenti. Il tue à petit feu avant même de contaminer, par l’atmosphère d’inquiétude, d’angoisse et de confusion qu’il fait régner.

Il traduit un message de colère et d’indignation de Mère-Nature qui a longtemps comblé l’Homme de ses bienfaits. Celle-ci a déjà tiré le signal d’alarme plusieurs fois : réchauffement de la couche d’ozone, extinction d’espèces nécessaires à l’écosystèmes et bien d’autres, réclamant ainsi respect et gratitude ; sauf que l’Homme, par son avidité, son arrogance  et son égo démesuré, l’a négligée, l’a ignorée, et l’a défiée.

Alors Mère-Nature est passée à la vitesse supérieure et a envoyé un message d’un autre genre, le pire des messages, le coronavirus. Celui-ci ôte à l’Homme ce qu’il possède de plus précieux, ce qui lui permet de vivre : l’oxygène, l’air (car c’est l’appareil respiratoire qui est endommagé); Cet air qu’il a lui-même pollué par la surproduction, par l’avidité et par la ruée vers plus de gain, écrasant ainsi ses semblables, pillant les richesses et les biens des autres et exploitant la vulnérabilité de certains, créant ainsi les inégalités sociales, la précarité, la misère et la haine.

Ce virus, à l’opposé des catastrophes qu’ont connues certains peuples ou pays (tremblement de terre en Arménie ayant dévasté la région de Spitak, en 1988, tsunami en Thaïlande, en 2019,…) constitue l’arme d’une destruction massive, destinée au monde entier, sans ségrégation ni discrimination aucune ; il ne privilégie ni race, ni religion, ni couleur de peau, ni rang social, on dirait qu’il est à la hauteur de la mondialisation!

Sa tyrannie dépasse celle de la terre entière, avec toutes ses composantes : hommes, institutions, gouvernements, sciences, technologies,…

Tout le monde demeure impuissant devant cet être minuscule et invisible à l’œil nu! Présidents, chercheurs, scientifiques, riches, … Cet être qui a pu tout arrêter : études, entreprises, commerces, voyage,…

Les frontières sont désormais fermées, les vols suspendus…sa présence  a accentué l’isolement afin de s’approprier l’espace, seul. Tout a été paralysé, partout dans le monde, dans une incroyable synchronisation, comme si l’univers voulait adresser un discours à l’humanité entière afin d’attirer l’attention de tous sur l’horreur et l’urgence de la situation ; comme s’il voulait ordonner à chacun d’être plus que jamais attentif et vigilant à son message, tout le monde étant concerné et responsable.

Le confinement qui était la solution préconisée pour ces circonstances, n’est-ce pas la meilleure manière de se concentrer afin de mener à bien cette action et de permettre à tout un chacun de se mettre à nu, dans l’intimité la plus absolue, afin de pénétrer dans son être le plus profond et de revisiter ses actes, ses comportements, ses modes de vie, bref tout ce qu’il l’a dépourvu de son humanisme et l’a rendu pareil aux animaux de la jungle où il n’y a place que pour les plus forts.

Ce confinement pourrait nous aider à nous en sortir, mais nous ne nous en sortirons vraiment vainqueurs que si nous en tirons de bonnes leçons!

Les écoles ont fermé et ceci ne nous rappelle t-il pas que, dans le monde 260 millions d’enfants ne sont pas scolarisés?

La fermeture des aéroports et des frontières et l’arrêt du trafic aérien ne nous rappelle-t-il pas les interminables queues des réfugiés sur les frontières, attendant les passeports du transit?

Le couvre-feu a été décidé; ceci ne doit-il pas nous rappeler l’embargo et les sanctions non justifiées que certains pays imposent à d’autres?

La peur et la terreur qui règnent en ces temps de la pandémie ne nous rappelle t-il pas les sirènes des ambulances dans les zones de guerre, dans les camps des réfugiés?

Le flux des contaminés et l’incapacité des lits  et le manque d’aspirateurs dans les hôpitaux, ne nous rappelle-t-il pas la propagation du choléra dans certains pays, les atroces et horribles scènes du carnage et du massacre, les cadavres des enfants sous les décombres et les malades dans les camps des réfugiés sans eau, ni médecin, ni médicaments?

Les gens, dans les supermarchés remplissant leurs caddies de nourriture, de peur d’avoir faim et de ne pas avoir d’approvisionnement suffisant pendant cette période de confinement, ne doit-il pas nous rappeler que les deux tiers de la population du monde vit encore dans la faim?

Corona nous a interdit de nous saluer, de nous enlacer, de nous embrasser, n’avons-nous pas refusé les initiatives de la cohabitation et de la paix?

Il devient impératif, en ce temps de contamination de stériliser nos mains, nos corps et nos foyers, mais ne devons nous pas stériliser, aussi nos esprits, nos âmes, nos cœurs et nos pensées?

Corona, quel cauchemar ! Va-t-il durer encore, plus longtemps? Il va certainement partir mais à quel prix ? La réponse, nous l’ignorons, hélas!

Corona (corps, on a), mais  nous avons aussi un cœur et un cerveau. Ce n’est, peut-être pas si mal que ça?! Cet exil obligatoire chez soi, qu’il nous impose, ces moments de confinement peuvent nous être, pour le moins bénéfiques s’ils nous permettent, à nous tous, habitants la planète Terre, que nous sommes égaux et de prendre conscience qu’aucune paix n’est possible tant qu’elle n’est pas étendue à l’ensemble de ses habitants, si nous ne respectons pas  le pacte du «vivre ensemble».

L’emprisonnement que nous vivons est le miroir où nous nous voyons et qui doit nous refléter l’image de tous les condamnés, de tous les opprimés, de tous ceux qui vivent dans l’injustice. Ça n’arrive pas qu’aux autres, en fin de compte!

Le confinement doit nous inciter à réaliser ce qu’endurent ceux qui vivent dans la précarité, la misère pour réaliser, enfin et par la même occasion le confort dans lequel nous vivons sans pour autant savourer son goût et sans reconnaître sa valeur!

Le confinement doit nous apprendre à nous serrer les coudes, à nous entraider, à reconquérir les belles valeurs de la compassion, de l’empathie, du partage, de l’humilité, de l’altruisme,…

Il doit nous rappeler que le matérialisme dans lequel nous vivons n’est garant d’aucun équilibre et que si nous voulons en assurer un minimum, nous devons, souvent nous accorder des moments de méditation et de spiritualité car nous sommes faits d’un corps mais aussi d’un esprit.

Ce n’est qu’en étant privé, comme l’ordonne le confinement, que nous rendons compte de l’importance, de ce qui nous paraissait, avant quelques jours, acquis d’emblée et comme droit incontestable : se balader dans un parc, siroter un thé ou un café à la terrasse d’un café, se détendre dans une salle de sport, rencontrer les membres de la famille ou discuter avec des ami(e)s, marcher au bord d’une rivière où dans un jardin, ou tout simplement rire à tue-tête, toutes ces choses qui nous semblaient acquises et banales, semblent, aujourd’hui un luxe et un raffinement et nous réalisons à quel point les plaisirs simples de la vie sont précieux.

Et comme il n’y a pas de hasard, ce virus est arrivé au printemps, au moment où l’on s’attendait le plus à profiter de la beauté de la nature, à sa renaissance ; il est arrivé juste à ce moment pour nous ôter ce plaisir et nous en priver, comme s’il nous disait «la renaissance doit être la vôtre !, celle de votre éveil et de votre prise de conscience».

Les animaux sortent de leur hibernation, les arbres fleurissent, les oiseaux chantent, les abeilles butinent,… Seul l’homme est confiné, recevant ainsi le châtiment de Mère-Nature, qui semble lui dire : «Tu es le seul destructeur de l’environnement et si tu n’es plus, la nature, elle subsistera. C’est toi qui a besoin d’elle, elle, elle peut exister sans toi. Mieux que ça, elle se portera bien.

L’eau, n’est-elle pas redevenue limpide dans certains fleuves? Et les poissons ne sont-ils pas revenus dans certaines rivières?

Le confinement a fait chuter l’économie mais Il semble profiter à la planète, la pollution a diminué, il  a fait du bien la nature qui reprend ses droits et profite du répit. Il a ralenti l’économie et la production effrénée pour dire au monde entier que nous n’avons besoin que de l’essentiel et que ni les marques ni l’argent ni la notoriété n’équivalent à la santé.

En fin, Mère-Nature, étant mère et sachant qu’aucune mère n’abandonne ses enfants, ne va pas nous abandonner, elle redeviendra clémente et généreuse, comme elle nous habitués à l’être. Elle nous accordera les circonstances atténuantes pourvu que nous tirions des leçons de cette dure épreuve et que nous reprenions notre nature première et notre dimension humaine dont nous nous sommes, longtemps éloignés.

Le printemps reviendra alors et nous profiterons des gazouillements d’oiseaux,  du ruissèlement d’eau et du parfum des fleurs. C’est par l’amour et la paix que nous rendrons à l’univers son harmonie et son équilibre.

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