On ne s’y attendait pas, mais le bilan d’exécution de la loi de finances, présenté par Mohamed Boussaid devant le dernier Conseil de gouvernement, est plutôt «positif».
Au point que les prévisions de croissance ont été revues à la hausse pour s’établir à 3,6% contre 3,2%. Le ministre de l’Economie et des finances, qui a affirmé que les finances publiques ont préservé leur équilibre, table sur les secteurs non agricoles, mais aussi la bonne récole agricole qui a dépassé les 100 millions de quintaux, pour concrétiser cette nouvelle ambition.
Les principaux indicateurs sont au vert. Les recettes fiscales ont grimpé pour totaliser 785 millions de DH, alors que les recettes non fiscales ont baissé de 1,9 milliards de DH. Les secteurs de la pêche maritime et des phosphates affichent des hausses respectives de 5,7% et 6,4% au cours du 1e trimestre de 2018. Le tourisme est également sur un trend haussier (+15% des recettes et +11,8% du nombre de touristes). Le crédit bancaire a repris des couleurs avec une légère augmentation de 24 milliards de DH. Les transferts des MRE ont progressé de 31 milliards de DH.
Par ailleurs, Boussaid a mis en avant la croissance des exportations. Celles-ci ont grimpé de 11,4% au moment où les importations ont augmenté de 9,9%. Mais en termes de valeur monétaire, le gap reste considérable dans la mesure où cette hausse des exportations a rapporté au Maroc à peine 140,2 milliards de DH tandis que les importations lui ont coûté pas moins de 241 milliards de DH. Dans ces conditions, le déficit commercial s’est encore creusé pour totaliser 100 milliards de DH. Pour leur part, les IDE n’arrivent pas à redécoller. Au contraire, leur volume a atteint 10 milliards de DH contre 15 milliards en 2017.
Du côté de l’investissement public, le taux d’émission s’est amélioré, totalisant ainsi 31,7 milliards et contribuant ainsi à l’aggravation du déficit de 8 milliards. Pour Boussaid, cela témoigne de l’effort public consenti. Cependant, quelques tâches sombres viennent entacher ce bilan. Il s’agit des réserves internationales qui avoisinent 5 mois et 15 jours, en repli par rapport à fin décembre 2017. De même, le taux de chômage reste élevé en milieu urbain avec plus de 15,6%, malgré la création de 116.000 emplois durant ces premiers mois de l’année.
Outre ce bilan d’exécution du budget 2018, Boussaid a donné un avant-goût de la prochaine loi de finances. Selon lui, les dépenses de gestion et celles dédiés aux systèmes de retraites et de la couverture sociale vont augmenter. Le budget consacré au développement des provinces du Sud et aux programmes de lutte contre les disparités territoriales sera aussi revu à la hausse.
Boussaid a également annoncé que le dialogue social absorbera plus de ressources. Cependant, le ministre a insisté sur la nécessité de bien cerner les prochaines priorités. L’on sait que la priorité sera donnée au volet social. Selon Boussaid, le budget de l’année prochaine se focalisera surtout sur l’enseignement, la santé, l’emploi et le dialogue social. Au niveau économique, le ministre a indiqué la poursuite des réformes des stratégies sectorielles. Le PLF de 2019 sera un véritable test pour le gouvernement. Les départements ministériels vont emprunter un nouveau virage de la gestion budgétaire puisqu’ils sont tenus dès l’année prochaine prochaine de livrer leur premier programme budgétaire triennal 2019-2021. Car, rappelons, les projets de loi de finances doivent obéir à une programmation triennale glissante, actualisée chaque année conformément à l’article 5 de la loi organique des finances.
Hajar Benezha