Décès de la militante communiste soudanaise Fatima Ahmed Ibrahim

Elle fut la première femme dans le monde arabe à être élue parlementaire.  Militante jusqu’à la moelle, Fatima Ahmed Ibrahim vient de tirer sa révérence à l’âge de 85 ans, samedi 12 août 2017, à Londres. Cette Soudanaise pleinement acquise aux principes du communisme, a consacré sa vie à la défense des droits des femmes dans son pays. D’ailleurs, son rôle fut indéniable dans l’adoption de plusieurs lois consacrant la position de la femme dans la société soudanaise et ce, depuis 1967; notamment l’égalité des salaires, le congé de maternité, le droit à la retraite, l’accès aux postes de la justice et de la police, entre autres.

Pour la petite histoire, Fatima Ibrahim a vu le jour dans une famille cultivée.  Une situation qui lui a permis d’être socialisée aux valeurs du progrès et de la modernité. L’âge de maturité atteint, les questions d’ordre existentiel commençaient à effleurer son esprit. Autrement dit, la militante soudanaise n’appréciait guère l’existence d’une société régie par une culture patriarcale où la domination masculine fut le mot d’ordre.

Dans son entourage le plus proche, la défunte critiquait acerbement cet état des choses et a décidé enfin d’agir pour un demain meilleur.  Son engagement en faveur de la gent féminine fut concrétisé en 1953 en procédant à la création de l’Organisation des femmes du Soudan. Son objectif étant de propulser la femme au rang qu’elle mérite. Cela lui a valu les menaces les plus terrifiantes, la prison, puis l’exil à Londres, mais n’a entamé en rien sa détermination.

Il faut dire que Fatima voyait d’un mauvais œil l’instrumentalisation de la religion pour des considérations purement dogmatiques. Pour elle, l’Islam n’a rien à avoir avec l’exploitation de la femme comme le prétendent certains milieux intégristes, loin s’en faut. D’ailleurs, Fatima a décidé d’étudier la religion musulmane pour falsifier les thèses et les assertions infondées des herméneutes dont le rôle principal consiste à consacrer l’hégémonie du pouvoir en place.

«Notre première revendication a été de demander des droits politiques pour la femme car nous pensions – avec raison – que tout découlerait de là. Au nom du Coran, on nous les refusait. Alors, on a décidé d’apprendre l’Islam pour montrer aux fondamentalistes que cette religion ne contenait pas l’exploitation de la femme», comme elle l’a déclaré au journal français «L’humanité».

Son combat fut couronné par l’obtention du Prix des droits de l’Homme des Nations unies en 1993 et d’un doctorat honorifique qui lui était décerné par l’Université de Californie en 1996.

Jalal El Omari

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