Les acteurs non-étatiques, enfin prêts pour la prochaine COP qui se tiendra à Bonn sous la présidence des îles Fidji ! Après trois jours de travaux, société civile, syndicats, collectivités territoriales, représentants d’entreprises, universitaires… présents à Agadir lors du Sommet «Climat Chance», ont adopté mercredi 13 septembre à Agadir, la «Déclaration d’Agadir des acteurs non-étatiques» axée sur l’«intensification de l’action et de l’ambition». Ladite déclaration sera portée en novembre prochain à la COP 23. Ce Sommet a été également marqué par de nombreuses initiatives visant à renforcer l’action des acteurs non-étatiques dans la lutte contre le dérèglement climatique.
Après la déclaration de Nantes des acteurs du climat adoptée en 2016 en prélude à la COP22, les acteurs non étatiques ont adopté mercredi 13 septembre la «Déclaration d’Agadir des acteurs non étatiques». Cette déclaration a été soutenue par de nombreux réseaux d’acteurs non étatiques, entre autres la CAN-International, le C40, la Confédération syndicale internationale, l’association des peuples autochtones africains (IPACC)…Si la déclaration de Nantes visait à renforcer l’action concrète pour combler le fossé entre les engagements des Etats et l’objectif de l’Accord de Paris, la Déclaration d’Agadir quant à elle ambitionne d’accélérer la mise en œuvre des engagements d’inverser la courbe des émissions de carbone. Elle est également axée sur la coordination des actions des parties non étatiques en matière de changement climatique selon un calendrier opérationnel partagé. Cette déclaration se veut une feuille de route, notamment vers le dialogue de facilitation prévu par l’Accord de Paris, et qui se tiendra en 2018.
Largement soutenue, la déclaration comporte 10 points. Premièrement, les acteurs non-étatiques affirment être des parties prenantes à la négociation sur le climat et non de simples signataires et partenaires du «Marrakech partnership for Global Climate action» signée à Marrakech durant la COP 22. Ils soulignent également que le dialogue de facilitation de 2018 est une étape clé pour que les contributions actuelles des Etats et de toutes les parties soient à la hauteur des objectifs de l’Accord de Paris. Dans leur déclaration, les acteurs non étatiques insistent en outre sur les enjeux de l’adaptation pour les territoires les plus vulnérables, notamment le continent africain. Ils soulignent en outre que les promesses actuelles de financements ne sont pas adéquates pour relever le défi de contenir le réchauffement à 1,5 degré. Ils réaffirment la nécessité d’accroitre les financements internationaux publics et privés pour renforcer la dynamique d’action et appellent, notamment les pays développés à respecter l’engagement pris de mobiliser 100 milliards de dollars de financement par an. Autre point non moins important, les acteurs étatiques soulignent l’importance des réflexions sectorielles (transport, énergie, bâtiments, agriculture) et des feuilles de route à long terme pour bâtir une transition énergétique efficace. La déclaration réaffirme également la disponibilité des acteurs non étatiques à travailler étroitement avec la communauté scientifique, en lui fournissant des données et expériences en gagées en matière de climat.
Selon Ronan Dantec, président de l’association «Climate Chance», ce document, bien plus qu’une déclaration, se veut un contrat, un «deal» entre les acteurs non étatiques et les Etats. «A travers cette déclaration, nous affirmons notre engagement à continuer à agir, étant conscients des différents enjeux qui existent. Nous assumons nos engagements et nous sommes prêts à faire davantage», a-t-il déclaré. «L’autre volet de cette déclaration c’est que les Etats discutent plus clairement avec les acteurs non étatiques pour mieux comprendre leur potentiel et qu’ils reviennent eux aussi à la table des négociations, en réévaluant leurs engagements», a-t-il ajouté.
Création d’un Observatoire Climate Chance
Dans le but de renforcer le rôle des acteurs non étatiques dans la lutte contre le dérèglement climatique, un «Observatoire Climate Chance de l’action climat des acteurs non-étatiques» a été officiellement lancé mercredi 13 septembre. Cet observatoire devrait permettre de mesurer la réalité des actions engagées par ces acteurs, leurs succès et difficultés. Un premier rapport de cet observatoire est attendu à l’automne 2018, avant le dialogue de facilitation et la COP 24 prévue en Pologne.
Le sommet «Climate Chance», qui a accueilli 5000 participants de 80 nationalités, a été marqué par l’organisation de plus de 100 évènements en parallèle. L’occasion pour les acteurs du climat de discuter des progrès de l’action, d’échanger sur les bonnes pratiques en matière d’atténuation et d’adaptation et développer des synergies sur des thématiques communes.
Danielle Engolo