Des manifestations dans toute la France

Pour les salaires et les retraites

Le gouvernement français fait face à son premier test d’envergure jeudi, avec grèves et manifestations partout en France pour des hausses de salaires et contre la réforme annoncée des retraites, cruciale pour Emmanuel Macron qui veut un projet de loi adopté « avant la fin de l’hiver ».

Le président français, qui entend préserver sa capacité à réformer le pays, n’exclut pas de dissoudre l’Assemblée nationale en cas de vote d’une motion de censure contre le gouvernement, a prévenu jeudi le ministre français du Travail Olivier Dussopt.

« Si toutes les oppositions se coalisaient pour adopter une motion de censure et faire tomber le gouvernement », Emmanuel Macron « s’en remettrait aux Français et les Français trancheraient et diraient quelle est la nouvelle majorité qu’ils veulent. Et évidemment (…) nous serions en campagne pour que le président soit conforté », a affirmé M. Dussopt, chargé d’engager de nouvelles concertations sur les retraites à partir de la semaine prochaine.

Au moins 200 rassemblements étaient prévus partout en France pour cette première journée de mobilisation interprofessionnelle depuis la rentrée, selon Céline Verzeletti, secrétaire confédérale de la CGT.
Dans la capitale, un cortège fort de plusieurs milliers de personnes est parti peu après 14H00 (12H00 GMT) de la place Denfert-Rochereau en direction de la place de la Bastille.

La banderole de tête proclamait: « augmentation des salaires, minima sociaux, bourses et retraites, il est urgent d’agir! ».

Parmi les participants, des représentants syndicaux mais aussi des élus, les partis de gauche ayant apporté leur soutien à cette journée de mobilisation.

C’est « un premier avertissement au gouvernement et au patronat pour que s’engagent rapidement des négociations salariales » et pour signaler que les Français ne veulent « pas travailler plus longtemps », a déclaré dans la manifestation le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.

Le gouvernement va ouvrir un nouveau cycle de concertations autour de la réforme des retraites, dans la perspective d’adopter un projet de loi « avant la fin de l’hiver », avait annoncé la Première ministre Elisabeth Borne à l’AFP, après une réunion mercredi soir à l’Elysée avec la majorité.

Emmanuel Macron, élu en 2017, s’est engagé à réformer les retraites en France après une première tentative avortée au cours de son premier mandat en raison de la crise du Covid.

Mais le président centriste libéral a perdu la majorité absolue des députés en juin après sa réélection, ce qui complique sa tâche pour faire adopter des lois au Parlement.

Alors que les déficits s’aggravent et que la dette publique atteint des sommets, en raison notamment de l’inflation et du soutien public en faveur du pouvoir d’achat des Français, le président, âgé de 44 ans, affirme que le relèvement de l’âge de la retraite et le recul du chômage sont les seuls moyens pour l’Etat d’augmenter ses revenus sans augmenter les impôts.

Son gouvernement a approuvé des augmentations de salaire pour les fonctionnaires et les enseignants et mis en place l’un des filets de sécurité anti-inflation les plus généreux en Europe, qui a plafonné les prix de l’énergie pour les ménages et contenu l’inflation.

Mais son insistance à relever l’âge de la retraite se heurte au rejet des syndicats et de l’opposition de gauche et reste largement impopulaire dans le pays.

 « Tous les syndicats en France sont contre le fait de travailler jusqu’à 64 ou 65 ans », a redit jeudi le secrétaire général de la CGT.

Quant à participer aux concertations prévues par l’exécutif dès la semaine prochaine, « si c’est pour nous dire qu’on discute de l’allongement de l’âge de la retraite, on n’ira pas longtemps », a-t-il averti.

Des perturbations sont attendues dans le train, notamment en région parisienne, mais pas dans le métro de Paris.

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