Des réalisations salutaires, mais des lacunes à parfaire…

Le salon Halieutis d’Agadir fait le plein, en ce weekend end, puisqu’ouvert au grand public. Les premiers jours ont été essentiellement consacrés aux professionnels et aux opérateurs du secteur des pêches maritimes de toutes les branches et les catégories, notamment la pêche hauturière, la pêche côtière et la pêche artisanale. Les décideurs institutionnels et les acteurs associatifs et syndicaux ont échangé les préoccupations, les tares et les avatars du domaine.

De toute évidence, Agadir et ses environs, lieu de cet imposant rassemblement, rehaussé par des contingents d’environs 49 pays dont la France, invitée d’honneur,  occupent une place de choix, notamment au niveau du tourisme dont le balnéaire est des plus prisés et attractifs. Cependant, cette distinction passe cruellement par des moments de vaches maigres. Parallèlement, le secteur de l’agriculture dont le volet export est hautement étoffé, se hisse aux tout premiers plans. Toutefois, à l’instar du tourisme, soumis continuellement aux vicissitudes conjoncturelles, le domaine agricole demeure aléatoire, constamment dépendant des précipitations. Dans ce tandem en quête davantage de maitrise et de développement, se rallient les pêches maritimes qui restent, en fait, un filon en mal d’optimisation.

Nombre de dysfonctionnements et déficits, souvent en matière de gouvernance, le tire vers le bas. Ce secteur de priorité nationale, potentiel indéniable économique de la région du Sud, avec d’énormes potentialités au niveau des ressources halieutiques de haute qualité, devrait alimenter grandement la production nationale en matière de revenus bruts.

Pour ce faire, à Agadir, pièce maitresse de cette activité prépondérante, on a érigé, depuis longtemps, deux unités portuaires juxtaposées fort impressionnantes. La première est destinée, bien avant sa consœur, à la pêche sous ses différentes formes, la seconde se spécifie à l’exportation et l’importation des diverses cargaisons commerciales. Cependant, si cette optique économique s’avère des plus judicieuses, la gestion portuaire laisse à désirer à plus d’un titre.

A première vue, l’administration plurielle semble être dépassée et de nombreuses compétences tombent dans l’interférence au niveau des décisions relatives à cette gestion. Le trafic de poisson en grande quantité, s’effectue illicitement, pour la plupart, au su et au vu des responsables. Le détournement de la ressource bat son plein, à plusieurs niveaux, depuis l’accostage des bateaux sur les quais, jusqu’aux sorties, en passant par la criée et les ponts bascules. Des barons du commerce poissonnier font la pluie et le beau temps dans l’enceinte des ports, soudoyés par les divers intervenants institutionnels qui en tirent profit, en liquide et en nature. Un grand manque à gagner est constaté en termes de services et de taxes perçues, ce qui porte préjudice aux organismes dont les prélèvements se font à la source.

La mauvaise gouvernance se fait aussi ressentir en matière d’occupation temporaire et de répartition des domaines publics maritimes portuaires. Les retombées de cette situation s’en suivent inéluctablement et affectent le potentiel socio-économique et l’aspect environnemental au sein duquel évolue cette activité essentielle. En effet, la pollution des plages avoisinantes est directement enclenchée par les rejets des déchets et des hydrocarbures des bateaux hauturiers.

Les réseaux portuaires sont également touchés par la pollution entraînée inévitablement par les déchets toxiques des unités de froid et de congélation de l’enceinte portuaire. De surcroît, la pollution est pareillement causée par les rejets des déchets des huiles usées émanant aussi bien des bateaux de la grande pêche que des industries de réparation installées dans le port.

Enfin, on ne peut passer sous silence la pollution provoquée par les déchets de poissons des unités de transformation et d’élaboration de poisson, en particulier les céphalopodes. Tous ces rejets qui se font au grand jour d’une façon directe et froide en mer sont strictement interdits par les résolutions de la conférence de Rio de Janeiro en 1993, sans parler de l’intérêt national qui en accuse un coup fatal.

En dehors des autorités locales, la responsabilité incombe aux acteurs multiples intervenant dans ces services, chargés de faire respecter les lois en vigueur tant aux quais qu’aux bassins. Les services étatiques sont responsables aussi de cet état préjudiciable de l’environnement par leur laxisme et leur complicité, surtout au niveau du contrôle des unités de pêche toutes catégories confondues et des visites annuelles des bateaux.

Il ne s’agit pas seulement de prendre des décisions audacieuses et citoyennes, encore faut-il conditionner le renouvellement des accords de pêche, entrepris dans la douleur, par une large campagne d’assainissement du secteur en lançant des mesures aussi courageuses et coercitives. Il est vrai que la trilogie : tourisme, agriculture, pêche fait de la seconde région économique du royaume, une zone de grand débit en termes de développement multidimensionnel. Néanmoins, il va sans dire que cette assise fondamentale d’expansion n’est pas exploitée comme il se doit, au service du pays et de l’élément humain tant régional que national, à cause des fiascos cumulés au niveau des stratégies mises en avant et de la gestion au quotidien de ces domaines touristique, agricole, maritime de haute acuité. Il va donc falloir repenser toutes ces politiques sectorielles, en favorisant, avant tout, une meilleure gouvernance, axée sur la probité, le savoir-faire et le civisme.

Saoudi El Amalki

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