Difficile pari pour l’opposition syrienne en quête d’union

Réunion de la Coalition nationale syrienne à Ryad

Des groupes de l’opposition syrienne doivent se réunir demain dans la capitale saoudienne Ryad avec la difficile mission d’unifier leurs positions pour négocier avec le régime de Bachar al-Assad, dont le sort reste source de divisions.
Ce rassemblement de responsables politiques et militaires de l’opposition est sans précédent depuis le début en 2011 du conflit syrien qui a fait plus de 250.000 morts et poussé à l’exode des millions de personnes.
Une centaine de représentants de la myriade de groupes d’opposants sont attendus à la réunion, dont sont exclues les organisations qualifiées de «terroristes» comme l’EI et le Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda. Les organisations kurdes, présentes dans une partie du nord du pays, n’ont également pas été invitées à ces discussions qui pourraient durer plusieurs jours.»La mission s’annonce difficile et très risquée : parvenir à une plateforme commune et claire sur l’avenir de la Syrie, la transition et l’attitude à l’égard de Bachar al-Assad», a déclaré à l’AFP Samir Nachar, membre de la Coalition nationale syrienne, principale composante de l’opposition.
Il a dit «redouter que certains participants proches des pays soutenant le régime de Damas (…) ne réclament le maintien de Bachar durant la transition, ce qui risque de mettre en péril la réunion».
Réunis à la mi-novembre à Vienne, des diplomates de 17 pays ont fixé un calendrier qui prévoit une rencontre d’ici au 1er janvier entre représentants de l’opposition syrienne et du régime, avant un cessez-le-feu, la formation d’un gouvernement de transition dans les six mois et l’organisation d’élections d’ici 18 mois. La prochaine réunion internationale pourrait se tenir le 18 décembre à New York.
De profondes divergences subsistent entre les opposants sur l’avenir du président Assad dans le cadre d’une telle transition. Les groupes soutenus par les Etats-Unis, l’Arabie saoudite ou le Qatar veulent son départ rapide du pouvoir, alors que l’Iran et la Russie s’y opposent.
Mais les récents attentats perpétrés par l’EI, notamment ceux de Paris, ont fait évoluer les positions des chancelleries des pays occidentaux, à l’instar de la France.
«Une Syrie unie implique une transition politique. Cela ne veut pas dire que Bachar al-Assad doit partir avant même la transition, mais il faut des assurances pour le futur», a déclaré son chef de la diplomatie Laurent Fabius.
Son homologue américain John Kerry a récemment exhorté l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis de convaincre les factions rebelles syriennes de négocier avec Damas en vue d’un cessez-le-feu pour isoler les jihadistes.

Crédibiliser l’opposition

Mais ces factions, y compris celles soutenues par l’Occident, restent intransigeantes : «l’opposition s’en tient au départ d’Assad au début de la transition», a martelé Ahmed Ramadan, membre de la Coalition nationale. «Nous ne pourrons négocier qu’après avoir convenu du principe et de la date du départ d’Assad».
M. Nachar a souligné qu’un cessez-le-feu était nécessaire mais «cela ne veut pas dire que nous acceptons que Bachar al-Assad reste durant la transition car il a arrêté de massacrer».
Pour les opposants basés en Syrie et tolérés par le régime, le sort du président Assad doit être décidé par le peuple.
«Il y a une certaine entente internationale pour que cette question soit décidée par les Syriens», a déclaré Hassan Abdel Azim qui dirige le Comité de coordination nationale pour les forces du changement démocratique (CCND), principale organisation de l’opposition de l’intérieur.
L’Arabie saoudite, qui parraine la réunion de Ryad, espère surtout que l’opposition syrienne réussira à s’unifier afin de «mettre fin aux allégations des Russes et d’autres sur l’absence d’une telle opposition», a indiqué à l’AFP l’expert saoudien Jamal Khashoggi.
«Cela facilitera le processus pour se débarrasser d’Assad», a-t-il estimé.
Même un succès à Ryad laisse sceptiques certains opposants sur la suite du processus de Vienne. «Le problème, c’est l’après-Ryad. Il n’y a pas de partenaire politique en Syrie qui peut engager un processus politique conduisant à une transition», a dit M. Ramadan.

(MAP)

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