Tennis
Le N.1 mondial de tennis Novak Djokovic, expulsé d’Australie au terme d’une bataille judiciaire sur son statut vaccinal, était attendu en Europe lundi, après le coup d’envoi de l’Open qu’il rêvait de gagner pour la dixième fois.
Le Serbe de 34 ans, masqué et portant deux sacs, a transité par Dubaï dans la nuit de dimanche à lundi après un vol en provenance de Melbourne, a constaté une journaliste de l’AFP présente à bord du même avion.
Alors que sa destination finale était inconnue, la police repoussait les journalistes des abords l’aéroport de Belgrade, selon un photographe de l’AFP.
Ce départ sans gloire, alors qu’il aspirait à un 21e titre record en Grand Chelem, est l’épilogue d’un feuilleton de onze jours mêlant politique et diplomatie sur fond d’opposition de Djokovic à la vaccination anti-Covid.
« Je suis extrêmement déçu », a réagi le joueur dans un communiqué dimanche. « Je vais maintenant prendre du temps pour me reposer et récupérer », a souligné celui dont la carrière, au moins en Australie, pourrait pâtir lourdement de ce revers.
Il risque en théorie une interdiction de séjour de trois ans dans le pays où il a remporté neuf de ses vingt titres du Grand Chelem.
Mais le Premier ministre Scott Morrison a laissé entendre dans une interview à la radio que Djokovic pourrait être autorisé à revenir pendant cette période « dans les bonnes circonstances et (que) cela serait étudié à ce moment-là ».
Le Serbe devait être la tête d’affiche de la première journée de l’Open d’Australie lundi mais, non-vacciné, il ne défendra pas son titre.
Pour son adversaire Rafael Nadal, « la justice a parlé » mais Djokovic n’est pas le seul responsable de ce « gâchis ». « Si Novak jouait ici, ça serait mieux pour tout le monde », a ajouté l’Espagnol lundi.
« Je ne connais pas l’avis des top joueurs. Mais j’ai vu des gars le soutenir », a pour sa part commenté le Serbe Dusan Lajovic. Un autre joueur serbe, Laslo Djere, a assuré que cette affaire avait changé sa vision de l’Australie.
Par deux fois au cours des onze derniers jours, le gouvernement australien a annulé le visa de Djokovic et l’a envoyé dans un centre de rétention pour immigrés, affirmant que la présence de la star pourrait alimenter le sentiment anti-vaccin alors que le variant Omicron se propage dans le pays.
Par deux fois, « Djoko » a contesté cette décision devant les tribunaux, gagnant une première manche mais perdant la seconde, décisive, dimanche.
Trois juges de la Cour fédérale d’Australie ont scellé son sort en rejetant son recours contre l’annulation de son visa et son expulsion du pays.
Le gouvernement s’est félicité de sa victoire judiciaire, en pleine campagne électorale dans un pays dont les habitants ont enduré pendant près de deux ans des restrictions anti-Covid parmi les plus strictes au monde.
« Cette décision d’annulation a été prise pour des raisons de santé, de sécurité et de bon ordre, sur la base qu’il était dans l’intérêt public de le faire », a déclaré Scott Morrison.
De nombreux Australiens pensent que Djokovic a essayé de contourner les règles et sont heureux de le voir s’en aller.
« S’il était encore là, il n’y en aurait que pour Djokovic, mais le tournoi est tellement plus important que lui », a déclaré à l’AFP un fan de tennis, Simon Overton.
En Serbie, où « Nole » est considéré comme un héros national, l’expulsion a soulevé l’indignation.
« Ils se sont humiliés eux-mêmes, Djokovic peut revenir dans son pays la tête haute et regarder tout le monde droit dans les yeux », s’est emporté le président Aleksandar Vucic.
« Malgré cette décision scandaleuse, nous estimons que Novak est sorti à nouveau vainqueur », a renchéri le Comité olympique serbe.
« Notre petite équipe serbe ici à Melbourne est bouleversée et déçue », a écrit sur Instagram Miomir Kecmanovic, le joueur serbe que devait affronter Djokovic lundi.
Ce fiasco fait au moins un heureux: l’Italien Salvatore Caruso (146e mondial) qui, profitant de son statut de « lucky loser » (éliminé en qualifications mais repêché grâce à ce forfait), va le remplacer et jouera dans la soirée.