Elections législatives contestées en Georgie

Majorité et Opposition revendiquent la victoire

Nabil El Bousaadi

S’il est vrai que la Georgie qui a vécu ce samedi à l’heure des élections législatives, reste l’une des rares anciennes républiques de l’ex-Union soviétique où le pluralisme politique est de mise, il n’en demeure pas moins vrai, toutefois, que le pays est régulièrement secoué par des manifestations anti-gouvernementales.

Mais si à l’issue de ce scrutin «Rêve Georgien», le parti au pouvoir, et «le Mouvement National Uni», opposition, ont, tous deux, revendiqué la victoire, Petre Tsiskarishvili, qui s’exprimait au nom du MNU a reconnu qu’il est encore «trop tôt pour se réjouir (…) car ce gouvernement a tendance à manipuler les résultats finaux». Aussi, estime-t-il qu’il «est très important que tous les bulletins et tous les bureaux de vote soient maintenant protégés» par les représentants» de l’opposition.

A noter au passage que, pour affronter le «RG», au pouvoir depuis 2012, le «MNU» a rassemblé, cette fois-ci, autour de lui, plusieurs formations de l’opposition; ce qui fait que les règles électorales sont devenues tellement complexes que les résultats définitifs pourraient n’être connus que fin novembre.

Or, les premiers résultats communiqués, le lendemain, par la commission électorale après le dépouillement de plus de 58% des suffrages exprimés au titre du scrutin proportionnel tenu la veille, à l’effet d’attribuer 120 des 150 sièges de l’Assemblée, révèlent que le «RG» aurait recueilli 49,32% des voix contre 45,5% pour le «MNU».

Si donc ce résultat a fait dire au milliardaire et ancien premier ministre Bidzina Ivanichvili, qu’en donnant la victoire au RG «pour la troisième fois de suite, les géorgiens ont élu une grande équipe», ce n’est point-là l’avis de Mikheïl Saakachvili, leader du «MNU» et ancien président en exil en Ukraine, selon lequel le parti au pouvoir aurait « falsifié, de manière massive, les résultats des élections ».

Aussi, en considérant que le scrutin du 31 octobre, qui a connu un taux de participation de près de 56% en dépit de la pandémie du Covid-19 alors même qu’il n’avait été que de 51% lors des législatives de 2016 ne fut pas, cette fois-ci, une consultation électorale mais plutôt « une guerre» que l’opposition n’a pas perdue, l’ancien chef de l’Etat a appelé ses compatriotes à une «mobilisation massive pour défendre les votes» lors d’une grande manifestation qui devra se tenir dimanche 8 novembre.

Mais, ses partisans qui n’ont pas voulu se croiser les bras en attendant la tenue de la grande manifestation de dimanche prochain, sont descendus en masse, ce dimanche, dans les rue de Tbilissi, la capitale, en brandissant des drapeaux géorgiens rouges et blancs pour réclamer l’organisation de nouvelles élections législatives.

«Nous ne laisserons pas le RG voler nos votes» a déclaré à l’AFP, Tornike Meladze, un militant du MNU bien décidé à manifester «jusqu’à l’annonce de nouvelles élections».

«Toutes les formations d’opposition ont décidé, ensemble, de ne pas faire partie du nouveau Parlement» a lancé à la foule, Nika Melia, une des figures du MNU, après avoir invité l’assistance à une nouvelle manifestation dimanche prochain.

Si le scrutin du 31 Octobre a été vivement contesté par l’opposition, les observateurs internationaux représentant l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) et l’Assemblée parlementaire de l’OTAN ont considéré qu’il a respecté «les libertés fondamentales» mais émis un petit bémol, toutefois, en estimant qu’il fut « loin d’être irréprochable» alors que Transparency International y a vu un très net «recul pour la démocratie en Georgie» et que le groupe géorgien GYLA a relevé de « sérieuses violations».

Au vu de toutes ces critiques est-il permis de croire à la tenue de nouvelles élections législatives en Georgie en remplacement du scrutin contesté du 31 Octobre dernier ? Rien ne permet de l’affirmer pour l’heure tant l’incertitude est grande, alors attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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