«En 2024, la Bourse de Casablanca a établi un nouveau record historique du MASI»

Farid Mezouar, directeur exécutif de FL Markets

Propos recueillis par Kaoutar Khennach

L’année 2024 a marqué un tournant important pour la Bourse de Casablanca, qui a su tirer profit d’un contexte économique et monétaire favorable pour enregistrer des performances remarquables. Farid Mezouar, expert des marchés financiers et directeur exécutif du FL Markets (flm.ma), revient avec nous sur les temps forts de cette année et partage ses prévisions pour 2025.

Al Bayane : Comment décririez-vous l’évolution globale de la Bourse de Casablanca en 2024 ?

Farid Mezouar : 2024 a été une année exceptionnelle pour la Bourse de Casablanca qui établi un nouveau record historique absolu du Masi avec une performance annuelle de 21,1 %. Cette performance s’explique par des fondamentaux solides, notamment la baisse significative des taux obligataires, favorisée par une désinflation et une réduction de 50 points de base des taux directeurs de Bank Al-Maghrib (BAM). Par ailleurs, les résultats des entreprises cotées ont suivi une dynamique positive, avec une hausse de 19 % des bénéfices au premier semestre, accompagnée d’une croissance des revenus malgré le mouvement désinflationniste.

Quels ont été les faits marquants de cette année pour le marché boursier marocain ?

L’un des moments clés de 2024 a été le lancement du marché à terme, qui représente une avancée majeure pour les marchés de capitaux marocains. Ce nouvel outil offre des opportunités de couverture contre les risques, améliore la liquidité et stimule l’innovation financière. En parallèle, le cadre réglementaire pour les OPCVM a continué d’évoluer, renforçant la structure du marché. Ces changements ont également conduit à une restructuration des activités de la Bourse de Casablanca, notamment avec la création de filiales dédiées pour le marché comptant, le marché à terme et la chambre de compensation, ainsi qu’une prise de participation accrue dans Maroclear.

Quels événements économiques, politiques ou internationaux ont le plus influencé le marché cette année ?

L’attribution au Maroc de la co-organisation de la Coupe du Monde 2030 a été un événement déterminant. Ce projet dépasse le cadre sportif, car il s’inscrit dans une dynamique de transformation économique majeure, avec l’ouverture de grands chantiers d’infrastructures, une stimulation de l’emploi et un renforcement de l’attractivité touristique.
En outre, la mise en œuvre des aides directes, notamment pour l’acquisition de logements principaux, a contribué à relancer des pans entiers de l’économie nationale, injectant du pouvoir d’achat et soutenant une relance keynésienne.

Quel a été l’impact de la politique monétaire et fiscale sur la performance du marché ?

La baisse des taux directeurs de BAM a joué un rôle crucial dans l’évolution des marchés financiers en 2024. En favorisant une détente des taux obligataires, cette politique a mécaniquement stimulé les performances des actions, notamment celles des banques, qui ont également bénéficié de bons résultats dans leurs activités de marché.

Comment les investisseurs ont-ils réagi face à la conjoncture économique mondiale ?

Les investisseurs locaux ont scruté avec attention les tendances internationales. La baisse des taux directeurs de la BCE et de la FED, chacune de 100 points de base, a renforcé les anticipations d’assouplissement monétaire au Maroc. Par ailleurs, les tensions géopolitiques au Moyen-Orient ont suscité des inquiétudes passagères, sans toutefois affecter significativement les coûts énergétiques ou le secteur touristique.

Les investisseurs locaux ont-ils modifié leur comportement cette année ?

En effet, les investisseurs marocains ont intensifié leur activité sur le marché. Les OPCVM et les personnes morales marocaines ont représenté 63 % des volumes échangés, tandis que les investisseurs individuels ont vu leurs transactions augmenter de manière significative. Par exemple, les achats des personnes physiques ont été multipliés par cinq au deuxième trimestre par rapport à la même période en 2023.

Qu’en est-il des investissements étrangers ?

Les investisseurs étrangers, en revanche, ont affiché une présence limitée, représentant seulement 6 % des échanges sur le marché central au deuxième trimestre. Bien que leurs ventes aient augmenté, leurs achats ont légèrement reculé, illustrant une certaine stagnation due au maintien de la Bourse de Casablanca dans le statut de « Frontier Market ».

Quels défis le marché a-t-il rencontrés en 2024 ?

Le principal défi reste l’attractivité du marché pour de nouvelles introductions en Bourse. Malgré les efforts déployés, peu d’entreprises manifestent un intérêt pour la cotation, préférant le financement bancaire ou craignant la transparence requise par le marché public.

Quelles sont vos prévisions pour 2025 ?

Pour 2025, la Bourse de Casablanca semble bien positionnée pour poursuivre sur sa lancée. Nous anticipons que le MASI pourrait atteindre 16 480 points, soutenu par des fondamentaux solides tels que la baisse des taux et la hausse des bénéfices. L’organisation de la Coupe du Monde 2030 continuera également de jouer un rôle clé, tant au niveau psychologique que fondamental.

Quels secteurs ou entreprises seront les plus prometteurs en 2025 ?

La thématique de la Coupe du Monde 2030 reste centrale. Les secteurs liés à cet événement, comme le BTP, le tourisme, les télécoms, le transport et les services, sont à surveiller de près. En outre, le secteur financier, avec ses récents changements d’actionnaires et ses solides fondamentaux, offre également de belles perspectives.

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