Farid Mezouar, analyste financier et directeur exécutif de FL Markets
Propos recueillis par Kaoutar Khennach
Le Masi a terminé la première moitié de l’année 2024 sur un gain de 9,9% à 13.301,37 points (pts). Ce mouvement haussier trouve son origine dans le secteur de la participation et la promotion immobilières (+122,87%) qui a réalisé la meilleure performance, devançant ceux des mines (+41,42%) et de la santé (+39,31%). En revanche, les « Matériels, logiciels et services informatiques » (-10,12%), les « Télécommunications » (-9,5%) et la « Sylviculture et papier » (-7,37%) ont été les seuls secteurs à clôturer le S1-2024 dans le rouge. Les échanges ont atteint près de 41,4 Mrds DH, réalisés principalement sur le marché central « Actions » et dominés par les transactions sur Douja Prom Addoha avec une part de 10,74%, BCP (10,27%) et Attijariwafa Bank (10,23%). De son côté, la capitalisation boursière a dépassé 692 Mrds DH. Aux valeurs individuelles, Résidences Dar Saada (+264,29% à 79,05 DH), Jet Contractors (+125,49% à 575 DH), Alliances (+112,99% à 246 DH), Douja Prom Addoha (+111,3% à 30,28 DH) et SMI (+77,63% à 2.350 DH) ont enregistré les plus fortes hausses. A l’opposé, M2M Group (-26,96% à 452,1 DH), Auto Nejma (-21,01% à 1.951 DH), HPS (-16,4% à 520 DH), Rebab Company (-15,46% à 70,85 DH) et Maghreb Oxygène (-11,3% à 204 DH) ont accusé les plus fortes baisses. Afin d’analyser l’ensemble de ces évolutions, nous avons interviewé Farid Mezouar, analyste financier et directeur exécutif de FL Markets. Dans cette interview, notre expert nous livre sa lecture, entre autres, de la situation actuelle de la place casablancaise et les risques éventuels ainsi que les perspectives. Les propos
Quelle est votre lecture de l’évolution du marché boursier au premier semestre ?
Le MASI a clôturé le premier semestre sur une performance annuelle de 9,99%, ce qui a porté son rebond à +37% depuis le 6 janvier 2023. Ainsi, la performance du MASI est robuste grâce à des fondamentaux solides avec une hausse de près de 5% des revenus trimestriels des émetteurs cotés ainsi qu’une augmentation de la masse bénéficiaire globale de 7,1% en 2023. De plus, l’épisode inflationniste semble derrière nous en plus d’une détente importante des taux d’intérêt. En outre, la co-organisation du Mondial 2030 est un marqueur positif avec une métamorphose dans plusieurs domaines comme le transport, l’hébergement, la connectivité et les infrastructures sportives.
Quel regard portez-vous sur l’évolution du marché boursier depuis le début de l’année?
Au premier trimestre, la bonne nouvelle est l’engouement des particuliers qui ont augmenté leurs achats de 4,8 fois par rapport à 2023 T1. Toutefois, les étrangers ont opéré des ventes nettes de 481 MDH, alors qu’ils ne représentent plus que 7% des volumes des échanges. In fine, durant ce premier trimestre, la hausse des cours a été tirée par les OPCVM qui ont affiché des achats nets de 1,5 Mrd DH. En effet, les institutionnels ont réalisé des ventes nettes de 100 MDH de manière identique aux particuliers.
Quels sont les secteurs qui se démarquent comme les plus performants dans ce contexte?
Les investisseurs ont misé sur la promotion immobilière avec des performances époustouflantes comme celles de Résidences Dar Saada (+264,29%), d’Alliances (+112,99%) ou d’Addoha (+111,3%). En effet, la maîtrise relative de la dette, combinée à la reprise de l’activité, a attiré le regard des investisseurs dans un contexte de mise en place de l’aide publique à l’acquisition de logements. Par ailleurs, les entreprises de construction ont également attiré les investissements boursiers à l’image de Jet Contractors (+125,49%).
Quelles sont les perspectives du marché boursier en termes d’opportunités de croissance et de rentabilité?
La réaction immédiate du MASI (+2,17%) lots de la séance qui a coïncidé avec la baisse du taux de BAM donne un aperçu sur l’envolée potentielle de l’indice lors de la présentation des prévisions officielles de l’impact de la co-organisation du Mondial sur la croissance économique au Maroc ainsi que le chiffrage global des investissements programmés. Ce chiffrage devrait être rendu public avant 2024 T4 et la publication du rapport de la FIFA avant le vote formel de son Congrès sur la co-organisation du Mondial. Dans ce cadre, le retour vers les 14.000 points, paraît comme un objectif minimaliste pour le MASI.
Quels sont les principaux risques auxquels les investisseurs doivent être attentifs ?
A Flm, nous conseillons toujours aux investisseurs non-professionnels de n’investir en Bourse que l’épargne longue et d’éviter la spéculation avec de la dette. Aussi, l’idéal est de privilégier la vision portefeuille qui permet une diversification du risque et un lissage des mauvaises décisions. Enfin, dans l’absolu, il faut se fixer des objectifs et ne pas hésiter à couper des pertes et/ou monétiser des plus-values réalisées.
Aucune introduction en bourse n’est encore annoncée ou en perspective ce qui augmente le risque de paralysie des IPO en 2024. Pourquoi cette tendance timide des introductions en bourse à la bourse de Casablanca ?
Justement. Pourtant, le Masi avance surement malgré l’absence des IPO . il faut dire que c’est un problème quasi-structurel de la Bourse de Casablanca que nous avons analysé à titre personnel depuis près de 25 ans sans assister à des progrès significatifs. En effet, plusieurs sociétés semblent peu disposées à roder une communication financière institutionnelle avec une forme d’aversion par rapport aux conférences analystes ou aux journées investisseurs. De même, certains actionnaires ou managers, préfèrent largement gérer la relation avec leurs banquiers habituels que d’affronter le stress quotidien de la cotation et de la variation du cours boursier et de la valeur d’entreprise. Enfin, même l’Etat hésite à financer les entreprises publiques via le marché boursier.