Bénéfice record mais tassement du chiffre d’affaires. Le géant chinois des télécoms Huawei a dévoilé, mercredi dernier, des résultats contrastés en 2020, en raison notamment de la pandémie et des sanctions américaines à son encontre.
Le groupe basé à Shenzhen (sud de la Chine) est depuis quelques années au centre de la rivalité sino-américaine, sur fond de guerre commerciale et technologique entre les deux premières puissances mondiales. Huawei s’était retrouvé dans le collimateur de l’ex-administration Trump, qui l’a accusé, sans toutefois apporter de preuves, d’espionnage potentiel au profit de Pékin.
En conséquence, les Etats-Unis ont placé en 2019 le groupe sur liste noire afin de l’empêcher d’acquérir des technologies «made in USA», pourtant indispensables à ses produits.
«La vie n’a pas été facile pour nous», a admis devant la presse Ken Hu, qui occupe la présidence tournante de Huawei, indiquant que les sanctions américaines avaient particulièrement pénalisé l’activité smartphones.
Contrairement à 2019, Huawei n’a pas communiqué le nombre de téléphones qu’il a vendus l’an dernier. Selon le bureau d’études Canalys, Huawei a vu en 2020 ses ventes mondiales de smartphones baisser de 22%.
« En dépit des pressions et du contexte économique difficile lié à la pandémie, nous avons tenu bon face à l’adversité », a assuré Hu.
Sur l’ensemble de 2020, Huawei a dégagé un bénéfice net record en hausse de 3,2% sur un an à 64,6 milliards de yuans (8,39 milliards d’euros), a indiqué le groupe qui n’est pas coté en Bourse.
Quant à son chiffre d’affaires, il progresse de 3,8%, contre 19,1% un an plus tôt à 891,4 milliards de yuans (115,9 milliards d’euros).
« Face aux pressions américaines, Huawei a dû diversifier sa chaîne d’approvisionnement », a indiqué Ken Hu, et le groupe a massivement investi dans la recherche et développement (15% de son chiffre d’affaires), en quête de nouvelles opportunités.
Huawei accélère sa diversification en se positionnant sur l’informatique dématérialisée (cloud).
Du fait des sanctions américaines, Huawei n’a entre autres plus accès aux mises à jour d’Android, le système d’exploitation de Google, ultra dominant sur les téléphones achetés hors de Chine. Et le groupe est contraint d’accélérer sur ses produits le déploiement d’un système d’exploitation maison, HarmonyOS.
La firme fait également face à une pression croissante sur le front de la 5G, une nouvelle norme de technologies mobiles amenée à révolutionner l’internet et dont le déploiement doit s’accélérer.
L’administration Trump martelait que les services de renseignement chinois pourraient utiliser les équipements Huawei pour surveiller les communications et trafics de données d’un pays. Et ces derniers mois, les Etats-Unis ont pressé leurs alliés de renoncer au groupe chinois pour équiper leur réseau 5G.
Malgré tout, le fondateur de Huawei, Ren Zhengfei, s’est voulu rassurant en février sur la survie de son groupe. Il a aussi appelé l’administration Biden à une politique d’ouverture après les coups de l’ère Trump.
Par ailleurs, le groupe a été contraint en novembre de vendre sa marque de smartphones d’entrée de gamme, Honor.