En Gambie, l’incertitude prend le pouvoir…

La Gambie, où les élections du 1er Décembre 2016 avaient officiellement mis fin à la présidence de Yahya Jammeh, vit ces derniers jours une situation peu reluisante et ce, alors même que l’ancien Chef de l’Etat avait, à la surprise de tous et dès la proclamation des résultats par le Chef de la Commission Electorale, accepté sa défaite; une acceptation qui n’aura malheureusement duré que jusqu’au moment où les nouveaux dirigeants ont clairement exprimé leur désir de lui faire «rendre des comptes» en l’assignant devant la Cour Pénale Internationale, une instance où, à l’instar de l’Afrique du Sud, du Burundi et même de la Russie, la Gambie ne siège plus.

Ainsi, après avoir accepté les résultats des élections présidentielles et même félicité son tombeur, le Président sortant, dont le mandat expire le 19 Janvier 2017, a fait volte-face le 9 Décembre en remettant en question sa défaite, en réclamant que de nouvelles élections soient organisées et en déclarant qu’il resterait en poste jusqu’à ce que la Cour Suprême auprès de laquelle il a déposé un recours en annulation donne sa décision ; une décision devra intervenir le 10 Janvier prochain.

Mais la situation, qui ne s’arrête pas là, semble plus compliquée qu’il n’y paraît au premier abord puisque le Chef de la Commission Electorale aurait fui le pays après avoir reçu des menaces alors que, de son côté, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), regroupant quinze pays africains, aurait décidé de placer l’armée en état d’alerte si l’ancien chef de l’Etat refuse de se dessaisir du pouvoir à l’issue de son mandat; ce que ce dernier considère comme étant une déclaration de guerre.

S’exprimant, à ce propos, à la télévision le 31 décembre dernier à l’occasion de la nouvelle année, le Chef de l’Etat sortant, qui a refusé toute négociation avec la CEDEAO à laquelle il reproche une certaine «partialité», a réitéré son souhait de voir annulées les élections présidentielles du 1er Décembre dernier et considéré que la décision de cette instance régionale africaine d’imposer les résultats de la présidentielle « par tous les moyens possibles est totalement illégale car elle viole le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures de ses Etats membres ». Et celui-ci de poursuivre en déclarant que « c’est, en fait, une déclaration de guerre et une insulte à la Constitution … totalement inacceptable».

S’estimant, enfin, victime d’une «campagne» fomentée par certains «individus et groupes d’intérêts» qu’il n’a pas voulu désigner, le Président Yahya Jammeh a rappelé que «sans la quête de la justice dans le cadre de la Constitution gambienne et sans la levée de la menace d’usage de la force dans la position de la CEDEAO, l’impasse demeurera avec le risque d’une escalade en confrontation militaire».

Ainsi, dans les prochains jours, dans ce petit Etat de l’Afrique de l’Ouest de moins de deux millions d’habitants, un scénario à la Gbagbo, avec son lot de désolation, semble malheureusement se profiler à l’horizon…

Nabil El Bousaadi

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