Frais de dossier: l’ISCAE réagit enfin!

A la suite de la polémique suscitée par le concours d’accès à la licence fondamentale en sciences de gestion de l’Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises (ISCAE), le département de Moulay Hafid El Alamy, dont dépend l’ISCAE, a finalement ordonné à l’établissement de restituer les 700 dhs de frais de dossier aux candidats non-sélectionnés.

Une petite «victoire» qui questionne la légitimité des frais de dossier requis par plusieurs institutions publiques, privées, étrangères… au Maroc pour des concours, demandes de visa…

Chaque année, l’accès des bacheliers aux grandes écoles fait parler d’elle. Cette année, c’est l’ISCAE qui est en ligne de mire. Bac en poches, de nombreux lauréats marocains ont en effet décidé de postuler pour la «licence fondamentale en science de gestion» que l’Institut lance pour la première fois pour la prochaine rentrée 2018-2019. Sauf que parmi les conditions d’accès au concours, figurait le paiement de frais de dossiers de 700 DH. Un montant que de nombreux bacheliers ont payé, malgré qu’il soit cher, avec l’espoir d’être sélectionnés ne serait-ce que pour passer l’écrit du concours. Désenchantement, à l’issue du processus de sélection, sur l’ensemble des 4600 candidats ayant déposé leurs dossiers, seuls 500 dossiers ont été sélectionnés pour passer les examens écrits, soit quelque 4000 candidats disqualifiés. Et ce ne seront que 30 à 40 candidats qui seront admis après l’oral du concours.

N’ayant pas digéré ce qu’ils qualifient d’«arnaque» de la part d’un établissement public, plusieurs candidats non sélectionnés et parents d’élèves se sont indignés sur la toile, à la suite de la publication de la liste très restreinte des candidats sélectionnés. D’ailleurs, certains se sont livrés à un petit calcul, concluant que l’école a empoché plus de 3 millions de DH sur le dos des quelque 4000 candidats non sélectionnés. Sans oublier que plusieurs parents et candidats ont dénoncé les seuils de notes très élevés, pratiqués par les établissements.

Réagissant à la grogne, l’ISCAE a publié un communiqué de presse où il justifie son processus de sélection, expliquant qu’il est fixé par un arrêté du Ministre de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie numérique n° 3349.17 du18 décembre 2017. «C’est en vertu de cet arrêté que l’institut fixe le nombre de places du concours, le calendrier et les modalités d’organisation ainsi que les frais de dossiers», se justifie l’établissement. Une manière pour l’établissement de s’insurger contre les allégations selon lesquelles il agit dans l’illégalité.

Sur le volet des «seuils» de notes pour le concours, l’établissement explique que «les moyennes ne sont pas définies par avance ou fixées en amont. Elles découlent d’un processus de classement par filière des dossiers présentés et dans la limite des places prévues par la décision, soit 500». En effet, la moyenne prise en compte, d’après le communiqué de l’ISCAE, est celle communiquée par l’Education nationale et qui serait constituée à 25% de la moyenne du Bac régional et 75% du Bac national.

Légitimité des frais de dossiers : volte-face du ministère de tutelle

Si l’ISCAE a agi conformément à l’arrêté ministériel et que sa directrice générale, Nadia Biaz, a confié à Tel Quel que «la logistique d’un concours est coûteuse, surtout que le concours est organisé en interne», c’est surtout la volte-face du ministère à la suite de la grogne qui interpelle à plus d’un titre. En effet, suite à des consultations avec le ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie numérique, Moulay Hafid Elalamy, ce dernier a exigé à l’ISCAE de rembourser les quelque 4000 candidats n’ayant pas été sélectionnés. Ces derniers devront se présenter au siège du groupe ISCAE, du 10 septembre au 10 octobre, munis de leur CIN et justificatif de paiement. Si cette décision a servi à calmer les contestataires, elle démontre surtout que ledit arrêt mérite d’être remis en question, de même que plusieurs autres arrêtés entérinant des frais de dossier pour concours.

D’autant plus que l’ISCAE ne serait pas la seule école publique à exiger des frais de dossiers pour des concours et à trier sur le volet quelques candidats. D’ailleurs, à lire les commentaires en ligne, la contestation sur les frais de dossier exigés dans les écoles pourrait ne pas se limiter au seul cas de l’ISCAE. «Ce n’est pas une nouveauté, l’ENAM Meknès exige des frais d’inscription depuis longtemps, même si tu ne sais pas si tu seras parmi les admis à passer le concours ou non. L’ISCAE n’est pas la seule école qui pratique cette bêtise», peut-on lire dans un commentaire sur facebook.

Cette pratique serait même devenue monnaie courante dans les établissements privés où des parents se retrouvent à payer des frais de dossier pour admission, généralement sans justificatifs et sans garantie que leur progéniture soit admise dans ledit établissement. Un parent, qui s’est confié à Al Bayane, dénonce une pratique illégale et une arnaque organisée par ces écoles pour s’enrichir. Bien plus, il pointe du doigt d’autres institutions étrangères, comme les consulats et les centres de visas qui exigent des frais de traitement de dossiers et des frais de visa, bien avant l’octroi de celui-ci,  sans garantie que celui-ci sera accordé et sans remboursement après refus.

Danielle Engolo

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