Gardiens de voitures: Comment surmontent-ils la crise?

Karim Ben Amar

La Maroc est à l’arrêt depuis l’entrée en vigueur de l’état d’urgence sanitaire, le vendredi 20 mars à 18h. Depuis ce jours qui restera gravé dans la mémoire des marocains, les citoyens et les résidents sont appelés à respecter scrupuleusement le confinement obligatoire, seul moyen efficace connu jusque-là pour endiguer  la pandémie liée à la Covid-19. Pour cause de ce virus, de nombreux corps de métier sont touchés de plein fouet, à l’instar des gardiens de voitures qui passent par une situation délicate dans la mesure où il y a beaucoup moins d’automobiles en circulation. L’équipe d’Al Bayane est allée à leur rencontre pour connaître les difficultés quotidiennes qu’ils endurent. Baisse de l’activité en temps de pandémie, les factures qui s’empilent, les risques de contamination et la difficulté à joindre les deux bouts, ils se livrent sans détour. Reportage.

L’état d’urgence sanitaire est appliqué au Maroc depuis le vendredi 20 mars à 18H. Depuis cette date fatidique, les citoyens marocains ainsi que les résidents, sont tenus de respecter le confinement obligatoire, tout comme la majorité des pays du monde, seul moyen pour venir à bout de cette pandémie qui sévit aux quatre coins du globe.

Tout le monde s’accorde à dire que les agents de police, d’autorité ainsi que l’armée sont en première depuis le début de cette crise sanitaire mondiale.  Ils ont pour but d’inciter les passants à s’engager dans le respect des mesures de sécurité sanitaire.

Cependant, plusieurs autres corps de métier s’exposent fortuitement aux risques de contamination au nouveau coronavirus.  Parmi eux, les gardiens de voitures qui passent la plupart de leur  temps dans la rue.

Il est 14h sur le boulevard  Zerktouni. En temps normal cette grande artère de la capitale économique du royaume ne désemplit pas, mais en temps de pandémie mondiale, c’est un tout autre décor qui s’offre à nous. A l’instar des véhicules des forces de l’ordre, les petits taxis et quelques véhicules de particulier, il n’y a pas grand monde sur le mythique boulevard.

Abdelilah, un cinquantenaire qui a plus de 15 ans de métier dans le domaine a affirmé que depuis le début de la crise sanitaire, l’activité est en chute libre. «Depuis l’arrivée au Maroc du nouveau coronavirus Covid-19, nos rentrées d’argents fondent comme neige au soleil», déclare-t-il.

Pour cause de réduction du trafic, l’activité de gardiennage est en perdition. Il nous affirme que «désormais, c’est uniquement grâce la pharmacie et au bureau de tabac qu’il arrive à gagner un peu d’argent, histoire de ne pas rentrer bredouille à la maison».

Il est vrai qu’en temps de pandémie, les gains sont bien maigres. «Avant cette crise sanitaire, je pouvais gagner entre 90 et 150 Dhs. Depuis l’état d’urgence sanitaire, je finis ma journée de travail avec une somme comprise entre 20 et 50 Dhs les bons jours», affirme-t-il, l’air dépité.

«Étant père de 4 enfants, dont deux en bas-âge, il est très difficile de subvenir aux besoins de ma famille par les temps qui courent. Entre le loyer, les factures d’eau et d’électricité et la nourriture, nous sommes obligé de faire nos choix. Et d’ajouter «les factures s’accumulent depuis bientôt 3 mois, mais je n’y peux rien, il faut bien que ma famille mange à sa faim».

Durant ce reportage, à l’image des précédents, cette demande est sur toutes les lèvres des travailleurs précaires. Abdelali souligne que «les gardiens de voitures ne sont affiliés ni à la mutuel, ni à la Caisse nationale de sécurité sociale(CNSS). On aimerait bien en bénéficier aussi, ne serait-ce que pour nos vieux jours.  A l’heure qu’il est, nous sommes entre les mains de Dieu», conclut-il.

Sur une perpendiculaire au Boulevard Zerktouni, et plus précisément sur la rue La Réunion, l’équipe d’Al Bayane est allée à la rencontre de Adil, la quarantaine à peine entamé. Ce père de famille a certifié commencé ses journées à 10 h pour finir à 18h.

Tout comme notre témoignage précédant, Adil affirme gagner entre 20 et 50 dhs contre une somme comprise entre 100 et 120 dhs en temps normal. «Cette rue à la particularité d’accueillir la porte collège du Lycée Lyautey. Mais depuis la pandémie, le Lycée français est fermé. Résultat des courses, les gains sont maigres puisque il n’y a pas de voitures».

«Il faut savoir que les habitants du quartier ne paient pas le gardiennage, nous gagnons donc notre vie grâce aux parents d’élèves et aux clients du supermarché BIM qui se situe sur cette même rue » a-t-il ajouté.

«Nous essayons de faire des économies pour pouvoir tenir le coup et surpasser cette crise sanitaire sans grand dégâts.  Nous avons pour devoir de la dépasser afin de pouvoir retrouver notre quotidien paisible et peut-être que cette crise ouvrira les yeux à nos responsables et les poussera à trouver une solution pour tous les travailleurs précaires pour qu’ils puissent bénéficier de la CNSS et pourquoi pas, d’une éventuelle petite retraite », conclut-il.

Le grand homme de gauche Pierre Mauroy disait que «  la crise n’est pas comme une maladie dont on ne peut sortir, elle est comme une sorte de nouvelle naissance! La proposition de Adil en est la preuve.

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