Gargouillis

Le gargouillis du champ politique national se fait entendre chaque fois qu’un événement vient surprendre ses observateurs.

Ne pouvant pas crier haro sur les partis politiques après la décision royale d’augmenter le soutien public accordé à ces organisations, on formule le vœu de les changer. (On), cet indéfini exprime l’ordre aux partis de se transformer pour répondre à ses critères à lui afin de ne pas encore vivre «les involutions, les vaines agitations, les faux mouvements, les rendez-vous égarés, les blocages, voire les régressions» dont ils sont déclarés responsables.

N’étant pas d’accord sur le comment de cette reconfiguration (encore une !) hypothétique de l’existant et encore moins sur son devenir, l’indéfini politiste se rabat sur le mode de scrutin. Il n’est pas le seul à y penser. Certaines organisations politiques, de l’opposition comme de la majorité, reviennent à considérer le mode de scrutin comme la panacée au mal gouvernemental dont souffre la société marocaine. Cela se murmure après un exposé mitigé sur les alliances qui seraient, selon elles, un handicap à la mise en place d’une équipe gouvernementale forte, décidée et agissante.

Selon cette approche, l’adoption du texte constitutionnel en 2011 ayant clarifié, autant soit peut, les rapports entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire; il reste à trouver le chemin de cette gouvernance qui réalise, dans la mesure du possible et au moins partiellement, la promesse électorale ; et assure, beaucoup plus, la pérennité du parti majoritaire.

Parti majoritaire, illusion politique marocaine ! Du Fdic aux partis identiques, créés à la cocote minute ou relookés «pour une élection et puis s’en va», aucune organisation politique n’a pu devenir majoritaire électoralement et durer. Une élection, et puis s’en va ! En face, la division et l’aveuglement n’aide pas vraiment à construire un parti où l’ensemble des progressistes de ce pays pourrait se retrouver. Alors les fantasmes se portent sur le mode de scrutin afin d’importer une alternance entre le parti de l’âne et celui de l’éléphant, issus de la caricature et non de la réalité. Un âne bien de chez nous et un éléphant auquel on aurait ramené une éléphante!

Le mode de scrutin doit renforcer la démocratie dans notre beau pays. Il doit permettre la représentation dans les institutions représentatives de toutes les opinions politiques nationales, y compris celles dont le choix tribunitien est confirmé. Il doit permettre aux élites de notre société de participer à sa transformation et à la consolidation de notre Etat national, démocratique et moderne pour répondre aux défis du XXIème siècle. Il ne peut servir à généraliser cette histoire anecdotique et caricaturale de «احميدة خوكم جا إفرجكم» qui a fait d’un forain un élu dans les Doukkala!

C’est aussi à la mesure de cet effort de représentation que le scrutin deviendra une sanction, positive ou négative, de l’action gouvernementale. C’est ce qui permettra à la société de transformer les partis politiques et les rendre plus conformes à l’article 7 de la constitution qui leur est affecté.

La césure entre la représentation, nationale ou locale, et la population ne doit pas s’approfondir beaucoup plus qu’elle ne l’est.La moralisation de la vie politique, l’éthique et la déontologie de l’engagement au sein des partis politiques, la démocratie interne,sont grandement tributaires de la qualité de cette représentation. Comme elle ne doit pas se comporter en tant qu’éligérocratie égoïste et affairiste, elle doit contribuer à la mobilisation générale pour consolider le processus démocratique dans ses avancées politiques, économiques, sociales et culturelles. Dans notre société autant que dans les autres, la ressource politique est non renouvelable malgré l’apparence que donne sa disponibilité. Offrons à nos enfants ce que nous n’avions pas pu avoir!

Top