Gdeim Izik: la cour d’appel à Salé poursuit l’audition des accusés

Au moment où la cour d’appel à Salé poursuit depuis, lundi après midi, l’audition des accusés dans les événements de Gdeim Izik, qui avaient fait 11 morts parmi les forces de sécurité, les avocats de leur défense ont intensifié les tirs sur tout ce qui confirme la culpabilité de leurs clients en réclamant notamment d’ignorer le contenu du CD présenté, en refusant de donner la parole à la défense de la partie civile et en jetant le doute sur tout ce qui émane de du procureur général du Roi et de la Cour.

Réagissant à une question du président de la cour adressée, à Mohamed El Youbi, condamné à la prison avec sursis et premier accusé appelé à la barre, tous ses avocats se sont succédé pour réclamer à la cour de ne pas tenir compte du CD présenté, allant jusqu’à dire qu’il ne s’agit que d’un montage de plusieurs épisodes et que les images ont été peut être tournées ailleurs. Et pourtant l’accusé, qui a refusé de répondre et de collaborer avec la cour, a avoué avoir vu un hélicoptère dans le ciel de Gdeim Izik entrain de filmer ce qui se déroulait sur place. Et ce sont justement les images des scènes horribles et actes inqualifiables commis de sang froid selon le mode opératoire des groupes armés qui sévissent dans la région sahélo-saharienne qui dérangent les avocats de la défense des accusés et leurs clients. «Ils ont peur de voir la vérité crue», selon un avocat de la partie civile.

Armées de bonbonnes de gaz incendiaires, de machettes, de chaines, d’épées et  d’autres armes banches, les assaillants, agissant pour le compte de leurs commanditaires ailleurs, se sont attaqués aux forces de l’ordre désarmées de surcroit pour les décapiter et les défigurer, peut-on voir dans le film.

Et pourtant la défense trouve les mots «juridiques et techniques » pour réclamer à la cour d’écarter ce CD dont l’origine est inconnue», à l’occasion notamment de la convocation de Mohamed El Youbi, le seul condamné à la prison avec sursis par le tribunal militaire de Rabat.

Quant à l’accusé, un sexagénaire, qui n’a pas hésité à enlever ses vêtements devant la cour, il a refusé de répondre aux questions du président, du procureur général du Roi et de la défense de la partie civile ou quand il l’a fait il a répondu de manière ironique. De mauvaise foi, il a toutefois «répondu» à toutes les questions « bien étudiées et sur mesure» des avocats de la défense des accusés, axées presque toutes sur le traitement, qui lui a été réservé à l’intérieur de sa tente dans le  camp de Gdeim Izk, où il a campé pendant un mois, dans les locaux des forces de sécurité et durant la période de sa détention ayant précédé son jugement.

«Je n’ai rien vu ou entendu et je n’ai connu personne dans le camp où on nous distribuait tout ce dont nous avions besoin», disait-il, refusant de collaborer avec la cour.

Interrogé sur ses allégations, selon lesquelles il aurait été violé par un élément des forces de sécurité, dans sa tente d’où sortaient ses pieds, il a proféré des propos provocateurs qui ont été repris par les accusés, dans les slogans qu’ils scandaient accusant la cour de manque de sérieux et de mise en scène théâtrale.

Et il a fallu la réaction ferme du président de la cour pour ramener le calme dans la salle, en affirmant qu’il n’autorise personne à avancer une quelconque allégation de mise en scène par la cour. «Pour être équitable, le procès doit rendre justice aux deux parties, les accusés d’une part poursuivis pour des actes graves et les victimes et leurs ayants droits d’autre part», qui réclament justice en appelant la cour à dire non à l’impunité des assassins de leurs proches et membres de leurs familles respectives, a-t-il dit.

Selon le président de la cour, qui n’est autre que le président de la 2ème Chambre criminelle chargée des affaires de terrorisme près l’annexe de la Cour d’appel à Salé, Youssef El Alkaoui, le but recherché est de faire bénéficier les justiciables d’un procès équitable.

Depuis l’arrêt de la Cour de cassation, confiant l’affaire à la cour d’appel à Salé, le procès des 25 accusés, poursuivis dans le cadre des événements sanglants survenus fin novembre 2010 à Gdeim Izik est à sa 5ème séance devant cette juridiction civile, qui a entamé les débats, malgré les tentatives de la défense des accusés d’en entraver le bon déroulement en demandant d’abord à la cour de lui présenter les résultats des expertises médicales et en invoquant d’autres motifs infondés pour saper le travail sérieux des magistrats.

Malgré donc les tentatives désespérées des accusés et de leurs avocats de dévier les débats de leurs trajectoires, le procès se poursuit devant la cour d’appel à Salé, en présence évidement des accusés, de nombreux observateurs étrangers et de nombreux représentants de la presse nationale et étrangère.

M’Barek Tafsi

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