Amber Rudd, 54 ans, ministre de l’Intérieur du Royaume-Uni, a présenté ce dimanche sa démission après avoir été, depuis plusieurs semaines, la cible de violentes critiques à la suite de la vague d’indignation suscitée par le traitement accordé aux immigrés originaires des Caraibes désignés sous le terme «génération Windrush».
Mais avant de nous intéresser à la personnalité du nouveau titulaire du portefeuille de l’Intérieur, Sajid Javid, 48 ans, un fils d’immigrés pakistanais ayant débarqué au Royaume-Uni dans les années 1960 et qui reste le premier membre d’une minorité ethnique à prendre la tête du ministère de l’Intérieur -l’un des plus importants portefeuilles- intéressons-nous, d’abord, à ce fameux «Windrush» et à ceux qu’il désigne.
«Windrush» s’applique à ces immigrés d’origine caribéenne qui étaient venus au Royaume-Uni après la Seconde Guerre mondiale afin de reconstruire le pays. La première vague avait emprunté un bateau qui s’appelait «l’Empire Windrush». Dans les années 1960 et 1970, ils seront quelques 500.000 ces émigrés provenant des Caraïbes à débarquer au Royaume-Uni.
Citoyens du Commonwealth, ces migrants de la première heure avaient été autorisés à rester indéfiniment sur le territoire britannique. S’étant donc installé dans le pays et y vivant sans aucun encombre ceux-ci n’éprouvèrent jamais le besoin de réclamer des passeports. Mal leur en prit car les choses ont changé depuis lors. Au vu de la vague migratoire qui a frappé de plein fouet le vieux continent ces dernières années et ne disposant pas, par ailleurs, de papiers d’identité en bonne et due forme, ceux-ci sont, désormais, considérés comme étant des immigrés illégaux qui courent ainsi le risque d’être expulsés.
Sajid Javid, le nouveau ministre de l’Intérieur du gouvernent britannique qui a reconnu, dès sa nomination, que cette question l’interpelait au plus haut point du fait même de ses propres origines pakistanaises et qui en est arrivé jusqu’à s’émouvoir, dans une tribune publiée par le Daily Telegraph, en déclarant que cette situation aurait pu être la sienne ou celle de ses proches-parents, n’est pas un nouveau venu dans la direction des affaires de l’Etat car avant de décrocher le portefeuille de l’Intérieur, il avait déjà occupé depuis 2010 différents postes gouvernementaux de grande importance.
En outre, bien qu’ayant voté contre le Brexit lors du référendum y afférent, Sajid Javid a, depuis lors, mis beaucoup d’eau dans son vin à telle enseigne qu’il est vu aujourd’hui comme étant en mesure d’aider le gouvernement britannique à conserver un certain équilibre entre les Europhiles et les Eurosceptiques.
Ainsi, alors que le Windrush a, ces dernières temps, quelque peu, déstabilisé le gouvernement de Theresa May, voilà que c’est un enfant né de l’immigration qui vole à son secours. Ce dernier qui s’est engagé, entre autres, à réparer les torts causés aux immigrés du «Windrush» et d’ailleurs, à réformer la police et à lutter contre le terrorisme, parviendra-t-il à faire de la crise gouvernementale actuelle une simple difficulté passagère sans fâcheuses conséquences sur le devenir du pays ? Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi