Nabil El Bousaadi
Après l’adoption, par le Parlement chinois de son fameux projet de loi portant sur la sécurité nationale à Hong Kong mis en place à l’effet d’«empêcher, stopper et réprimer toute action qui menace gravement la sécurité nationale, comme le séparatisme, la subversion, la préparation ou la commission d’activités terroristes ainsi que les activités de forces étrangères qui constituent une ingérence dans les affaires», Londres a tendu la main à son ancienne colonie.
Par ce nouveau texte de loi, la Chine entend avoir juridiction sur certaines affaires tombant sous le coup de la loi ; ce qui, du point de vue judiciaire et en conférant aux policiers chinois le droit d’opérer sur le sol hongkongais, va à l’encontre de toute idée d’un territoire souverain.
Aussi, pour voler au secours de son ancienne protégée, le gouvernement de Londres a officiellement fait part de son intention « d’élargir les droits à l’immigration » pour les Hongkongais en leur permettant de venir s’installer au Royaume-Uni et, à terme, de se voir même octroyer la citoyenneté britannique.
Mais l’attitude de Londres et notamment «le droit à l’immigration» qu’elle compte offrir aux hongkongais, est loin d’être du goût de la Chine qui, dès le lendemain, a menacé le Royaume-Uni de représailles.
Considérant que le changement d’attitude effectué par Londres constitue « une rupture de sa propre position ainsi que de la loi internationale », l’ambassade de Chine en Grande-Bretagne a déclaré, dans un communiqué qu’elle s’y opposera « fermement » et se réservera «le droit de prendre des mesures adéquates».
Mais en jugeant «très préoccupante» la situation de Hong Kong, certains pays se sont immédiatement rangés du côté du Royaume-Uni. C’est le cas notamment de l’Australie dont le Premier Ministre Scott Morrison a annoncé son intention d’accueillir les hongkongais, de Taïwan qui a ouvert un bureau pour aider les hongkongais à fuir et, enfin, des Etats-Unis qui prévoient, de leur côté, d’élaborer un projet de loi visant à offrir l’asile aux hongkongais.
C’est donc en étant «renforcés» par le soutien clair et sans équivoque de leur ancienne puissance protectrice et de ses alliés, que les hongkongais sont descendus, en masse, ce mercredi dans la rue pour condamner, vigoureusement, la nouvelle loi qui leur est imposée par Pékin et qui contrevient aux dispositions dûment arrêtées par l’accord sino-britannique de 1997 en vertu duquel Londres avait convenu de rétrocéder ce territoire à la Chine sous réserve de l’application du principe « Un pays, deux systèmes » qui lui garantit, jusqu’en 2047, des libertés sans commune mesure avec celles en vigueur dans le reste du pays.
Or, pour faire taire les contestataires, la police a dû faire usage de canons à eau, de gaz lacrymogène et de gaz poivré et procédé à l’arrestation de près de 400 manifestants dont une dizaine en vertu de la nouvelle loi.
Au terme de ces échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre, sept policiers ont été blessés et l’un d’entre eux aurait même «été poignardé à l’épaule». Le suspect aurait été arrêté, dans la soirée, alors qu’il s’apprêtait à embarquer dans un avion de Cathay Pacific en partance pour Londres.
Enfin, cette nouvelle «loi sur la sécurité à Hong Kong» concoctée par la Chine semble être, à la fois, une réponse à la crise politique qu’avait connu en 2019 l’ancienne colonie britannique lorsque les hongkongais avaient manifesté durant plusieurs mois pour dénoncer les ingérences chinoises dans les affaires intérieures de leur territoire et réclamer davantage de libertés ainsi qu’un prélude à une grande opération de répression de la part des autorités de Pékin.
Est-ce à dire que la situation de Hong Kong ne va pas se limiter à une opposition entre l’ancienne colonie britannique et les autorités chinoises mais qu’elle aura, incontestablement, des répercussions internationales ? Attendons pour voir…