Hymne à la mémoire commune et à la coexistence millénaire

Stupéfiant ! Le commun s’est confondu avec l’humain lors d’une soirée qui a eu lieu mercredi 18 mai à la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc à Rabat.  Regards sur le judaïsme marocain, événement organisé par le Conseil des Communautés Israélites du Maroc et la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc était un véritable voyage nostalgique, un devoir de mémoire et un arrêt sur un héritage riche et partagé.

En effet dans une salle archicomble, le documentaire de Serge et Marc Berdugo «Ya Hessra Douk Li Yam…» projeté pour la première fois en avant-première a fait voyager un public de personnalités du milieu politique, culturel, universitaire…aux années 50 où les juifs marocains vivaient en toute harmonie avec les musulmans et les amazighs de la région de l’Atlas.

Les images du documentaire se sont focalisées sur les coutumes, les costumes, les mœurs, les chants, les danses, la gastronomie et les activités artisanales et commerciales des juifs des années 50.

Toutes les femmes et les hommes, précise le réalisateur du documentaire Serge Berdugo, sont des juifs marocains. «Ya Hessra Douk Li Yam…», a-t-il dit, est un arrêt sur quelques facettes de la vie de juifs marocains des années 50.  Un témoignage vivant et une source pour chaque historien et ethnologue. «Ya Hessra Douk Li Yam…», le titre du documentaire, poursuit-il, est une expression populaire juive marocaine, lourde de nostalgie. Et d’ajouter un documentaire à la rencontre des juifs amazighs, de leurs chants, leurs costumes, leur deuil, danse, fêtes et leurs activités dans les villes impériales.

A l’issue, Serge Berdugo a mis un éclairage sur l’ouvrage intitulé «Réhabilitation des Cimetières Juifs du Maroc. Les Maisons de la Vie.» Un ouvrage qui raconte, selon lui, une autre histoire, la même aussi, celle de la question du Maroc d’aujourd’hui et de ses mémoires.

«C’est un livre remarquable bien fait et qui aborde d’une façon professionnelle, lucide et belle la question de la «Réhabilitation des Cimetières Juifs du Maroc. Les Maisons de la Vie.». Cet ouvrage retrace l’histoire de la réhabilitation de 167 sites qui ont été restaurés sur décision royale par Sa Majesté», expliquait Driss Khrouz, directeur de la BNRM.

C’est une décision, ajoute le directeur de la BNRM, remarquable parce qu’il touche le patrimoine du Maroc et  aborde une question essentielle de ce que nous vivons dans le cadre de la Constitution de 2011 à savoir que la culture marocaine, le patrimoine marocain et le résultat de plusieurs composantes à savoir musulmanes, juives, méditerranéennes, africaines…

En outre, Mohamed Amine Sbihi, ministre de la Culture a fait savoir dans un mot que cette initiative contribue indéniablement à apporter un éclairage sur la dimension plurielle de notre culture nationale et de notre identité, et tout particulièrement, sur sa composante judéo-marocaine.

Cette coexistence millénaire dans notre histoire, a-t-il souligné,  a été relatée par des écrivains marocains à travers des récits, des études dont notamment ceux de d’Edmond Amran El Maleh, Haïm Zafrani, Simon Lévy et bien d’autres chercheurs marocains de la nouvelle génération.

Dans cet esprit, la commune israélite du Maroc et les pouvoirs publics ont compris, ajoute le ministre de la culture, que le patrimoine judéo marocain est une composante indissociable de l’ensemble du patrimoine et de la culture nationale. Ainsi, affirme-t-il, sur l’ensemble des projets en cours ou programmés que ce soit à Tanger, Jadida, Debdou, Ouezzane, le ministère de la culture s’est engagé à apporter son soutien et son accompagnement. «Les pouvoirs publics, particulièrement le Ministère de la Culture a, conclu le ministre, a apporté à la sauvegarde au patrimoine judéo marocain toute l’importance qu’il mérite dans le cadre d’une politique nationale de préservation et de valorisation du patrimoine culturel national conformément aux orientations de Sa majesté le roi Mohammed VI.

De son côté Ahmed Toufiq, ministre des Habous et des Affaires islamiques a appelé à la préservation de notre histoire commune par ce genre de projet. « On doit continuer à gérer l’espérance. », a-t-il affirmé.

Mohamed Nait Youssef

Top