Important déploiement des troupes US en Pologne…

A quelques jours de son départ de la Maison Blanche, le Président Obama a fait franchir, ce jeudi 12 Janvier 2017, la frontière germano-polonaise à des chars américains dans le cadre de la fameuse opération «Atlantic Resolve» qui avait été décidée, par son administration, à la suite de ce qui fut considéré par les USA comme étant une «annexion» de la Crimée par la Russie. Ce mouvement de troupes constitue le plus vaste déploiement militaire des Etats Unis en Europe depuis la fin de la guerre froide.

Mais pourquoi un tel branle-bas de combat ? Pourquoi aussi loin des frontières américaines ? Et, enfin, pourquoi à ce moment précis ? «C’est une réponse à ce que fait la Russie» a déclaré, ce vendredi, Rose Gottemoeller, la Secrétaire Générale déléguée de l’OTAN qui ne manque pas de préciser, par ailleurs, que le déploiement de 3500 soldats, 87 chars et 144 véhicules blindés reste,  néanmoins, «proportionnel» à l’activité militaire de la Russie dans la région.

Il convient de souligner, au passage, que cette opération a été accueillie avec satisfaction par les Polonais car, comme l’a déclaré à l’AFP Michel Baranowski, le Directeur du German Marshall Fund à Varsovie, cette démonstration de forces «sans précédent pour la Pologne depuis la fin de la guerre froide modifiera la donne sur le front oriental de l’OTAN» à telle enseigne que la Russie «ne pourra plus compter sur une victoire rapide et bon marché» dans les pays de l’ancienne sphère soviétique sans risquer de se heurter à une riposte américaine.

Ce déploiement intervient donc à la veille de l’entrée en fonction d’un président américain favorable à une détente avec le Kremlin et qui avait laissé entendre, durant sa campagne électorale, que l’application de l’Article 5 du Traité de l’Otan  – qui considère toute agression contre un Etat membre de l’alliance comme étant une attaque contre tous – sera tributaire de la contribution du pays concerné au budget de l’Alliance.

Cette décision, qui avait suscité des craintes en Pologne et fait craindre au Président Obama que son successeur ne freine le renforcement des bases de l’OTAN en Europe Orientale, a poussé celui-ci à accélérer l’envoi de ses troupes dans la région afin de renforcer la sécurité de la Pologne, des pays baltes – Lituanie, Lettonie et Estonie – de la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie restés très méfiants à l’égard de Moscou.

Cette opération qui a provoqué l’ire des dirigeants russes a fait dire à Dimitri Peskov, le porte-parole de la Présidence, qu’elle est une menace contre la Russie. Sans citer les Etats-Unis, ce dernier a dénoncé le fait qu’un «pays tiers», non-européen de surcroît, «renforce sa présence» aux frontières européennes de la Fédération de Russie ; un déploiement  considéré par le vice-ministre russe des Affaires Etrangères comme étant «hâtif» et susceptible, par ailleurs, d’être un «facteur de déstabilisation de la sécurité européenne».

Or, bien que ce bruit de bottes, qui rappelle les heures sombres de la guerre froide, inquiète à plus d’un titre les chancelleries du monde entier, il n’en demeure pas moins vrai, comme l’a rappelé la Secrétaire Générale déléguée de l’OTAN, qu’il existe encore «des possibilités légitimes d’un futur dialogue» entre les deux parties à condition, toutefois, que, comme le souligne le porte-parole de la Présidence russe,  l’alliance atlantique soit «très claire à propos de la réduction des risques à son flanc oriental».

Reconnaissant, enfin, qu’un dialogue avec la Russie serait «inévitable» durant la Présidence de Donald Trump, le général en retraite Philippe Breedlove, haut responsable militaire américain en Europe, recommande, néanmoins, d’avancer «à petits pas» car il vaut mieux, pour l’avenir de l’Humanité, revivre un remake de ce qui fut, en son temps, la «guerre froide» plutôt que de pâtir d’une situation brûlante et incontestablement explosive.

Nabil El Bousaadi

Top