New York
Une importante délégation économique marocaine a rencontré, lundi à Wall Street, les dirigeants et les principaux opérateurs de la Bourse de New York, dans un nouvel élan aux relations stratégiques qui unissent le Royaume et les Etats-Unis dans différents domaines, dont la promotion des marchés des capitaux.
Menée conjointement par la Bourse de Casablanca et l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), en présence de l’ambassadeur du Maroc à Washington, Youssef Amrani, cette mission vise notamment à renforcer les relations de coopération et d’échange entre les opérateurs financiers des deux pays.
La délégation marocaine est composée du directeur général de la Bourse de Casablanca, Tarik Senhaji, le directeur des opérations financières et des marchés à l’AMMC, Nasser Seddiqi, le directeur général de la Banque centrale populaire (BCP), Kamal Mokdad, le directeur général de CFG Bank, Younes Benjelloun et le président directeur général de MAROCLEAR, Mounir Razki.
La délégation comprend également la directrice Développement à la Bourse de Casablanca, Zineb Guennouni, le directeur des Opérations Marchés à la même Bourse, Ahmed Arharbi, outre Lahcen Danoun du ministère de l’Economie et des finances et Siham Talbioui de Bank Al Maghrib.
Dans son intervention à cette occasion, l’ambassadeur Youssef Amrani a mis en avant la solidité des relations multidimensionnelles unissant le Maroc et les Etats, ainsi que la dynamique de coopération en cours à travers l’ensemble de l’écosystème des marchés des capitaux marocains et américains.
“Cette amitié de longue date et nos intérêts stratégiques communs ont fait de nos deux pays des partenaires incontournables sur une multitude de questions et défis allant des menaces à la sécurité, le changement climatique, l’énergie jusqu’à à la promotion des valeurs communes de paix, de stabilité et de libéralisme économique”, a fait valoir le diplomate.
Il a fait remarquer que Rabat et Washington ont franchi un nouveau pas dans le raffermissement de leurs relations en signant en 2004 un accord de libre échange (ALE) avant de procéder à son implémentation en 2006, notant que le Royaume est le seul pays africain et le deuxième dans le monde arabe lié avec les Etats-Unis par un tel accord.
Grâce à cet accord, les États-Unis sont désormais le troisième partenaire commercial du Maroc, après la France et l’Espagne, alors que le Royaume est le 4ème partenaire commercial des États-Unis en Afrique, a signalé M. Amrani, ajoutant qu’à la faveur de cet accord, le Maroc a connu une augmentation substantielle des investissements américains.
L’année dernière, ces investissements représentaient plus de 30% du total des investissements directs étrangers (IDE) au Maroc, faisant des États-Unis le premier investisseur dans le Royaume, a relevé le diplomate qui a également fait état d’une augmentation considérable du commerce bilatéral qui a atteint cinq milliards en 2023, contre seulement 925 millions en 2005, une année avant l’entrée en vigueur de l’ALE.
De même, les exportations américaines vers le Maroc ont augmenté en valeur de 700%, passant de 480 millions de dollars en 2005 à 3,4 milliards de dollars en 2023, tandis que les exportations du Maroc vers les États-Unis ont triplé pour se chiffrer à 1,6 milliard de dollars en 2023, contre 445 millions de dollars en 2005, a-t-il poursuivi.
Évoquant les relations avec l’Afrique, prolongement naturel et profondeur stratégique du Maroc, l’ambassadeur a fait observer que cette partie du monde s’impose progressivement comme un “nouveau moteur” de la croissance et se dirige vers l’établissement d’une zone de libre-échange continentale.
Il a souligné, à ce propos, que les liens profonds du Maroc avec le continent “offrent indéniablement un vaste potentiel” aux entreprises américaines, notant que le Royaume est le deuxième investisseur en Afrique et le premier en Afrique de l’Ouest avec 85% du total des investissements directs étrangers du pays.
“Avec la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), et de plus de 50 accords semblables, le Maroc s’impose comme une plaque tournante du libre-échange offrant l’accès à un marché de consommation de 2,5 milliards de personnes”, a tenu à préciser l’Ambassadeur.
Il a indiqué que dans le cadre des efforts continus engagés par le Maroc en vue d’une Afrique prospère, un nouveau mécanisme de coopération a récemment vu le jour grâce à une initiative internationale audacieuse lancée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI visant à améliorer l’accès des pays africains à l’océan Atlantique.
“Cette initiative stratégique vise à alléger les goulots d’étranglement économiques de la région en facilitant la connectivité, en mettant les infrastructures routières, portuaires et ferroviaires du Royaume à la disposition des pays du Sahel pour renforcer leur participation au commerce international, y compris avec les États-Unis”, a-t-il expliqué.
Dans la même veine, l’ambassadeur a relevé que les réformes politiques et économiques majeures engagées au Maroc durant les deux dernières décennies sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI ont fait du Royaume une puissance économique régionale et un pôle financier intégré en Afrique doté d’une économie moderne et très diversifiée.
Plus récemment, le Maroc a franchi une nouvelle phase de développement, en mettant le cap sur l’inclusion financière, l’entrepreneuriat numérique et l’accès aux infrastructures et services numériques pour les particuliers et les entreprises afin de soutenir la création d’emplois, notamment en faveur des femmes et des jeunes, a-t-il enchaîné.
Youssef Amrani a, de même, fait savoir que le lancement du marché marocain des produits dérivés à la Bourse de Casablanca viendra compléter une dynamique de réformes structurelles des marchés de capitaux dans le Royaume.
Relevant l’importance de la place casablancaise en tant qu’institution vitale qui “façonne le destin financier du Maroc et joue un rôle central en reliant les investisseurs aux opportunités et les entreprises aux capitaux”, M. Amrani a plaidé pour un partenariat renforcé entre la Bourse de Casablanca et Wall Street.
Ce partenariat “pourrait véritablement changer la donne, en contribuant non seulement à approfondir la coopération entre les États-Unis et le Maroc dans le secteur des marchés financiers, mais également à renforcer notre alliance stratégique plus large en Afrique et au Moyen-Orient”, a conclu l’ambassadeur.
De son côté, le directeur de la Bourse de Casablanca a indiqué que cette mission vise à rapprocher le marché et les investisseurs américains des opportunités qu’offrent la place financière casablancaise et le marché marocain.
Il s’agit aussi d’examiner de manière plus précise un échange de compétences, concernant le lancement des marchés dérivés sur lequel le Maroc s’est engagé de manière volontaire et qu’il va mener à terme cette année, a précisé Tarik Senhaji dans une déclaration à la MAP.
Il a noté que la mission d’aujourd’hui revêt un caractère particulier puisqu’elle étudie les perspectives de coopération avec des infrastructures financières de premier plan à New York, « temple de la finance mondiale », citant à ce propos le New York Stock Exchange, le Nasdaq et l’International Continental Exchange.
Cette mission “est une opportunité pour nous et les opérateurs qui nous accompagnent”, notamment les régulateurs, les banques et les sociétés de bourse, pour nouer des partenariats avec les homologues américains, a-t-il poursuivi.
Et de conclure que les bourses de valeurs s’acquittent d’un rôle prépondérant comme sources de financement mais aussi en tant qu’outil de promotion important pour les pays.