Inquiète pour la croissance
La Bourse de New York a terminé sur une nouvelle baisse jeudi, dans un climat toujours morose alimenté par des signes d’essoufflement de la croissance américaine, coupée dans son élan par l’inflation et un durcissement monétaire.
Le Dow Jones a cédé 0,75%, à 31.253,13 points, l’indice Nasdaq, sous influence technologique, a perdu 0,26%, à 11.388,49 points, et l’indice élargi S&P 500 s’est replié de 0,58%, à 3.900,79 points.
« Hier (mercredi), il semble qu’il y ait eu une vague de ventes forcées » par des opérateurs sous pression financière, « mais aujourd’hui aura été plus calme », a commenté Quincy Krosby, de LPL Financial.
Si les indices ont effectivement évolué jeudi dans des marges bien plus resserrées que la veille, ils ont néanmoins joué les girouettes tout au long de la séance, entre rouge et vert.
Le S&P 500, indice le plus représentatif de la place new-yorkaise, s’est approché tout près du seuil symbolique des -20% par rapport à son pic du 4 janvier (-19,0% à la clôture).
S’il l’avait franchi, Wall Street serait officiellement entrée en « bear market », c’est-à-dire au-delà de la simple correction.
« Il s’approche de ce plancher, puis rebondit », a observé Quincy Krosby. Le marché a été « agité », ont considéré les analystes de Wells Fargo, « du fait de la crainte que l’inflation et le resserrement monétaire ne continuent à inciter à la prudence ».
Quincy Krosby a aussi relevé la détente des taux, résultat d’une migration des investisseurs vers le marché obligataire « pour se protéger contre la volatilité du marché actions ».
Le rendement des emprunts d’Etat américains à 10 ans est ainsi descendu à 2,85%, contre 2,88% la veille. « Ce qui a changé ces derniers jours, c’est l’ombre sur la croissance », selon Quincy Krosby.
Le message a été porté par les géants du commerce de détail, dont plusieurs représentants ont fait état de bénéfices en baisse et de marges rognées par la flambée de leurs coûts.
« C’est une chose de voir les analystes en parler », dit-elle, « c’en est une autre d’entendre les entreprises dire qu’elles ont des difficultés avec les prix plus élevés, qu’elles n’arrivent pas à les répercuter aux consommateurs ».
Illustration du jour avec le raté de la chaîne de grands magasins Kohl’s, dont le bénéfice net est ressorti très inférieur aux anticipations. Le groupe a néanmoins profité (+4,43% à 45,04 dollars) de l’imminence d’offres fermes de rachat, attendues dans les semaines à venir, dans le cadre d’un processus stratégique déjà annoncé.
Autre détaillant à souffrir de l’inflation, la chaîne de magasins d’articles domestiques Bath & Body Works (-6,78% à 40,03 dollars), qui a revu à la baisse ses prévisions de bénéfice net.
Au diapason, Walmart (-2,74%) et Target (-5,07%), qui ont déjà publié leurs résultats cette semaine, la chaîne de magasins d’électroménager Best Buy (-3,04%) ou l’enseigne de semi-gros Cotsco (-1,51%), dont les résultats sont attendus la semaine prochaine.
L’humeur a été encore assombrie par l’indice d’activité manufacturière de la région de Philadelphie, qui est tombé en mai à son plus bas niveau depuis deux ans.
Le recul est beaucoup plus marqué que ne le prévoyaient les économistes.
Outre la distribution, la plupart des poids lourds de la cote, notamment Apple (-2,46%) ou Alphabet (-1,47%) ont essuyé des pertes jeudi.
Ailleurs, Cisco (-13,73% à 41,72 dollars) a payé la publication d’un chiffre d’affaires trimestriel nettement inférieur aux attentes. Wall Street sanctionnait également des prévisions jugées décevantes du groupe technologique pour le trimestre en cours.
Quant à Harley-Davidson (-9,29% à 32,43 dollars), les investisseurs ont peu goûté l’annonce de la suspension, pour deux semaines, des livraisons du constructeur de motos, liée à un problème de conformité chez un fournisseur.
L’équipementier sportif Under Armour a mal vécu (-15,76% à 8,18 dollars) le départ annoncé de son directeur général, Patrik Frisk, qui avait oeuvré à une réorientation stratégique de la société depuis deux ans.