Italie : «Super Mario» prête serment

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI  

Après s’être assuré de pouvoir disposer d’une large majorité parlementaire en obtenant le soutien de la quasi-totalité des grands partis politiques du pays et présenté, la veille, le gouvernement d’union nationale qui lui permettra de faire sortir l’Italie des crises politique et sanitaire dans lesquelles elle se débat depuis plusieurs semaines, Mario Draghi, dont l’arrivée aux commandes a été approuvée par 85% des italiens, a prêté serment, ce samedi, devant le président de la République Sergio Mattarella comme nouveau chef de Gouvernement.

Mais qui est cet homme choisi par le président de la république pour succéder à Giuseppe Conte contraint de démissionner, le 26 janvier dernier, après l’éclatement de sa coalition et auquel presque toute la classe politique italienne a, immédiatement, accordé son soutien  à l’exception des post-fascistes de « Fratelli d’Italia » qui réclamaient des élections anticipées après l’implosion du gouvernement précédent ?

Qui est donc cet homme qui va diriger une équipe gouvernementale où se mêleront technocrates et personnalités politiques compétentes issues de tous les partis qui lui ont accordé leur soutien mais qui n’a pas fait appel aux leaders desdites formations.   

Ancien président de la Banque Centrale Européenne, Mario Draghi s’était fait connaître lorsqu’après avoir réussi à imposer sa politique monétaire aux membres de l’Institution, il était parvenu à jouer, dans la résolution de la crise de la dette de la zone euro en 2012, cet important rôle qui lui vaudra, sans aucune hésitation et pour la postérité, le surnom de « super Mario » ; un surnom amplement mérité, encore une fois, en ce moment où l’intéressé est en train de réussir ce nouveau pari qui consiste à regrouper au sein d’un même gouvernement les très antagonistes partis politiques italiens.    

Ainsi, en ce moment où en étant plongé dans une crise sanitaire qui a fait plus de 90.000 morts et une sévère crise économique qui s’est traduite par une récession de l’ordre de 8,8% en 2020, le pays doit définir, au plus vite, la stratégie qu’il compte adopter pour l’utilisation des 209 milliards d’euros qui lui ont été octroyés dans le cadre du plan de relance européen, la quasi-totalité des formations politiques italiennes – de la gauche radicale à la Ligue d’extrême-droite – a accepté de soutenir un cabinet d’union nationale présidé par Mario Draghi.

Le premier dirigeant politique italien et non des moindres à sauter, sans trop d’hésitations, dans la locomotive conduite par Mario Draghi est Matteo Salvini, le patron de la Liga (extrême-droite) qui, après échoué durant l’été 2019 à obtenir les pleins pouvoirs, a fini par mettre de côté, ne serait-ce que provisoirement, ses diatribes europhobes et par affirmer qu’il voit, désormais, en ce nouveau chef du gouvernement, « un homme pragmatique » apte à « défendre les intérêts de l’Italie ».  

Bien qu’étant resté plutôt silencieux sur les détails de son programme, le nouvel homme fort italien a, néanmoins, laissé entendre qu’il accordera la priorité à la campagne de vaccination, la réouverture des écoles, les réformes  de l’administration et la relance de l’économie ; tout cela, bien entendu, dans un cadre clairement pro-européen.

Enfin, si de l’avis de nombreux observateurs, la mission dévolue au nouveau chef du gouvernement italien ne sera pas aisée, beaucoup d’entre eux estiment, néanmoins,  que l’autorité et l’expérience de Mario Draghi vont lui permettre de tenir les partis politiques à l’écart. Y parviendra-t-il ? Attendons pour voir…

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