Jeunesse et action politique

Jamal Krimi Benchekroun: «Les instances politiques devraient offrir aux jeunes des possibilités d’intégration»

Qu’est-ce qui explique la désaffection des jeunes pour la politique ? La question demeure complexe. Cependant, ce qui est évident, c’est que plusieurs analystes s’accordent qu’il existe aujourd’hui une crise de socialisation politique.

Cela est dû, d’ailleurs, à plusieurs facteurs déterminants, souligne à Al Bayane, Jamal Krimi Benchekroun, député à la Chambre des représentants et SG de la Jeunesse socialiste. «Auparavant, les jeunes étaient engagés dans le champ politique parce que le mouvement estudiantin était fortement ancré dans les lycées et les universités considérées comme une pépinière de formation à l’action politique», indique le SG de la Jeunesse socialiste. D’ailleurs, précise-t-il, «dans leur majorité, les élites politiques étaient issues des établissements supérieurs de l’enseignement public.

Malheureusement, l’emprisonnement et les régressions qu’a connus le Maroc au niveau des libertés publiques, notamment lors des années de plomb, la banalisation de l’action politique et les scissions partisanes, entre autres, ont eu un impact négatif sur la représentation des jeunes dans l’engagement politique. Autre point non moins important évoqué par le militant de la Jeunesse socialiste, celui de la faiblesse du système éducatif marocain en perte de vitesse.

Abondant dans le même ordre d’idées, le chef de file de la Jeunesse socialiste met l’accent sur la dégradation des structures d’accueil de certains partis politiques qui ne fonctionnaient plus comme ce fût le cas par le passé.

Il faut dire, selon notre interlocuteur, que les structures d’accueil manquent de moyens et de la logistique, nécessaires à la jeunesse pour intégrer l’espace public, sans omettre les difficultés d’accès au marché de l’emploi et un environnement social défavorable marqué de plus en plus par les phénomènes de déviance».

Promouvoir l’esprit civique

«La solution consiste à mettre en place une stratégie de développement dédiée au jeunes», martèle le militant de la Jeunesse socialiste, avant de souligner «l’importance de la révision des programmes et méthodes d’apprentissage dans les établissements scolaires, qui devraient avoir comme finalité la promotion de l’esprit civique et les valeurs de la citoyenneté». Benchekroun établit ainsi la comparaison avec notre voisin du Nord où les jeunes, conscients de leurs atouts, ont pu s’organiser dans un cadre politique, en l’occurrence le parti «Podemos», devenu une force électorale. Pour lui cela pourrait s’appliquer parfaitement sur le Royaume qui a parcouru un long chemin en matière de consécration des libertés publiques et droits politiques, qui tous les deux, sont le fruit d’un long combat militant.

Parallèlement, «les instances politiques, de leur part, devraient faire confiance aux jeunes et leur offrir les possibilités de formation et d’intégration», explique-t-il. Cela débouche sur les questions de la démocratie interne, le processus décisionnel, le renouvellement des élites partisanes, s’interroge notre interlocuteur. «Les jeunes ont un rôle important à jouer dans la vie politique. L’Etat, avec toutes ses instances doit revoir sa copie en matière de politique publique des jeunes. La fête de la Jeunesse fut ainsi une occasion pour se poser les questions sur le devenir de cette catégorie sociale en termes d’insertion dans le marché d’emploi ou dans les champs politique et associative…)», déclare avec insistance le SG de la Jeunesse socialiste.

Il n’en demeure pas moins que des efforts considérables ont été déployés pour promouvoir cette catégorie sociale, mais il reste beaucoup à faire, laisse-t-il entendre. Cela dit, «il faut mettre en place une stratégie de coordination entre l’ensemble des programmes des départements ministériels pour garantir une certaine efficacité en matière de réalisation des objectifs», assure le député du PPS. Pour ce faire, le SG de la Jeunesse socialiste souligne qu’une véritable réforme des politiques publiques consacrées aux jeunes passe par la mise en place d’objectifs spécifiques, à commencer par la réforme du système éducatif et la valorisation des formations parallèles. En plus de cela, Jamal Benchekroun relève l’importance du rôle des médias publics dans l’encouragement et l’engagement des jeunes dans le champ politique.

Par ailleurs, le député du PPS considère, en dépit de certaines critiques, que l’adoption de la loi portant sur le Conseil consultatif de la jeunesse et de l’action associative constitue un acte constitutif. «Cette institution a un rôle de complémentarité à remplir, visant essentiellement à exhorter les jeunes à investir le champ politique pour qu’il soit un espace de proposition, reflétant les revendications et les propositions de tous les jeunes marocains», conclut-il.

Khalid Darfaf

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