« “Kissat Wafaa” est une aventure de tous les côtés… »

Entretien avec le réalisateur, Abdelali Tahiri 

Propos recueillis par Mohamed Nait Youssef

“Kissat Wafaa”  est l’intitulé du nouveau  long-métrage de Abdelali Tahiri. Ce film de  102 minutes, tourné à Mhamed Lghizlane, relate l’histoire de Mjid, une personne handicapée, et de ses amis enlevés par le Polisario lors d’une fête de noce à Tan-Tan. Le calvaire du tailleur, qui préparait son mariage, commence lorsqu’il avait accepté l’invitation d’un ami pour l’accompagner dans un périple au Sahara. Mjid, séquestré à Tindouf pendant une vingtaine d’années, a subi tous les genres de tortures interminables par le Polisario. “Kissat Wafaa”, projeté dans le cadre de la 24ème édition du festival national du film de Tanger, a valu à Amine Ennaji le Prix du Second rôle masculin.

Al Bayane : “Kissat Wafaa” a été projeté dans le cadre de la compétition officielle de longs métrages de fiction de la 24ème édition du festival national du film de Tanger qui a eu lieu du 18 au 26 octobre 2024. Comment vous est venue l’idée de ce film ?

Abdelali Tahiri : En fait, l’idée du film est celle du scénariste et producteur Mohamed Dahra qui a également joué le premier rôle. Ce dernier qui était en tournée pour une pièce de théâtre en France, accompagnée de la défunte artiste Naima Lamcharki, ils ont rencontré des gens qui ont été détenus dans une période à Tindouf et quand ils sont revenus, ils commençaient à raconter ce qu’ils ont vécu surtout les souffrances et les tortures. Dahra, il a été fasciné et attiré par l’histoire. Je lui ai dit que c’est une bonne idée, faisons le un film. Quand il est rentré au Maroc, on a parlé pour réaliser ce film. Il faut dire qu’on s’est basés sur l’histoire du film, mais aussi sur des gens crédibles au niveau historique, au niveau juridique et au niveau culturel du Sahara pour ne pas tomber dans des erreurs parce que l’histoire cinéma est là, mais il faut qu’elle soit accompagnée des effets réels, des gens qui ont vécu à Tindouf et qui ont une connaissance des décors, des costumes. On a essayé d’être plus proches de la réalité.

Le film, tourné à Mhamed Lghizlane, a réuni une belle brochette d’acteurs : Mohamed Dahra, Mohamed Khoyi, Amine Ennaji, Benaissa El Jirari, El Bachir Ouakine, Omar Azzouzi, Ahmed Chergui, Boujamaa Ejjomayii, Tarik Khaldi, Hoyam Lamsisi… Parlez-nous des conditions du tournage et de la direction des acteurs.

Il y a un mélange au niveau des choix des acteurs et comédiens  pour créer une certaine crédibilité parce que je ne peux pas faire appel à un comédien qui habite à Rabat ou à Tanger et je veux lui dire que tu vas jouer un sahraoui ou un Polisario… et on va travailler l’accent. Ça ne pourrait jamais être crédible. Quand on parle du nationalisme, déjà le casting le reflète parce que j’ai fait appel à des gens de différentes régions du Maroc pour jouer les rôles. Les acteurs ont été concentrés sur le jeu, ils n’ont pas parlé du caché. Ils ont beaucoup sacrifié pour que cette production puisse voir le jour.

Faire un film dans le désert n’est pas une tâche assez facile. Avez-vous rencontré des difficultés surtout techniques ?

Au niveau technique, j’avais pas mal de difficultés, parfois il y avait parfois des tempêtes de sable qui chamboulaient le programme. Donc, il fallait que je trouve tous mes acteurs auprès de moi. Or, je peux changer de programme pour ne pas arrêter le tournage.

Ce film était une aventure pour vous ?

Bien sûr, c’est une grande aventure au niveau sujet, au niveau réalisation, niveau du casting, au niveau de la décoration et au niveau du tournage. C’est une aventure de tous les côtés.

Une lourde responsabilité aussi…

Très lourde responsabilité, mais j’ai eu de bons échos surtout des gens du Sahara, mais aussi au niveau public. Ils ont dit que c’était bien.

Côté production, avez-vous rencontré des difficultés au niveau   ?

C’est normal. Le cinéma, c’est l’argent, tout simplement. Ça ne manque pas de créativité ou de création, ça manque d’argent. Nous, on s’est adaptés avec notre budget pour faire un film correct.

Un film est un document historique pour les générations futures. Qu’en pensez-vous ?

Ce film, on le laisse comme archive pour que les gens aient une idée sur des gens qui ont été torturés et qui ont tout faire pour cette cause parce que c’est notre droit et notre territoire. C’est notre droit légitime.

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