Même si le Fonds Monétaire International (FMI) estime aujourd’hui que le moment est opportun pour le Maroc de passer à la deuxième phase de flexibilité du dirham, Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al Maghrib, préfère attendre encore.
Pour lui, la prudence reste de mise et la discipline budgétaire demeure une condition sine qui non pour aller vers plus de flexibilité et changer la cotation actuelle de la monnaie nationale. L’apparition d’un premier signe de choc externe est également favorable à la suite de la réforme et l’élargissement de la bande de fluctuation du dirham.
L’annonce a été faite par Abdellatif Jouahri le week end dernier dans une interview à l’agence Bloomberg à l’occasion de sa participation aux Assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque Mondiale. Le gouverneur de la banque centrale estime que son institution continuera de maintenir le niveau actuel de cotation dans un panier euro-dollar avec un ratio respectif de 60% à 40 %. En fait, le Maroc a introduit le 15 janvier 2018 le régime de change flottant dans lequel la parité du dirham est fixée à l’intérieur d’une bande de fluctuation élargie à plus au moins 2,5%.
Seul un choc externe de taille sur l’économie telle une flambée des prix de pétrole pourrait inciter les autorités monétaires à changer de panier et élargir la bande de fluctuation actuelle. Il explique que la réforme a pour finalité d’absorber les chocs externes et à améliorer l’attractivité de l’économie nationale. Jouahri rappelle par ailleurs, que le FMI estime que le moment est opportun pour passer à la deuxième phase de réforme.
Le dirham a pu garder une bonne santé face au dollar et à l’euro. Il s’est même apprécié dans son panier de cotation. Le wali de Bank Al Maghrib souligne que la valeur du dirham sera déterminée en fonction de l’offre et de la demande et ce, après le passage à la deuxième phase de sa réforme du régime de change. De ce fait, Bank Al-Maghrib «distanciera» le dirham du panier de cotation et donnera au marché la marge de manœuvre nécessaire pour fixer les taux du dirham, a-t-il souligné.
Pour lui, l’avancée dans les réformes dépend de la discipline budgétaire qui constitue un «prérequis» dans la mise en œuvre d’un régime plus flexible. Le changement et l’amorce de la prochaine phase de changement seront conditionnés par la capacité d’adaptation des entreprises et PME marocaines aux réformes déjà introduites, il y’ a une année. Le bilan est pour le moment satisfaisant. Les fondamentaux de l’économie nationale ont été maintenus et la dépréciation de la monnaie nationale n’a pas eu raison de la réforme.
Fairouz El Mouden