Le décrochage scolaire, cause non négligeable de ce phénomène

Journée mondiale contre le travail des enfants

Par Maria Khadraoui (MAP)

 Zineb est âgée de 10 ans, à six-heure du matin, sa mère, travailleuse domestique, la réveille, non pas pour prendre le chemin de l’école, mais pour l’accompagner au lieu du travail et la seconder dans les tâches ménagères. Si Zineb doit s’adonner à des tâches herculéennes pour son âge, elle rêve néanmoins de posséder la clé de son destin en franchissant de nouveau le seuil de l’école.

Retourner sur les bancs de l’école ne s’avère pas impossible pour cette jeune enfant opiniâtre qui a dû abandonner son établissement à l’âge de huit ans pour des raisons financières et familiales. Sa mère, aussi sage que battante, est prête à tous les sacrifices pour assurer à son unique fille un avenir digne et prospère.

Fort heureusement, le cas de Zineb est de moins en moins visible de nos jours et ce, grâce à une forte prise de conscience sur la question du travail des enfants qui constitue une grave violation des droits humains fondamentaux, mais également grâce aux efforts considérables déployés par les gouvernements successifs pour enrayer efficacement ce phénomène.

Entre 60.000 et 80.000 petites bonnes sont âgées de moins de 15 ans. 30% de ces filles n’ont jamais été à l’école. 49% d’entre elles ont abandonné l’école, alerte l’association Insaf, ardent défenseur des droits des femmes et des enfants. Elle a en effet contribué à la réinsertion de « quelque 550 petites filles », qui étaient arrachées à un travail précoce illégal, dans leur famille et à l’école afin qu’elles puissent se construire un avenir et concrétiser leurs rêves, écrit la présidente de l’association, Meriem Othmani, sur le site de l’association.

De nombreux programmes prometteurs s’inscrivent dans cette même dynamique, en l’occurrence le projet « Forsa pour tous », dont l’objectif principal consiste à renforcer les opportunités d’insertion socio-éonomique des adolescents et des jeunes en situation de vulnérabilité, et en particulier la transition de l’école au travail. Ce programme vise, par ailleurs, à lutter contre l’abandon scolaire et à inciter au retour à l’école via le renforcement d’un environnement scolaire protecteur et l’amélioration du système de suivi des élèves en risque d’abandon scolaire.

Condamnés à ne pas effleurer le sol de l’école ou à la quitter dès leur plus jeune âge pour travailler aux côtés de leurs parents, ces enfants sont souvent confrontés à des dangers physiques et psychologiques liés aussi bien à leur vulnérabilité qu’a leur insouciance. Zineb en parle spontanément à la MAP : « Quand elle rentre de l’école, Salma (la fille de la maîtresse de maison) ne me laisse pas jouer avec elle et me vire de sa chambre ». Si cette petite fille se voit touchée par cette attitude repoussante, elle ne se laisse pas abattre : « Bientôt je retournerai à l’école ».  Le rêve de cette fillette sera bientôt concrétisé grâce à sa mère qui a décidé de réintégrer sa fille à l’école, sa sortie de l’institution n’ayant eu aucune valeur ajoutée pour la famille. Cela rejoint pleinement le point de vue du militant indien du droit de l’enfant et du droit à l’éducation, Kailash Satyarthi, selon lequel : « la pauvreté ne doit pas être utilisée comme excuse pour le travail des enfants et leur exploitation ».

Si le Royaume, comme tous les pays du monde, est toujours aux prises avec ce fléau, il n’en demeure pas moins que les autorités multiplient les efforts pour contrer sa propagation.  Célébrée le 12 juin de chaque année, la journée mondiale contre le travail des enfants, qui est placée sous le thème « La protection sociale universelle pour mettre fin au travail des enfants », se veut l’occasion d’appeler à remédier à ce phénomène à travers l’établissement et la mise en œuvre d’un cadre juridique solide fondé sur les normes internationales du travail et le dialogue social, l’accès universel à une éducation de qualité et à la protection sociale, ainsi que des mesures directes pour réduire la pauvreté, l’inégalité et l’insécurité économique, et pour promouvoir le travail décent pour les travailleurs adultes.

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