Enfin, la capitale du Souss aura son théâtre ! Un somptueux édifice viendrait combler une vacuité de plus de six décennies. Prévu dans le package du programme de développement urbain de la cité, lancé par le Souverain lors de sa visite en février dernier, cette bâtisse à caractère artistique de haute envergure met un terme aux gabegies déconcertantes dont l’élite de créateurs et d’intellectuels ne cesse de se lamenter des lustres durant.
En effet, ni les complexes culturels, montés à l’emporte pièce sans souci acoustique, ni les maisons de quartiers pondus à la sauvette sans réelles salles de spectacles, n’exauçaient le vœu ardent des mordus de l’art dramatique. Le théâtre de verdure qui renvoie au cachet antique de l’architecture grecque, souffrait à mort de réelles installations en lumières et en sonorités.
Malgré l’émergence distinguée de pléiade de talents en théâtre qui ornait le paysage théâtral régional voire national, le bâtiment, répondant à l’exigence spécifique de l’art dramatique, faisait défaut. La salle de l’hôtel de ville, relookée il y a juste quelques années, faisait office de lieu de spectacles de théâtre, alors qu’elle est seulement destinée aux conférences.
Pendant des décennies, les communes qui se sont succédé aux rênes de la municipalité n’ont jamais daigné doter une métropole de l’envergure de l’une des plus belles baies du monde, d’une vraie boîte de spectacles remplissant toutes les conditions techniques de l’art théâtral. Comme pour le cinéma/art où la pénurie du cinéma/bâtisse crucifie le bel adage : «qui aime la vie va au cinéma !», le théâtre fut toujours orphelin d’espace conçu pour la pratique adéquate du «père des arts».
La société civile locale s’est beaucoup époumonée pour s’octroyer, il y a plus de trente ans cet oiseau rare, personne ne juge bon de répondre à ce souhait renvoyé constamment aux calendes grecques. On n’a jamais écouté les insistantes des artistes car les conseillers avaient d’autres excitations en béton. Jean-Baptiste Poquelin, alias Molière disait un jour du 17è siècle : «Il n’y a pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre!». Cette citation conviendrait à cette attitude dédaigneuse qui «crachait» sur ce besoin de haute acuité intellectuelle dans la vie du citoyen.
Aujourd’hui, après tant de privation, Agadir va enfin, s’enorgueillir d’avoir en son sein un théâtre dans le sens authentique du terme, à l’instar de nombre de contrées du royaume qui s’étaient adjugé ce privilège bien avant… «Mieux vaut tard que jamais !», a-t-on toujours l’habitude de soupirer pour respirer une certaine consolation amère!