Spécialisé dans l’investissement dans le domaine médical, Akdital Holding voit désormais très loin. Dirigé par le docteur Rochdi Talib, anesthésiste réanimateur, le groupe ne cache pas ses ambitions et veut devenir un acteur de référence de l’offre de soins, le numéro un au Maroc de l’hospitalisation privée.
Lors d’une conférence de presse à Casablanca le 17 Octobre 2019, le docteur Rachid Talib, président-directeur général (PDG) du groupe Akdital de cliniques privées, a présenté la situation actuelle du groupe, qui compte 5 cliniques multidisciplinaires et spécialisées dont la clinique Jerrada Oasis (2011), la clinique Ain Borja (2018), le Centre international d’Oncologie Casablanca (2019), l’Hôpital Privé de Casablanca situé à Ain Sebaâ et la clinique Longchamp. Il a de même présenté la stratégie de développement 2020 du groupe, visant à renforcer sa présence, à poursuivre son maillage du territoire national. Le groupe compte s’implanter à Tanger pour la construction d’un hôpital privé, à Bouskoura dans la périphérie de Casablanca, ainsi qu’à El Jadida.
Un acteur majeur de l’hospitalisation privée
Fort de toutes ces réalisations sanitaires privées, le Groupe Akdital affirme son cap stratégique, qui vise à construire un modèle innovant pour l’hospitalisation privée au Maroc.
Pour mener à bien l’ensemble de ses projets, le groupe a créé 2000 emplois dont 1200 directs. Ce qui est important pour réussir un challenge de cette envergure.
Grace à ses ressources humaines qualifiées (médecins – infirmiers – techniciens..), aux compétences avérées,mais aussi aux plateaux techniques haut de gamme répondant aux standards internationaux, il ambitionne de faire progresser en permanence l’excellence du soin au service de tous et la bienveillance dans les actes prodigués au quotidien à ses patients.
Pour la seule ville de Casablanca, les différentes structures hospitalières du groupe totalisent une capacité litière de 550 lits, auxquels il faut adjoindre 67 Lits de réanimation, ce qui donne une idée bien précise de l’importance et du rôle de ce groupe qui entend devenir un acteur majeur de l’hospitalisation privée.
Parmi ses projets phares, celui de la construction d’un établissement hospitalier multidisciplinaire à El Jadida, qui est destiné à assurer la prise en charge des patients de la région de Doukkala-Abda.
Cet hôpital de 200 lits oncologie comprise sera ouvert l’année prochaine entre juin et septembre 2020. L’ambition du groupe est de porter son réseau à 10 cliniques d’ici 2025.
La mise en œuvre de tous ces projets est favorisée par des financements lourds accordés par de grandes banques de la place, de même que la contribution des fournisseurs, qui accordent de leur côté des crédits à des prix très raisonnables puisque le groupe lance des appels d’offres assez importants.
Une médecine à deux vitesses
L’ouverture du capital des cliniques privées aux non-médecins conformément à la loi 131 /13 dont l’objectif est de rendre le système de santé plus attractif à l’investissementa certainement permis une nouvelle dynamique. Les financiers intéressés ont apporté des fonds, de l’argent frais, ce qui explique en partie l’engouement actuel pour les cliniques privées dont le nombre connait une courbe exponentielle, ce qui va contribuer à une meilleure offre de soins.
Mais au-delà de tous ces aspects et considérations, il faut regarder la réalité bien en face. Quand un investisseur devient actionnaire dans une clinique privée, ce qui le préoccupe le plus, c’est amortir son investissement de manière suffisamment rapide et d’engranger des bénéfices.
Les médecins sont contraints de mettre la barre très haut, d’orienter leurs actes vers des soins couteux, de privilégier une clientèle fortunée, de ne pas respecter la tarification nationale de référence (TNR), particulièrement pour certains actes comme la réanimation dont le prix est de 1.500 DH par nuit, qui est facturée à 8.000 DH et même plus, par certaines cliniques.
Les prix flambent parfois, c’est le cas pour la césarienne (12.000 DH), la réanimation en néonatalogie, et d’autres interventions chirurgicales et examens complémentaires (Scanner – IRM) et explorations fonctionnelles de cardiologie ou gastro-entérologie, et pour couronner le tout, certaines cliniques n’hésitent pas à gonfler la facture.
Ces vérités sont la cause des malaises, des disputes, et situations inacceptables qui se vivent au quotidien entre les familles des malades et certaines cliniques dont la réputation est synonyme d’arnaque. Par leurs actes avides, les investisseurs et médecins de ces lieux ont fini par transformer leur établissement de santé en activité commerciale par excellence, portant préjudice à l’image de la médecine.
Les opérateurs privés sont plus attirés par le gain et les bénéfices, que par les seules valeurs humaines. Cette réalité ne peut laisser personne insensible.
Ce n’est pas par défaitisme ou pessimisme, mais voir toutes ces cliniques privées haut de gamme à l’architecture futuriste, attrayantes, des infrastructures d’hébergement au confort hôtelier de haut niveau, des équipements médicaux modernes et constamment actualisés, qui sont acquis à des prix colossaux fait craindre pour l’avenir de la santé au Maroc.
Les soins prodigués au sein de ces cliniques privées à des coûts élevés ne seront jamais à la portée de toutes les bourses. Nous serons hélas confrontés à l’amère réalité d’une médecine à deux vitesses, les patients fortunés auront toujours plus de possibilités de se faire bien soigner et les autres, à savoir la grande majorité, les démunis, les pauvres, les chômeurs, les exclus, celles et ceux qui n’ont pas de couverture type AMO ou d’assurances privées devront se contenter d’une médecine au rabais.
Ce que dit l’article 75 de la loi 131-13
La liste des médecins exerçant au sein de la clinique, à titre permanent ou occasionnel, ainsi que leurs spécialités doit être affichée à la devanture de celle-ci et dans ses espaces d’accueil.
Doivent également faire l’objet d’affichage visible et lisible dans les espaces d’accueil de la clinique et les devantures des bureaux de facturation toutes les informations relatives aux tarifs des prestations qu’elle offre et aux honoraires des professionnels qui y exercent.
L’adhésion de la clinique aux conventions nationales établies, dans le cadre de l’assurance maladie obligatoire de base, ou sa non adhésion doit également être affichée dans les conditions prévues au 2e alinéa ci-dessus.
En cas de tiers payant, il est interdit à la clinique de demander aux personnes assurées ou à leurs ayant droits une provision en numéraire ou par chèque ou tout autre moyen de paiement en dehors de la part restant à leur charge.
Ouardirhi Abdelaziz