Le Liban encore une fois dans la tourmente…

Ce jeudi, soit cinq jours après la «démission surprise» mais, à n’en point douter, «forcée » du Premier ministre libanais Saâd Hariri, l’Arabie Saoudite a appelé ses ressortissants installés ou simplement de passage au pays du Cèdre à le quitter immédiatement et conseillé aux saoudiens de ne pas se rendre au Liban. Une telle décision ne peut que signifier que le pays serait sur le point de revivre des heures sombres après que son Premier Ministre ait annoncé sa démission à partir d’un hôtel de la capitale saoudienne où, d’après Reuters, il aurait été arrêté et assigné à résidence dans la foulée de l’opération anti-corruption initiée par le Prince héritier Mohammed Ben Salmane et dont on fait les frais de nombreux hauts dignitaires du régime.

Ainsi, dans un communiqué lu à la télévision libanaise par l’ancien Premier ministre Fouad Siniora à l’issue de la réunion hebdomadaire de ses députés, le «Courant du Futur», la formation politique de Saad Hariri, considère que  le retour au Liban de son Premier ministre est «une nécessité pour recouvrer la dignité et pour préserver les équilibres internes et externes du Liban dans le cadre du respect entier de la légitimité du pays » ajoutant même qu’ils resteront «à ses côtés et le soutiendront dans toutes les décisions qu’il prendra, quelles qu’elles soient».

De son côté, le chef du Hizbollah Hassan Nassrallah reproche au régime saoudien d’avoir fait pression sur Saâd Hariri pour l’obliger à prendre une décision qui n’est pas la sienne mais qui émane des autorités de Ryad pressées d’en découdre avec l’Iran au Liban alors que le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères «regrette» la décision prise par le Premier ministre libanais.

Citée par Reuters, un proche de Saâd Hariri a annoncé que lorsque ce dernier «s’est rendu en Arabie Saoudite, il lui a été demandé d’y rester et ordonné de démissionner» ; une situation aussi rocambolesque qu’inédite condamnée aussi  bien par le Liban que par la communauté internationale. Considérant, par ailleurs, que «restreindre la liberté de Hariri à Ryad est une attaque commise contre la souveraineté libanaise, la même source annonce que le gouvernement libanais est sur le point «de demander à des pays étrangers et arabes d’exercer une pression sur les Saoudiens afin qu’ils libèrent le Premier ministre Saâd Hariri».

Aussi, des Emirats Arabes Unis où il se trouve pour l’inauguration du Louvre d’Abou Dhabi, le Président français Emmanuel Macron, a démenti ce jeudi les rumeurs selon lesquelles Saâd Hariri pourrait venir en France mais annoncé, toutefois, qu’il allait lui-même se rendre en Arabie Saoudite pour s’entretenir avec le Prince héritier Mohammed Ben Salmane et profiter de cette visite pour lui rappeler «toute l’importance» qu’accorde la France  à «la stabilité» et à «l’intégrité» du Liban et lui faire part de son souhait de voir «tous les responsables politiques libanais vivre librement au Liban ; ce qui suppose d’avoir une politique exigeante à l’égard de celles et ceux qui peuvent menacer quelque leader que ce soit».

Enfin, dans cet imbroglio qui ne peut que porter, une fois encore, un coup fatal à la fragile stabilité d’un pays se trouvant dans une zone de très fortes turbulences et qui se remet très difficilement d’une longue douloureuse guerre civile, le Président libanais Michel Aoun n’a pas d’autre choix que de temporiser en n’entérinant pas la démission de son Premier ministre tant que celui-ci n’est pas retourné au pays.

Nabil El Bousaadi

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