Deuxième vague ou pas
Mohamed Khalil
Le chef du gouvernement est fortement attendu, ce week-end, pour annoncer un nouvel allègement du confinement qui a trop duré, sans grande raison apparente. El Otmani est appelé à faire preuve d’audace et à dissiper les peurs que ses discours officiels sèment au sein des populations. L’opinion publique s’attend à une avancée tangible, sans risques fictifs, dans la reprise des activités économiques, de la vie sociale et, parallèlement, à l’exposé d’une vision générale du Maroc de l’après pandémie.
Après près de 100 jours de confinement, les Marocaines et les Marocains ont hâte de reprendre une vie normale, après cet épisode plein de privations et de tentions. L’heure est à la clarification et à une orientation sereine des populations, loin de la volonté délibérée de faire peur, les meilleurs résultats étant obtenus par la sérénité, la conviction et le consentement général.
Valeur d’aujourd’hui, la situation épidémiologique est bien maîtrisée. Il n’y a plus, ou presque, d’hospitalisation en réanimation ou en soins intensifs que dans les deux seules structures hospitalières de Ben Slimane (pour la moitié nord du pays) et celui de Bengrir, pour tout le sud où, il n’y a pas, heureusement, un nombre inquiétant d’infectés au covid-19.
Seulement, l’essentiel est ailleurs. C’est au niveau de l’application des règles de distanciation et de protection, mais aussi d’hygiène, que le combat se gagne. A commencer par les unités industrielles et commerciales. C’est là le sommet de la bataille. Car il est impardonnable que les conditions d’accès, de travail ou d’acquisition de produits, se fasse, publiquement, sans aucun souci ni respect des règles. Je ne crois pas que toutes les vidéos qui circulent sur le Net sont, toutes, des fake news. Il y a de la responsabilité individuelle et collective. Pas seulement celle des travailleurs qui acceptent la violation des règles établies, face à l’impératif de gagner leur pain.
La responsabilité est surtout administrative et les autorités qui permettent la reprise des activités, sans conditions, ne doivent pas oublier qu’elles ont, surtout, une obligation de contrôle. Et si des structures commerciales se disent non concernées par les queues à l’extérieur de leurs magasins, les autorités compétentes ne peuvent continuer à ignorer ces dépassements et ces manquements aux règles, sachant que les récalcitrants pouvant être sanctionnés pécuniairement.
Attention aux clusters
Certes, il ne faut pas paniquer au regard de l’augmentation des cas d’infection (comme c’est le cas de la province de Kénitra), sachant que, avec le dépistage, normalement obligatoire pour toute reprise d’activité, nous aurons encore et encore de nouveaux enregistrements de cas positifs et, tant qu’il ne s’agit que de porteurs sains, les règles de distanciation et de protection font éviter d’éventuelles contaminations.
Car, il s’agit de cluster et non pas de deuxième vague, qui normalement devrait, si elle avait lieu, se produire au niveau de toutes les régions du Maroc. Or, les clusters sont apparus de manière ponctuelle, qu’ils furent pénitentiaires, commerciaux, industriels ou encore familiaux.
Alors ? Deuxième vague ou non, la meilleure façon d’y faire face est d’avoir une vision globale de la situation, notamment sur le volet économique et social, le savoir-faire thérapeutique et gestionnaire de la pandémie étant, sans conteste, acquis et l’expérience de nos soignants n’est plus à démontrer.
Aujourd’hui les hésitations font reculer les échéances de sortie de crise. Comme au début de l’épidémie, il faudra faire preuve d’anticipation positive, en lâchant encore la population pour qu’elle retrouve une vie normale.
Il reste seulement à redoubler de vigilance et à respecter les règles fort connues, à force de répétées, de la part des individus et des collectivités, mais aussi par les autorités et les pouvoirs publics. C’est là le seul secret du deus ex machina, qu’il faudra préparer sans tergiverser.
Mohamed Khalil