Le ministre de la Culture, Mohamed Amine Sbihi a rendu hommage lors d’une cérémonie ayant lieu mercredi dernier au théâtre national Mohammed V à Rabat en présence des personnalités du milieu théâtral et artistique national. Une initiative chaleureusement saluée par les acteurs du domaine visant ancrer cette tradition de reconnaissance et de valorisation des talents de différentes écoles confondues, de sensibilités et d’horizons variés dont regorge le Maroc.
Al Bayane : Vous venez de recevoir lors d’une cérémonie qui s’est déroulée au Théâtre National Mohammed V la délégation marocaine primé au Festival du théâtre arabe en Algérie. Pourquoi un tel événement ?
Mohamed Amine Sbihi : Le Ministère de la Culture est extrêmement fier des réalisations de nos artistes, de nos intellectuels dans les différents domaines de la création culturelle et artistique. Nous avons reçu les artistes de théâtre qui ont participé au dernier festival du théâtre arabe organisé par l’institution du théâtre arabe, et tout particulièrement la troupe théâtrale Anfass qui a remporté le premier prix de son Altesse Cheikh Soltane Ben Mohamed Al-Kasemi pour la meilleur pièce de théâtre arabe de l’année 2016 pour sa pièce Kharif et également les jeunes chercheurs marocains qui ont reçu les trois premiers prix à savoir les prix de la recherche théâtrale réservée aux jeunes.
Cette consécration du théâtre marocain à l’occasion de ce dernier festival qui s’est déroulé en Algérie et d’autres rencontres est due aux talents et à l’expertise dont regorge le Maroc et des décennies de travail du théâtre marocain qui a produit des pièces de très grandes qualité, mais également à la nouvelle approche poursuivie ces dernières années pour soutenir et accompagner le théâtre marocain.
Pensez-vous que la stratégie du soutien a donné finalement ses fruits attendus?
Autrement dit, parmi les raisons de cette consécration du théâtre marocain à l’occasion de nombreuses rencontres internationales est due à plusieurs choses à savoir les talents dont regorge le théâtre marocain, l’accumulation durant des décennies d’un travail de nos artistes et troupes théâtrales, mais également à cette nouvelle approche de soutien au théâtre qui permet tout d’abord de mettre en place d’un nouveau modèle de soutien au théâtre marocain qui a permis d’apporter un plus de fond dans une approche plus rationnelle, élargie qui a permis de mettre en place la domiciliation de troupes dans les théâtres, de mettre à leur disposition des moyens les plus conséquents pour aller vers plus de professionnalisme. Elle est due également à cette nouvelle approche qui a permis d’élargir le réseau des théâtres marocains. Aujourd’hui, le Maroc dispose d’un peu plus 130 théâtres répartis sur le territoire national. Et d’ajouter, cette consécration est due également à nouvelle législation, réglementation qui encadre les métiers artistiques qui permettent tout à la fois d’aller vers plus de professionnalisme, d’établir des relations professionnelles entre les créateurs et les entrepreneurs artistiques, et également de mettre l’artiste au centre de cette approche en le valorisant et en garantissant une place particulière au sein de sa société.
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Ils ont dit…
Mohammed Benhsain, directeur du Théâtre National Mohammed V
«En tant que théâtre national, on part d’une idée fondamentale ; il faut soutenir les jeunes.
La troupe «Anfass», à travers son parcours, a prévu mille fois qu’elle travaille avec professionnalisme, elle y croit à ce qu’elle fait.
Il fallait l’aider. D’ailleurs, on a aidé toutes les troupes qui croient au Théâtre, qui croient au Maroc de demain, qui croit à l’avenir de la culture marocaine. Le Théâtre National Mohammed V est derrière toutes les jeunes troupes. La preuve : les jeunes ont raflé tous les Prix au Festival qui s’est déroulé en Algérie !».
Ahmed Badry, ex- directeur de l’Isadac
«D’abord, il faut saluer cette initiative prise par le ministère de la Culture parce que le Théâtre est d’abord une tradition, des traditions : c’est à dire qu’on ne peut pas y isoler l’acte théâtral de cet environnement qui réside dans les habitudes, la reconnaissance et la stimulation. C’est une première manifestation, et j’espère qu’il y en aura d’autres. Il faut souligner l’intérêt qui semble porté actuellement au Théâtre parce que cet art ne se résume pas à un spectacle ; Le Théâtre est une action culturelle. Je suis heureux que le Maroc soit couronné ; cela veut dire qu’il y a un nouveau souffle, un souffle bien entendu sur le Théâtre. La troupe «Anfass» représente un courant rénovateur dans le théâtre et deux pièces étaient choisies au lieu d’une seule. C’est un signe encourageant. Mais il y a encore du travail à faire, notamment dans l’enracinement du théâtre dans les habitudes du public, dans la Culture d’une manière générale».
Issam El Yousfi, dramaturge et écrivain
«Je pense qu’il y a un sentiment qui s’installe ; peut-être après un cumul d’accompagnement de projets sur le plan du Théâtre qui annonce quand même un constat à savoir que le théâtre marocain ne peut être riche que dans la diversité premièrement, la recherche essentiellement de nouveaux horizons, et la variation des styles, parce que le public est aussi varié avec des attentes divergentes et différentes d’un espace à un autre, d’une ville à une autre. Par ailleurs, l’enjeu pour que nous puissions ancrer cette réalité se trouve dans la procuration des moyens : soit au niveau de l’espace et de la diffusion parce que les deux enjeux essentiels qui demeurent actuellement des défis pour le Théâtre marocain sont les questions liées aux espaces dédiés aux répétitions, aux espaces de création et de production ! Le deuxième enjeu est quant à lui relatif à la question de la diffusion. En d’autres termes, comment atteindre un maximum du monde et de public pour pouvoir convaincre que le Théâtre a une fonction réelle et qu’il doit l’exercer dans ce sens».
Azzedine Bounit, chercheur et critique de Théâtre
«Ce geste est une reconnaissance. Une installation d’une tradition de reconnaissance et de gratitude de la production culturelle marocaine. Nous sommes heureux que cette reconnaissance ait couronné le Théâtre marocain qui a eu une consécration internationale. C’est une chose importante qui confirme que le Théâtre joue ce rôle clé et fondamental sur le plan culturel marocain et qui reflète également les efforts déployés par les femmes et les hommes du théâtre marocain en collaboration et en partenariat avec le ministère de la Culture pour se doter d’une politique théâtrale harmonieuse et efficiente. Cette consécration se reflète dans les résultats obtenus dans le domaine théâtral dont les derniers résultats sont le Prix de la meilleure pièce théâtrale dans le monde Arabe au titre de l’année 2016, ainsi que les jeunes chercheurs marocains ayant raflé des Prix de la recherche théâtrale».
Mohamed Nait Youssef