Par Abdeslam Seddiki
Les résultats de l’enquête permanente de conjoncture auprès des ménages, menée par le HCP viennent d’être publiés. Sans surprise, ils montrent comme il fallait s’y attendre, qu’au quatrième trimestre de 2022, le moral des ménages continue sa tendance baissière pour atteindre son niveau le plus bas depuis le début de l’enquête en 2008.
Ainsi, l’indice de confiance des ménages (ICM) s’établit à 46,6 points au lieu de 47,4 points enregistrés le trimestre précédent et 61,2 points le même trimestre de l’année précédente. En une année, il a dégringolé de près de 15 points!
Cette érosion de la confiance touche toutes les composantes de l’ICM englobant la perception par les ménages de l’évolution du niveau de vie, du chômage, de l’opportunité à effectuer des achats de biens durables et de leur situation financière.
Au quatrième trimestre de 2022, 83,1% des ménages déclarent une dégradation du niveau de vie au cours des 12 derniers mois, 11,8% un maintien au même niveau et 5,1% une amélioration. Le solde d’opinion sur l’évolution passée du niveau de vie est resté négatif, à moins 78 points, contre moins 74,6 points au trimestre précédent et moins 55,2 points au même trimestre de l’année passée.
Pour ce qui est de l’année 2023, on constate un léger mieux dans la mesure où plus de la moitié des ménages (52,4%) s’attendent à une dégradation du niveau de vie, 38,2% à un maintien au même niveau et 9,4%à une amélioration.
Côté emploi, 85% contre 5,4% des ménages s’attendent à une hausse du chômage au cours des 12 prochains mois. Le solde d’opinion est resté ainsi négatif à moins 79,6points contre moins 83,5 points enregistré un trimestre auparavant et moins 77,6 points au même trimestre de l’année passée, dégageant ainsi une légère amélioration.
En outre, 79,9% contre 9,6% des ménages considèrent que le moment n’est pas opportun pour effectuer des achats de biens durables. Le solde d’opinion de cet indicateur s’est ainsi établi à moins 70,3 points contre moins 74 points le trimestre précédent et moins 62,8 points le même trimestre de l’année 2021.
Toutefois, les ménages ont le sentiment que leur situation financière se détériore. Ainsi, 52% d’entre eux estiment que leurs revenus couvrent à peine leurs dépenses, 45% déclarent s’endetter ou puiser dans leur épargne et 3% seulement affirment épargner une partie de leur revenu. Le solde d’opinion relatif à la situation financière actuelle des ménages est resté ainsi négatif, à moins 42 points contre moins 40,9 points le trimestre précédent et moins 40,4 points l’année précédente.
Quant à l’évolution de leur situation financière au cours des 12 derniers mois, 57,8% contre 4,8% des ménages considèrent qu’elle s’est dégradée. Le solde d’opinion relatif à cet indicateur est resté ainsi négatif et atteint son niveau le plus bas avec moins 53 points contre moins 47,7 points au trimestre précèdent et moins 49,0 points au même trimestre de l’année précédente.
S’agissant de l’évolution de leur situation financière au cours des 12 prochains mois, 17,5% contre 25,2%des ménages s’attendent à une amélioration de leur situation financière. Le solde d’opinion de cet indicateur s’est ainsi établi à moins 7,7points contre moins 5,9 points un trimestre auparavant et 15,1 points un an auparavant.
Les ménages ont une perception pessimiste pour l’année 2023. A peine 11,1% contre 88,9% d’entre eux s’attendent à épargner au cours des 12 prochains mois. Le solde d’opinion relatif à cet indicateur est resté négatif, à moins 77,8 points au lieu de moins 78,0 points au trimestre précédent et moins 69,5 points au même trimestre de l’année passée.
C’est au niveau de l’augmentation des prix des produits alimentaires que le jugement des ménages est sans appel. Au quatrième trimestre de 2022, la totalité des ménages (98,9%) déclarent que les prix des produits alimentaires ont augmenté au cours des 12 derniers mois. Le solde d’opinion est ainsi resté négatif, à moins 98,8 points, après avoir été de moins 99,1 points un trimestre auparavant et de moins 95,9 points un an auparavant.
Quant aux perspectives de leur évolution au cours des 12 prochains mois, les prix des produits alimentaires devraient continuer à augmenter selon 76,8% des ménages contre 5,0% seulement qui s’attendent à leur baisse. Le solde d’opinion est resté ainsi négatif, se situant à moins 71,8 points, au lieu de moins 73,6points enregistrés un trimestre auparavant et de moins 76,3 points un an auparavant.
On constate néanmoins une perception positive concernant certains indicateurs. Tel est le cas de la qualité des prestations administratives avec 55,5% des ménages qui expriment un avis favorable contre 18,6% qui perçoivent une dégradation ; de la protection de l’environnement avec 50,2% d’opinions positives contre 15,8 % d’opinions défavorables ; de la situation des droits de l’Homme : 36,7% des ménages contre 19,6% perçoivent une amélioration.
Par ailleurs, et cela est confirmé par plusieurs enquêtes d’opinion et témoignages recueillis sur le terrain ainsi que par les responsables eux-mêmes : la qualité des services de l’enseignement et de la santé continue de se dégrader.
Précisons enfin que toutes les données avancées par l’enquête du HCP traduisent les perceptions et le ressenti des ménages concernés. Comme telles, sans revêtir un caractère d’exactitude, elles pourraient servir néanmoins d’indicateurs et de repères utiles pour l’élaboration des politiques publiques et aider les pouvoirs publics à prendre des décisions en conséquence. D’ailleurs, c’est dans cette optique que cette honorable institution, qui est le HCP, produit régulièrement des données portant sur des domaines qui sont de son ressort.
Et s’il faudrait tirer une conclusion générale des résultats de cette enquête, rappelés à grands traits dans cette chronique, elle serait la suivante : les citoyens peinent énormément à boucler les fins du mois quand ils ne vivent pas au jour le jour. C’est plus qu’un signal d’alarme !